La Jowett Jupiter, à l’Affiche du Tour Auto. Part. 1, un peu d’histoire

Publié le par Benjamin

La Jowett Jupiter, à l’Affiche du Tour Auto. Part. 1, un peu d’histoire

Vous ne connaissez pas la voiture qui est sur l’affiche du prochain Tour Auto ? Et bien c’est une Jowett Jupiter. Toujours pas ? Et bien on va vous en dire plus dans ce premier article.

Dans un second temps on vous parlera de cette Jowett #19. Car si l’auto verte de l’affiche a ce numéro, ce n’est pas pour rien. Elle sera engagée en régularité et News d’Anciennes est partenaire de cette aventure. Vous pouvez d’ailleurs la suivre de près sur sa page Facebook.

Etape 1 : Jowett Cars

Jowett est une marque anglaise créée par Benjamin et William Jowett, associés à Arthur V. Lamb en 1901. Les premières productions sont des vélos, mais très vite on produit également un V-Twin qui sera utilisé dans les automobiles d’autres marques.

En 1904 naît la Jowett Motor Manufacturing Company qui ne produit en fait sa première auto qu’en 1906. Et encore, elle couvrira 25.000 miles de tests divers avant d’être mise en production en 1910.

Là où l’auto se démarque, c’est qu’elle est conçue comme une voiture légère. En effet Benjamin Jowett déclare alors que les autos légères proposées sur le marché ne sont pas abouties. Soit elles sont mues par des moteurs de motos qui sont à la peine, soit par des gros moteurs automobiles qui rompent l’homogénéité de l’ensemble.
La Jowett est équipée d’un moteur et d’une boîte majoritairement fabriqués en alu. Ça permet un poids réduit, bien adapté au châssis.
Le succès commercial est là. Le flat-twin de 816 cm³ développe 6,4 hp et il est accolé à une boite à trois rapports. La carrosserie est ouverte et accueille deux occupants. 12 autos seront construites avant 1913 avec un guidon et 36 entre 1913 et le début de la guerre avec un volant. Pendant la guerre, Jowett fabriquera, comme beaucoup d’autres usines, des munitions.

L’entre deux guerres : l’ère des Seven

Jowett Cars Limited naît en 1919 et en 1920 la nouvelle usine, toujours située près de Bradford produit ses premières autos. Ce sont les premières Seven de la marque. Elles sont motorisées par le flat-twin d’avant guerre, porté à 831 puis 907 cm³. On en sort alors 8 hp.

Des véhicules plus utilitaires arrivent au début des 20 et seront une part importante de la production d’alors. Les autos sont toujours des Seven et vont recevoir une bobine en 1923, tandis que la même année apparaît un châssis long qui peut emmener quatre occupants. Une version fermée est introduite en 1925 et le moteur est chemisé en 29 tandis qu’on installe des freins sur toutes les roues.

En 33 on lance la Kestrell avec une boîte à quatre rapports et en 1935 la Jowett Weasel est lancée, c’est une voiture ouverte mais plus sportive.

La révolution de Jowett s’opère en 36 avec l’arrivée d’un moteur à 4 cylindres, toujours à plat, avec deux carburateurs et 1166 cm³ de cylindrée. Le 2 cylindres continue sa carrière en parallèle.

Pendant la seconde guerre mondiale, le 4 cylindres servira notamment sur des pompes à incendie.

Les autos d’après guerre : la Jowett Javelin et Jowett Jupiter

En 1945 Jowett est vendue à Charles Clore et en 1947 à la banque Lazard Brother.

Le deux cylindres ne se montera plus dans les autos de tourisme. Mais réalésé à 1005 cm³ il sera toujours installé dans des autos commerciales et des châssis prêts à être carrossés.

En 1947 apparaît la Jowett Javelin, résolument plus moderne que les autos d’avant-guerre. Gerald Palmer qui la conçoit en fait une voiture tout acier, avec une ligne plus dans l’air du temps qui utilise un flat-four de 1486 cm³ de 50 chevaux. Les suspension avant ont des barres de torsion et sont indépendantes. L’auto file à 130 km/h et elle est louée pour son comportement remarquable.

La Jowett Jupiter

Nous voilà enfin à la Jowett Jupiter. C’est l’allemand Eberan von Eberhorst, ancien ingénieur Auto-Union, qui conçoit cette auto de sport. Le châssis tubulaire est également à roues indépendantes avec barres de torsion tandis que train avant et arrière reçoivent des barres anti-roulis. Le moteur est placé devant les roues avant, c’est le 1486 cm³ de la Javelin. Enfin la boite 4 rapports est placée derrière le moteur et en dessous du radiateur.

Ce châssis nu est présenté à Londres en 1949 et au salon de New York en Avril 1950 on découvre l’auto complète avec sa carrosserie aluminium. C’est un roadster, strict deux places de 4,1 m de long pour 1,6 m de large. Le premiers tests montrent cependant un problème de rigidité, en effet le châssis était à la base destiné à un coupé.

L’idée de base est de fournir cette auto à des carrossiers étrangers qui habilleraient l’auto pour leurs marchés locaux. 75 châssis sont ainsi fournis à de grands noms tels que Farina en Italie, Ghia en Suisse, tandis qu’en Angleterre c’est majoritairement Abott of Farnham qui les habillera. Problème, ces carrosseries coûtent cher. Et l’auto n’est pas si performante avec son 1500… Les Jowett Jupiter seront donc finalement entièrement produites par l’usine.

Une évolution apparaît en 1952. Le moteur est poussé à 63 chevaux tandis que la longueur totale passe à 4,3m. C’est la MkIa

Il sera produit 731 MkIa et seulement 31 Ia avant que Jowett ne ferme en 1954. Une Mk2 sera préparée mais elle restera à l’état de prototype.

La Jowett Jupiter en compétition !

Jowett Cars engage une Jupiter pour les 24h du Mans 1950. Wisdom et Wise se chargent de piloter l’auto qui va se montrer à son aise. Elle est 16e à l’arrivée en couvrant 220 tours. Ce classement lui permet en plus de remporter la classe Sport de moins de 1.5 litres. Première sortie réussie !

En 1951, la Jowett Jupiter se retrouve sur différentes courses anglaises, mais aussi américaines en SCCA. C’est cependant en Europe qu’elle aura les meilleurs résultats. En début d’année elle fait le doublé dans sa catégorie au Monte Carlo avant de gagner de nouveau sa catégorie au Rallye de Lisbonne.
Aux 24h du Mans 1951, ce sont trois autos qui sont au départ. L’usine engage deux autos, une Jupiter « normale » et une R1, la version de course largement modifiée. En plus Marcel Becquart engage une « normale ». Si les deux autos d’usine ne terminent pas (Soupape pour Hadley et Goodacre sur la #42, joint de culasse pour Wisdom et Wise sur la #41), la #66 de Becquart et Wilkins se classe 22e et première de sa classe.
Enfin on retrouve aussi une Jowett Jupiter entre les mains de Latune et Lesur au Tour de France qu’elle termine à la 22e place.

En 1952, le programme sur circuit est peu ou prou le même si ce n’est qu’aux 24h du Mans ce ne sont que des Jupiter R1 qui sont engagées. Elles seront trois, la #46 pour l’usine avec Hadley et Wise, la #45 pour Marcel Becquart qu’il partage avec Wilkins et la #64 pour Maurice Gastonides et van Zuylen van Nijevelt.
Une nouvelle fois, seule l’auto de Becquart est l’arrivée, après avoir couvert 210 tours et en accrochant une 13e place, encore synonyme de succès dans sa classe !
Au Tour de France, Latune et Thomas terminent 26e.

On retrouvera de nouveau des Jupiter sur diverses courses les années suivantes, mais sans soutien de l’usine.

La fin de Jowett

La Javelin devait être un succès. Pour anticiper un engorgement de l’usine on sous-traite la carrosserie à Briggs Motor Bodies. La production est élevée… mais les ventes ne suivent pas. Les autos ont des problèmes de jeunesse qui handicapent les ventes. En 1952 c’est la fiscalité sur les véhicules exportés qui fait baisser les ventes de 75% !

Pour faire face, on vend l’usine principale à International Harvester qui y produira des tracteurs jusque dans les années 80. Briggs Motor Bodies est racheté par Ford qui possède une usine voisine.

C’est la fin de Jowett Cars. Jowett persistera pour produire des pièces pour Blackburn & General Aircraft Company tandis qu’une activité sera étendue pour fournir des pièces détachées automobiles jusqu’en 1963.

Dans le prochain épisode, on vous parlera donc de la Jowett #19 qui sera engagée sur le Tour Auto.
Pour ne rien rater de la course, notre guide complet est ici.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Daniel DUCHEMIN

    Soyons clairs : je connaissais le nom de Jowett, mais sans plus. Merci pour ce rappel !

    Répondre · · 17 avril 2019 à 12 h 18 min

      1. Raspentino

        Marcel Becquart c’est le fondateur du Rallye du Mont-Blanc, c’est 7 fois les 24 Heures du Mans en 1951 avec Gordon Wilkins sur Jowett Jupiter, 1952 , 1953 ,1954 , 1955 avec Richard Stoop sur Frazer Nash Sebring 10e au classement, 1960 et 1961. témoin inconditionnel de Accident des 24 Heures du Mans 1955 avec 84 morts (dont le pilote Pierre Levegh) et 120 blessés, l’accident le plus important de l’histoire du sport automobile. N° 153 Marcel Becquart / Jacques Blanchet sur Triumph au Rallye Monte Carlo 1960 ou la victoire était un doublés Mercedes 220 SE avec Walter Shock / Ralf Moll puis Eugen Boehringer / Hermann Socher. Marcel Becquart avait sur se rallye des Volvo PV 544, Citroën DS 19, D.K.W. 1000, Triumph Herald , Ford Taunus , Erik Carlsson sur Saab 93, Paddy Hopkirk / Jack Scott sur Sunbeam Rapier S3, Porsche 356, Prince Pablo Metternich / Prince Max Hohenlohe sur BMW 700, Jaguar Mk II, Triumph Herald Coupé, Graham Hill sur Ford Anglia, Annie Soisbault sur Triumph Hérald.

        Répondre · · 20 avril 2019 à 7 h 45 min

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