Le Biscione en Sport Protos, partie 3 : les Alfa Romeo 33/TT/12 et 33/SC/12, 1973-1977

Publié le par Benjamin

Le Biscione en Sport Protos, partie 3 : les Alfa Romeo 33/TT/12 et 33/SC/12, 1973-1977

On va terminer en beauté ! Après avoir revu l’histoire des Alfa Romeo Tipo 33, 33/2, 33/3 puis 33/TT/3, voici qu’arrivent les autos les plus évoluées de la série. Celles qui vont marquer définitivement l’histoire du Biscione et pour commencer l’Alfa Romeo 33/TT/12.

Encore une nouvelle voiture pour la saison 1973

Alfa Romeo persiste. La T33 gagnera. Après la 33/TT/3, voici qu’arrive une nouvelle auto pour la saison 1973. Encore, oui.

Le constructeur milanais crée l’Alfa Romeo 33/TT/12. Le châssis tubulaire qui avait fait son retour sur la TT est repris. Quelques changements avec avec l’apparition d’un aileron, d’un rétroviseur sur mat pour passer au dessus du bossage ou encore l’installation de freins inboard à l’arrière. Mais c’est surtout le moteur qu’on innove. Il est vrai que le V8, né en 2 litres, a été conçu il y a six saisons.

Le nouveau moteur est un 12 cylindres à plat de 3L créé par Carlos Chiti. Le moteur sort 500ch et il sera introduit en 1973. Proche de celui de Ferrari dans sa définition, il peut d’ailleurs se retrouver sous le capot d’une F1. On sait cependant qu’il ne va pas permettre d’aller chercher de suite le V12 Matra… Pourtant Autodelta se sépare de ses TT/3 en les vendant à l’écurie Scuderia Brescia Corse. Du coup les Alfa Romeo aucune 33 d’aucun type ne participe à la tournée américaine.

La première course d’un proto au Biscione, c’est en Espagne. Aux 6h de Vallelunga, Facetti et « PAM » qualifiés 10e abandonnent sur sortie de piste… Aux 1000 km de Monza, toujours pas d’Autodelta, PAM et Facetti sur la 33/TT/3 se classent 5e.

Difficile débuts pour le 12 cylindres

L’Alfa Romeo 33/TT/12 apparaît alors aux 1000 km de Spa. Stommelen et de Adamich signent le 6e temps des essai mais un accident survenu après les empêche de prendre le départ.

Le vrai coup d’envoi de la saison de la nouvelle auto, c’est la Targa Florio. Autodelta y engage deux autos pour Stommelen et de Adamich sur la 6 et Regazzioni et Facetti sur la 7. Une 33/TT/3 est également engagée pour PAM mais des problèmes aux essais l’empêche de se qualifier. La voiture de Regazzioni et Facetti ne prend pas le départ suite à une sortie de route, elle était créditée du 3e temps des essais, juste derrière l’autre Alfa Romeo 33/TT/12. Cette seule auto au départ, en rodage, sera elle aussi victime d’un accident.

Le 27 Mai, c’est sur la Nordsheifle que deux TT/12 sont engagées. Qualifiées 3e et 6e, elle abandonnent de nouveau.

Alfa Romeo 33 TT 12 Nurburgring 1973- Alfa Romeo 33/TT/12

Aux 24h du Mans, seule une 33/TT/3 de la Scuderia Brescia Corse se présente. Qualifiée 12e, aux mains de PAM et Facetti, la voiture ne fera pas mieux qu’une anonyme 15e place.

Aux 1000km de Zeltweg fin juin, la TT/3 de PAM et Facetti est de nouveau engagée et se classera 7e. De son côté, la TT 12 de Regazzoni et Stommelen est là mais ne signe aucun temps aux essais et ne se classe pas en course. Des essais en fait ! Durant l’été, seule des 2 litres ressortent en courses Intersérie ou en Angola. Les résultats ne sont pas exceptionnels, en même temps l’auto commence à accuser le poids des ans.

Les 500 km d’Imola vont être la dernière course des 3 litres. Une V8 est engagée pour Facetti, et la seule Alfa Romeo 33/TT/12 à arriver sur place est celle de Stommelen. Cette dernière va prendre la 2e place en course, la 33/TT/3 est 4e.

1974 : l’Alfa Romeo 33/TT/12 se montre enfin

L’écurie a travaillé durant l’hiver et cela se voit, notamment avec la prise d’air installée au dessus de la voiture.

La saison de l’écurie Autodelta ne commence qu’aux tests du Mans fin Mars. La voiture de Merzario signe le meilleur temps devant celle de Stommelen. La Matra MS670 n’est que 3e. Les cartes pourraient être rebattues !

Après ces tests, une course de 4h est organisée. Si c’est une Ligier JS2 qui gagne l’addition des deux manches, Stommelen est bien victorieux de la première. On repart de Sarthe avec le sourire chez Autodelta !

En Championnat du Monde des voitures de sport, la première sortie est à domicile, à quelques encablures de Milan sur le circuit de Monza. D’emblée Merzario et Andretti signent la pôle, Facetti et de Adamich prennent la 3e place sur la grille, Ickx et Stommelen la 5e. Stommelen et Zeccoli vont avoir de nombreux soucis sur la 4e voiture et ne se qualifient pas.

Au niveau des pilotes, Autodelta a réellement construit une dream-team. En course, la domination se confirme. Andretti et Merzario l’emportent, Ickx et Stommelen se classent 2e, Facetti et de Adamich complètent le podium. C’est, à ce moment là, la plus plus belle victoire de l’Alfa Romeo T33 toutes générations confondues.

Alfa Romeo Tipo 33 TT 12 Monza 1974 Bonhams- Alfa Romeo 33/TT/12

Aucune voiture n’est engagée à Spa, mais les 1000 km du Nürburgring voient trois voiture au départ. Sur un circuit pas spécialement taillé pour elles, les voitures se qualifient néanmoins dans les 7 premières. Stommelen, associé à Reutemann pour l’occasion se classent second devant Facetti et de Adamich tandis que Merzario et Redman ne terminent pas mais sont classés 9e.

Une tournée italienne encourageante

Pour les 1000 km d’Imola, les voitures se qualifient 3e, 4e et 5e. La voiture de Merzario et Ickx va être éliminée suite à une collision avec… Nanni Galli qui pilote désormais une Osella Abarth ! Cela ne va pas empêcher Stommelen et Reutemann de se classer second la voiture de Facetti et de Adamich de prendre la 3e place.

Alfa Romeo Tipo 33 TT 12 Imola 1974 Bonhams- Alfa Romeo 33/TT/12

La semaine suivante, aucune Alfa Romeo T33/TT/12 ne se présente en Sicile pour la Targa Florio. Par contre une TT/3, revendue à Bruno Ottomano s’y présente. Il fait équipe avec Paolo corgano mais ils ne se qualifient pas pour la course.

Stupeur à la mi-juin, aucune Alfa Romeo ne se montre finalement dans la Sarthe pour les 24h du Mans !

C’est donc en Autriche, à Zeltweg qu’on retrouve les auto italiennes. Qualifiée 3e, 4e et 5e, deux autos ne terminent pas la course, celle de Facetti et de Adamich termine cependant à la seconde place.

Une fin d’année frustrante

Le 13 Juillet les Alfa Romeo 33/TT/12 sont à Watkins Glen pour les 6h mais rien ne s’y passe comme prévu. Une des autos ne prend pas le départ après être sortie pendant les essais de la Can-Am, la seconde est disqualifiée pour assistance illégale ! Du coup, seule une troisième auto prend le départ de la course de Can-Am mais elle abandonne…

C’est la dernière apparition des Alfa Romeo cette année là. On se concentre sur le championnat 1975. Le championnat arrêté par Alfa à trois manches de la fin n’est pas très représentatif de l’année. Les Mirage du J. W. Automotive Engineering et Porsche en profitent pour passer devant au championnat du monde, loin derrière les intouchables Matra.

Alfa Romeo est cependant sur la bonne voie. Jamais les T33 n’ont été aussi proches de la victoire… et cela va se vérifier.

1975 : la consécration pour l’Alfa Romeo 33/TT/12

Ferrari et Matra se sont retirés. Du coup, de grands noms se retrouvent sur le marché tel que Ickx, Pescarolo ou Bell ! Les autos sont modifiées sur des points de détail. On améliore la fiabilité et on réduit le poids pour gagner en performance, un éternel recommencement ! Alfa Romeo fait figure d’épouvantail. L’équipe n’est plus Autodelta, c’est le Willi Kauhsen Racing Team qui se charge de l’exploitation.

Pourtant la saison démarre mal. Au Mugello les Alfa Romeo 33/TT/12 de Merzario-Ickx et Pescarolo-Bell se classent 2e et 4e. Un bon résultat mais la nouvelle Alpine A441 est devant !

Aux 800 km de Dijon, c’est pourtant l’auto italienne qui domine. Si l’A442 de Larrousse part en tête, c’est Merzario, accompagné de Jacques Laffite qui monte sur la plus haute marche du podium. Pescarolo et Bell terminent une nouvelle fois 4e.

À Monza, la puissance du 12 cylindres fait des merveilles. Merzario et Laffite enchaînent une deuxième victoire, Pescarolo et Bell sont très loin. À Spa, Merzario retrouve le local de l’étape, Ickx. Pourtant, c’est bien l’équipage franco-anglais qui l’emporte, devant le belgo-italien ! Alfa Romeo se détache déjà très largement en tête des constructeurs.

Alfa Romeo Tipo 33 TT 12 Monza 1975 Wheelsage- Alfa Romeo 33/TT/12

L’échéance suivante pour les Alfa Romeo 33/TT/12, c’est la Coppa Florio sur le circuit d’Enna-Pergusa. Quatre voitures sont sur place, celles de Merzario et Mass, celle de Pesca et Bell… et une voiture de rechange chacun ! L’armada ne déçoit pas, avec un nouveau doublé.

Merzario retrouve Laffite au Nürburgring et une nouvelle victoire. Déjà la 5e en 6 courses ! À Zeltweg, puis à Watkins Glen, ce sont Pescarolo et Bell qui s’imposent. Merzario fait 2e à chaque fois, avec Brambilla en Autriche et Andretti aux USA.

Avec une telle avalanche de points, le résultat est logique : l’Alfa Romeo 33/TT/12 amène à la marque son premier titre mondial avec 42 points d’avance sur Porsche (qui ne court qu’en GT). Et encore on ne prend que les 7 meilleurs résultats. Et pour Alfa, cela représente 7 victoires en 8 courses ! Il n’y a pas de championnat pilote, sinon Merzatio aurait aussi été champion !

La saison de l’Alfa Romeo 33/TT/12 ne se termine pas pour autant. Autodelta prend le relai pour la Targa Florio, hors championnat, qui voit la victoire de Merzario et Vaccarella, la voiture de Casoni et Dini ne terminant pas.

Quelques beaux résultats sont également à noter en Interserie où les pilotes roulent à la fin de l’été avec le Willi Khausen Racing Team.

1976 : année de transition

Clap de fin ? Pas vraiment. Aucun engagement officiel n’est à mettre au crédit de la marque en 1976, sur le championnat en tout cas. On ne trouve qu’une seule arrivée, celle d’une Alfa Romeo 33/TT/12 à Imola. Engagée par Autodelta, l’auto de Brambilla et Merzario se classe 2e.

En fait la marque est entièrement concentrée sur la Formule 1 où le Martini Racing engagée des Brabham Alfa Romeo… reprenant le 12 cylindres à plat de trois litres. Il faut aussi dire que la réglementation a changé. La saison est décevante avec une 9e place au classement constructeur, derrière Penske, March ou Shadow et juste devant Surtees… c’est dire le niveau !

1977 : Alfa is back

La marque a mis au profit cette année de retrait pour revoir sa copie. Voici qu’arrive la Tipo 33 ultime… qui n’a plus rien à voir avec la Tipo 33 originelle. La carrosserie reprend les formes de l’Alfa Romeo 33/TT/12 mais… c’est bien tout.

On abandonne le châssis tubulaire pour des caissons. De TT on passe à SC pour telaio SCatolato. Le moteur est toujours un 12 cylindres mais cette fois il est gavé par un turbo et ne cube que 2,1 litres. La puissance est énorme avec 640ch.

Alfa Romeo 33 SC 12- Alfa Romeo 33/TT/12

L’Alfa Romeo 33/SC/12 sera engagée par Autodelta dans un championnat où le tenant du titre, Porsche avec sa 936, s’est retiré. Dès l’entame de la saison on sent venir un cavalier seul.

Merzario et Jarier remportent les 500 km de Dijon quand Brambilla et Watson abandonnent. Brambilla s’impose (seul) à Monza, c’est Merzario qui a dû renoncer. Brambilla récidive à Vallelunga, devant Merzario !

La Coppa Florio revient à Merzario, qui remporte ensuite la course d’Estoril devant Brambilla. Au Castellet Merzario, toujours lui, est associé à Jarier pour une nouvelle victoire. À Imola, il abandonne mais Brambilla l’emporte. Enfin la saison se termine au Salzburgring pour un doublé, Brambilla devant Merzario.

Évidemment, l’Alfa Romeo 33/SC/12 est la meilleure voiture de l’année et remporte le titre. Le deuxième pour Alfa Romeo… mais aussi le dernier. La marque de retire à la fin de cette saisons, les SC et leur moteur Turbo ne reverront plus la piste.

Alfa Romeo 33 SC 12 2- Alfa Romeo 33/TT/12

Ces deux autos sont désormais visibles au Museo Storico Alfa Romeo où elles sont évidemment mises en valeur.

Photos additionnelles : FCA Heritage et Wheelsage

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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