Histoire de Moteurs : le V4 Ford Taunus

Publié le par Benjamin

Histoire de Moteurs : le V4 Ford Taunus

Aujourd’hui on vous parle d’un moteur allemand, avec un nom américain. Si le V4 Ford Taunus n’est pas le plus enthousiasmant, ni le plus connu des moteurs de la marque, il a la particularité d’avoir aussi motorisé des autos d’autres marques. On vous raconte son histoire.

Attention, il ne faut pas le confondre avec la version anglaise, le V4 Essex qui lui est contemporain.

Premièrement : un V4 c’est quoi ?

Un moteur 4 cylindres en V. Ok, vous vous en doutiez, mais qu’est ce que ça change ?

Avoir deux bancs de cylindre a déjà un avantage de hauteur. En inclinant ces bancs, le tout est plus bas. Cela permet de faire descendre le centre de gravité du moteur et apportera un plus pour le dynamisme de la voiture.

Normalement la plupart des moteurs en V font également tourner deux bielles en opposition sur la même portée. Cela permet de faire gagner de la longueur au vilebrequin avec 5 portées au lieu de 9.

Le V4 est donc plus petit qu’un 4 cylindres en ligne. On notera que c’est une architecture relativement rare. On le retrouve dans les Lancia Fulvia ou… la Porsche 919 !

Le V4 Ford Taunus

V4 Taunus-

Le V4 Ford qui nous intéresse aujourd’hui diffère de bien des moteurs en V car les deux bielles en opposition ne sont pas sur la même portée. Ces portées sont décalées. Cela s’explique notamment par le fait que le moteur n’est pas conçu pour avoir un angle de 90° entre ses bancs de cylindre, comme ce devrait être le cas normalement. Là on ne compte « que » 60°… et c’est logique. La base doit aussi servir au futur V6 que Ford conçoit en parallèle !

Ce moteur est un moteur européen. Il a cependant été étudié pour une auto américaine : la Ford Cardinal. Elle sera abandonnée au profit de la Falcon. Par contre le projet est repris en Europe. La voiture évolue pour donner la Ford Taunus 12M P4. C’est sous le capot de cette auto qu’il apparaît en 1962.

Les différentes versions du V4 Ford Taunus

Le 1.2 litres, uniquement chez Ford

C’est la version de base. Avec 1183 cm³ (80 x 58,86 mm) de cylindrée il sort 40 ch et 80 N.m de couple. C’est une version qu’on ne retrouvera que chez Ford.

D’abord de 1962 à 1966 sur la Ford Taunus 12M P4 puis en 1967 et 1968 sur la Taunus 12M P6.

Le 1.3 litres, encore chez Ford

La cylindrée passe à 1288 cm³ avec le passage de l’alésage de 80 à 84 mm. La puissance y gagne en passant à 50 ch tandis que le couple atteint 95 N.m.

On le retrouvera lui aussi uniquement derrière des calandres à l’ovale bleu. D’abord sur les Taunus 12M P6 de 1966 à 1970 et ensuite sous un coupé, la Capri de 1969 à 1972. Il sera utilisé un laborieux avec les Ford Transit 600, là aussi à partir de 1966.

Ford Taunus 12M P6-

Le 1.5 litres, des Ford et des suédoises

C’est l’autre version lancée en 1962. La course est toujours à 58,86 mm mais l’alésage est de 90 mm pour 1498 cm³ de cylindrée. Au fil des améliorations il passera de 55 à 60 puis 65 chevaux et le couple de 107 à 117 N.m.

Là aussi il débute sa carrière sous le capot de la Taunus 12M P4. Mais la même année il est aussi sur le concept Mustang I !
En 1965 le voilà sur la 17M P6. En 1966 il est monté sur les 12M P6 et 15M P6.

En 1967 il arrive sur les 17M P7 mais connaît aussi sa première utilisation externe puisqu’il équipe les Saab 96 et 95. Les Sonett américaines le recevront également.

Là aussi il sera utilisé sur les Transit et sur les Capri.

Le 1.7 litres, pour Ford, Saab et… Matra !

Le 1.7 litres existe également avec la version anglaise. Mais sur la version allemande, c’est la course qui change, passant de 58,86 à 66,8 mm, toujours avec un alésage de 90 mm. On le retrouvera au fil des ans avec trois puissances, 65, 70 et 75 ch.

La première auto à l’embarquer est la Taunus 17M P5 en 1964, l’année suivante le Transit l’adopte également. En 1966 il débarque sur les Taunus 15M P6 et 12M P6.

En 1967 la 17M P7 le reçoit et la même année, il arrive sous le capot d’une petite française. La Matra 530, la voiture de copains. Le constructeur français bénéficie ainsi d’un moteur compact pour le mettre en position centrale arrière. Et comme les monoplaces Matra ont des moteurs Ford, cela fait sens.

À partir de 1969 il équipera les Ford Capri. Et en 1970 il prend lui aussi la direction de la Suède pour se retrouver sur les Saab. D’abord il sera monté sur l’original coupé Sonett III et ensuite il rejoindra le capot des dernières Saab 96. Sur ces dernières, des préparations le feront même monter à près de 180 chevaux !

Enfin il sera monté sur des autos plus grandes, les Ford Consul et Granada dans leurs versions allemandes. C’est sur cette dernière qu’il perdurera jusqu’en 1981.

Une belle carrière internationale en somme ! Et en plus, grâce notamment aux Saab, il a un beau palmarès en rallyes !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Michel Carlier

    Agréable de lire un article aussi bien détaillé de cette voiture discrète et néanmoins populaire.g

    Répondre · · 28 mars 2020 à 14 h 39 min

  2. Régis V

    Complexe ces mélanges de types et de moteurs! Pas toujours facile de s’y retrouver, mais le 1700 est apparu en premier dans le (ou la ) P3, dans mon souvenir et d’après Wicki.
    Continuez à nous occuper et divertir.

    Répondre · · 28 mars 2020 à 15 h 56 min

    1. daniel Baspeyras

      Désolé mais les 17m P3 ont toutes un 4 en ligne,la 12m P4 est bien la première Taunus a recevoir le V4 et être une traction avant.

      Répondre · · 26 décembre 2020 à 15 h 34 min

      1. Régis V

        Je n’évoquais que l’apparition de la cylindrée 1700 en V4, et je ne suis pas un spécialiste de cette gamme et je m’y perds un peu.
        Ce serait donc P5 en 1967?

        Répondre · · 27 décembre 2020 à 10 h 51 min

  3. Pascal

    Très intéressante cette page sur le moteur Ford V4, j’y ai appris pas mal de choses, continuez, merci.

    Répondre · · 28 mars 2020 à 17 h 33 min

  4. Michel MAES

    Bonjour
    Il fait bien meubler pendant cette période difficile …chapeau..
    M J et M M

    Répondre · · 28 mars 2020 à 17 h 48 min

  5. Mergim

    Que de souvenirs, ma première voiture en était équipée. Une Granada MK1 de 1977 que j’ai acheté l’équivalent de 250€ en 1998. Les 75cv étaient un peu juste pour une aussi grande voiture mais la sonorité donnait l’impression d’en avoir plus sous le capot…
    MQ

    Répondre · · 30 mars 2020 à 0 h 50 min

  6. Ribeiro

    La meilleure déclinaison de ce moteur a été zappée…. il s’agit du 1.7 a taux de compression de 10/1 qui a été monté sur les 15 m RS, reconnaissable à ses couvre culasses rouges, un vrai bonheur à conduire et rien à voir avec le 1.7 à bas taux de compression !

    Répondre · · 3 mai 2022 à 23 h 32 min

  7. Jean Claude

    Bonjour à tous,
    J’ai un v4 capri 1700, il fonctionnait assez bien et était de 1969 , l’un des premiers modèles je crois, aujourd’hui avec internet on peut trouver plein d’infos, apparemment le V4 Essex britannique disposait une double sortie à la culasse côté échappement, par contre j’apprends aujourd’hui que le V4 couvre culasse rouge est en haute compression, comme le V6 2.3 hc.
    Combien de chevaux sortait il ?
    Le V4 standard est à 73 chevaux sur la Capri !
    Au plaisir de vous lire.

    Répondre · · 14 mai 2022 à 19 h 34 min

  8. liliane chardon

    Ce moteur a également équipé les ANADOL en Turquie ; il en roule encore beaucoup .

    Répondre · · 11 janvier 2024 à 12 h 21 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.