Gazoline a 25 ans, entretien avec Stéphane Guitard son rédacteur en chef

Publié le par Benjamin

Gazoline a 25 ans, entretien avec Stéphane Guitard son rédacteur en chef

Les magazines parlant de voitures anciennes (ou de collection) sont nombreux en kiosque. Il suffit de regarder nos revues de presse, c’est par là, pour s’en rendre compte. Mais certains sortent du lot par leur contenu et heureusement ! Gazoline est de ceux-ci. Le magazine fête ses 25 ans et on a voulu en parler avec son rédacteur en chef : Stéphane Guitard.

Bonjour Stéphane Guitard, vous êtes rédacteur en chef du magazine Gazoline que tout le monde connaît. Il fête ses 25 ans avec son dernier numéro. Si vous deviez résumer l’histoire du magazine, qu’est ce que vous diriez ?

Stéphane Guitard : Je crois que c’est avant tout l’histoire d’un homme : celle de Jean-Jacques Dupuis, le créateur du magazine. Il a réussi à faire un magazine qui, en restant constamment à l’écoute de ses lecteurs, s’est imposé comme le porte-parole d’un milieu jusque là ignoré : celui des amoureux de voitures populaires anciennes, que Gazoline a toujours clairement distingué de celui des collectionneurs de voitures de prestige.

Le tour de force de Jean-Jacques a été de se lancer dans un domaine qu’il ne connaissait pas et d’avoir appris en même temps qu’il expliquait aux lecteurs. On ne pouvait pas imaginer être plus proche. C’est ce qu’avec toute l’équipe, nous nous efforçons d’entretenir aujourd’hui.

Vous fêtez ces 25 ans dans le numéro que l’on trouve actuellement en kiosque, et jusque fin mai. Qu’est ce que vous proposez de spécial ?

Couv 276- Gazoline

SG : Je crois que la chose la plus spéciale comme vous dites, est que justement, Jean-Jacques Dupuis revient sur l’histoire du magazine. En 25 ans, il ne l’avait jamais fait. En lisant cet entretien qu’il nous a accordé, on comprend ce qu’est « l’esprit Gazoline ».

Nous revenons également sur les sujets ou évolutions qui ont jalonné l’histoire du magazine. Pour les autos à l’essai, d’un côté nous avons choisi une Brissoneau & Lotz Louis Rosier, parce qu’elle est à la fois populaire, c’est une base de Renault 4 CV, et exceptionnelle, ce qui s’impose pour un numéro anniversaire.

De l’autre, nous avons souhaité parler de la Berlinette Echappement, déjà parce que le 1er exemplaire a été présenté en 1995, année de création de Gazoline, et aussi, parce qu’elle née de la volonté de celui qui est aujourd’hui le propriétaire du magazine, je veux bien sûr parler de Michel Hommell. Précision importante : il n’était pas au courant de ce clin d’œil…

Dans ce numéro spécial nous organisons aussi un très beau concours grâce auquel les lecteurs peuvent remporter un séjour en voiture ancienne et pleins d’autres superbes cadeaux, offerts par nos partenaires, qui sont eux aussi des supporters de Gazoline.

Si vous deviez ressortir trois rubriques emblématiques de Gazoline, vous choisiriez quoi ?

SG : Tout simplement celles dont nos lecteurs nous parlent le plus souvent : en premier, les rubriques techniques (atelier, restaurations et fiches pratiques). C’est de loin la catégorie d’articles la plus plébiscitée, y compris par ceux qui ne restaurent pas d’autos.

Ensuite, il y a la BD Gazafond de Jean-Luc Delvaux. Je pense que plus de la moitié des lecteurs commencent leur Gazoline par la dernière page. Enfin, je citerais les chroniques de Jean-Louis Loubet. C’est une page et demie sur 148, mais de plus en plus de gens m’en parle et c’est mérité.

Mais ce qui me fait plaisir, c’est que les rubriques plébiscitées par les lecteurs ne se retrouvent dans aucun autre magazine. Comme quoi, ils ne choisissent pas Gazoline par hasard.

Maintenant plus dur, et plus personnel, les trois articles que vous jugez les meilleurs qui soient parus dans Gazo ?

SG : En 25 ans, il y a eu beaucoup de très beaux sujets. Je m’en suis aperçu en ressortant la collection pour l’article anniversaire. N’étant à Gazoline que depuis 4 ans, mon avis sera forcément très « réducteur ». Mais puisque la question est personnelle, si je m’en tiens à la période qui « me concerne », je dirais que mon coup de cœur va aux sujets sur l’histoire des usines Fiat.

Ensuite, je me souviens tout particulièrement d’une chronique de Jean-Louis Loubet, parue en décembre 2017, où il racontait la présentation catastrophique d’une Ariane à suspension oléopneunatique, dont les canalisations explosent en pleine démonstration, aspergeant d’huile et de graisse les pontes de Simca et de Fiat. C’était un peu comme si Jacques Tati avait tourné la scène finale de The Party. Hilarant !

Pour finir, j’ai un faible pour les sujets « Généalogie ». Voir regroupée en quelques pages l’histoire super détaillée d’un modèle, retrouver tous les tableaux de bord, les roues, les intérieurs, ça me ramène à l’enfance, quand j’embarquais tous les catalogues du garage Simca où mon oncle travaillait. Et cerise sur le gâteau, ces sujets plaisent beaucoup.

Parlons de Gazoline actuellement, il est intégré à un gros groupe de presse, qu’est ce que ça a changé pour le magazine ?

SG : Déjà, le Groupe de Presse Hommell n’est pas « un grand groupe », comme le sont les Prisma ou Mondadori par exemple. Cela va vous surprendre mais pour la plupart des lecteurs rien à changé, et c’était précisément le but.

Dans les détails, il y a eu de nouvelles rubriques, des petits changements de mise en page, mais elles se sont tellement bien insérées dans le magazine que si les gens les ont remarqué, personne n’a été choqué. La véritable évolution concerne les abonnés puisqu’en 4 ans, leur nombre a doublé ! Les équipes du Groupe ont vraiment fait un gros travail de recrutement et nous en sommes fiers.

Quel a été votre parcours avant de devenir rédacteur en chef de Gazoline ?

IMG 2961- Gazoline

SG : Pour faire simple et concis, même si j’ai toujours été passionné d’automobile, surtout ancienne (ma 1re voiture était une Simca P60), j’ai une formation technique qui m’a d’abord conduit à passer onze ans dans un bureau d’études béton armé.

En 1997, le hasard et un peu de culot m’ont permis d’intégrer la rédaction de VTT Mag, que le Groupe Hommell avait acquis quelques mois plus tôt. Je suis ensuite passé sur un magazine de vélo de route, que j’ai dirigé entre 2006 et 2016, avant qu’on me propose de m’occuper de Gazoline. Ce parcours pour le moins atypique, je le dois en grande partie à Jean-Claude Lebon, aujourd’hui directeur général adjoint du groupe. À deux reprises, en 1997 et 2016, il m’a fait confiance et c’était « osé ». Je suis conscient que j’ai eu beaucoup de chance et que mon exemple ne va pas aider ceux qui rêvent de faire ce métier en suivant un « cursus normal » mais c’est peut-être la preuve qu’il faut tout faire pour saisir les opportunités qui se présentent à vous.

Parlons aussi du futur, un magazine comme le vôtre doit toujours se réinventer. Qu’est ce que vous imaginez pour Gazoline dans 5 ans ?

SG : Se réinventer, je ne suis pas sûr. Évoluer, oui, mais c’est d’autant plus délicat que la recette plaît. Si je devais envisager le futur de Gazoline, ce serait « être encore plus au service du lecteur » et « développer l’outil digital en complément du magazine papier ».

Dernière question, si vous deviez définir Gazoline en trois mots…

SG : Si vous le permettez, ce serait plutôt en une courte phrase : « Faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux ».
Un travail d’équipe, au sens large du terme, où chacun se donne au maximum, tout en gardant à l’esprit que notre rôle est d’apporter du plaisir au gens. Vu la période que nous traversons, ce n’est pas inutile de s’en rappeler.

Merci Stéphane Guitard.

Et en parlant de période un peu délicate, le numéro des 25 ans de Gazoline sera exceptionnellement en kiosques jusque fin mai. Vous pouvez aussi le commander en version papier et numérique directement sur le site du magazine en cliquant ici.

Et si vous aimez le magazine, n’oubliez pas que vous avez rendez-vous à Bailly tous les 3e dimanche du mois de 10h à 13h.

Illustrations : Gazoline

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Alain Andresy

    Merci pour ce reportage qui nous rajeunit de 25 ans pour certains. Merci à Jean-Jacques Dupuis d’avoir eut l’idée et d’avoir persévéré pour le développement du magazine qui fait encore référence aujoud’hui.

    Répondre · · 22 avril 2020 à 14 h 08 min

  2. Patrice Verges

    Je suis fan de ce magazine que je lis depuis longtemps et qui m’apprend encore des choses

    Répondre · · 23 avril 2020 à 9 h 44 min

  3. Elbaresi

    Lecteur de Gazoline mais aussi de son pendant briton Practical Classics, je trouve que Gazoline touche à toutes les cordes de la passion automobile : mécanique / entretien – son histoire & ses grands hommes et des rencontres.
    Les anglais jouent plus la proximité avec des reportages qui accordent autant d’importance aux propriétaires qu’à leurs autos. Le leitmotiv est des plus simple : rouler, rouler et toujours rouler.
    Comme l’écrit Stéphane, l’article de JL Loubet sur l’Ariane à suspension hydraulique est incroyable. Il faut le lire absolument.
    Mais, il y a aussi l’article sur les grève de l’usine Fiat de Mirafiori avec leurs tournois de tennis improvisés…

    Répondre · · 23 avril 2020 à 10 h 03 min

  4. Elbaresi

    Pour mémoire :
    Ariane avec suspension hydraulique : Gazoline #250
    Open Mirafiori : Gazoline 267

    Répondre · · 25 avril 2020 à 16 h 47 min

  5. Elbaresi

    Je vous reporte une partie de l’interview de JJ Dupuis par Stéphane Guitard. Cette partie de l’entretien, je pense que ça va vous toucher car elle synthétise parfaitement notre passion, vu d’un œil extérieur qui est l’origine de Gazoline :

    « Sans hésiter, Alain – Alain Bertrand, illustrateur et collectionneur de véhicules américains, me conseille de choisir la voiture de collection. Chouette idée, mais je n’y connais absolument rien. Il m’emmène donc sur plusieurs concentrations d’américaines et là, je rencontre une population de frappadingues. Je me demande où je suis tombé. Ces gars-là n’ont généralement pas beaucoup d’argent, ils se saignent aux quatre veines pour acheter une bagnole pourrie qu’ils passent des années à refaire, souvent ils divorcent avant d’arriver au bout et ils sont heureux, ils ont la banane. Je suis là, je ne comprends pas un mot de ce qu’ils racontent, ça fait limite sectaire. En même temps, je les trouve sympas parce qu’ils sont faciles d’accès et ils transpirent la passion. Du coup, je me dis : pourquoi pas !

    « Je – NDLR Jean-Jacques Dupuis, pars sillonner la France pour aller voir les collectionneurs (…), à mesure que je rencontre ces gens, je découvre vraiment un monde à part. Ce qui me surprend, c’est qu’ils ont tous en commun une passion qui transcende leurs origines ou leur milieu social. Ces gars-là peuvent discuter d’égal à égal alors que leurs statuts respectifs sont à l’opposé, que leurs idées politiques ne sont pas les mêmes du tout. »

    Tout est dit.

    Répondre · · 1 mai 2020 à 11 h 17 min

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