La Peugeot 905 Spider, l'autre 905… qui n'a rien à voir

Publié le par Benjamin

La Peugeot 905 Spider, l'autre 905… qui n'a rien à voir

Dans quelques jours on va se retrouver avec les amis de Mecanicus et Toma de Saulieu au Musée de l’Aventure Peugeot pour Une Nuit au Musée #2 (cliquez pour avoir les infos). Une des autos qu’on devrait voir sur place s’appelle bien 905, mais la Peugeot 905 Spider n’a en fait pas grand chose à voir avec sa grande sœur aux deux victoires mancelles.

Une idée intéressante derrière la naissance de la Peugeot 905 Spider

Peugeot est bien lancé en endurance en 1991. Les 905 s’apprêtent à faire leur première saison complète et en France on se (re)découvre un intérêt pour la discipline. Mais Peugeot se rend compte qu’il n’existe pas de formule de promotion permettant aux pilotes d’accéder au Championnat du Monde. Un équivalent de la F3 est imaginé, une formule monotype qu’on appellera la Peugeot Spider Cup.

Reste à trouver les autos, du moins les fabriquer. Le cahier des charges est intéressant et c’est vraiment celui d’une formule monotype. Peugeot Talbot Sport proposera un kit. Dans celui-ci on retrouvera d’abord la carrosserie, dessinée par Gerard Welter dont on reparlera, avec un poste de pilotage central, une aéro travaillée avec effet de sol et réalisée en composite.
Ensuite on ajoute les freins, d’origine Brembo, mais surtout le moteur.

Pour la Peugeot 905 Spider, pas de moteur V10 3.5 litres, au top de la technologie de l’époque et forcément cher à produire. Non on va se rabattre sur un moteur de série, le XU9J4 de 1903 cm³, le moteur que l’on retrouve alors sous le capot des 405 Mi16 et 306 GTI 16. Embrayage, culasse et admission sont spécifiques. L’échappement est un Devil 4 en 1 et le carter inférieur est sec et porteur. On en sort 220 ch à 7500 tr/min.

On le comprend vite, la seule liberté dans cette formule monotype sera le châssis. Et à l’époque la Peugeot Spider Cup intéresse, sur le papier, un grand nombre de spécialistes. On note Oreca, Mygale, Norma, Van Diemen, Reynard ou Martini.

Première apparitions et finalisation

C’est au salon de la Voiture de Course, début 1991 que Peugeot révèle la première Peugeot 905 Spider. Elle trône fièrement aux côtés de la « grande » Peugeot 905.

Elle se retrouve ensuite en tests du côté de Lurcy Levis. La carrosserie est sensiblement la même et le châssis porte la même griffe que le dessin : celui de WR, alors constructeur de châssis manceaux bien implanté. Les tests ne sont pas géniaux au niveau de la fiabilité mais l’auto est plus rapide qu’une F3 ! Tico Martini est présent et confirme sa volonté de construire des châssis.

On en sait également plus concernant les contours de la partie sportive. Les boîtiers électroniques Magnetti Marelli seront tirés au sort avant chaque course, le nombre de pneus est limités. Les dotations sont plus que correctes même si le coût d’une saison dépasse les 1.5 millions de francs.
Deux coupes sont proposées : une en France sur 8 courses (de 70 à 90 km) et un européenne où on retiendra les 3 meilleurs résultats étrangers et les 6 meilleurs français.

Les châssis des Peugeot 905 Spider

Au final tout les constructeurs intéressés ne vont pas sauter le pas. Les châssis doivent être fait en acier et ne pas reprendre de solutions trop chères. PTS doit les homologuer pour qu’ils puissent participer aux courses.

WR réalise donc le premier châssis et en construira un second.
Alba, un constructeur italien très présent sur la Coupe Alfa, en réalise un.
Orion en construira 5.
Extec fera un seul châssis, mais en 1993 seulement.

Automobiles Martini sera le plus actif avec 14 châssis Mk64 réalisés en 1992 puis 6 Mk68 en 1993.

La Peugeot Spider Cup

Première édition en 1992

La première saison des deux coupes a lieu en 1992. Dès la première course à Nogaro, on se rend compte d’une chose : les Martini Mk64 sont imbattables. Elles trustent les 7 premières places ! En fait la meilleure des autres sur la saison, une Orion, ne fera que 4e, tous les podiums vont donc aux Martini.

Côté pilotes, la plupart sont français. Eric Hélary termine 1er et remporte la coupe Européenne, Bouchut, deuxième reçoit le titre français. Tous les deux courent sur Martini et empochent 5 victoires chacun. Alain Ferté complète le podium final. On note aussi la participation de Jacques Laffite à une course qu’il termine sur le podium.

Bouchut et Hélary vont vite comprendre ce que formule de promotion veut dire ! Fin 1992 PTS engage une voiture « junior » avec ces deux pilotes. Avec Geoff Brabham ils iront même jusqu’à remporter les 24h du Mans 1993, au nez et à la barbe des équipages « senior ».

Un programme réduit en 1993

Pour cette seconde édition, plus de coupe européenne. Les Peugeot 905 Spider se disputeront uniquement le titre français.

Hélary est de nouveau au départ et avec 5 victoires il est sacré devant Arnaud Trévisol et William David. On note l’émergence d’un pilote monégasque, Stéphane Ortelli qui signe 5 pôles et termine 7e du championnat. Evidemment tous ceux-ci sont sur Martini. En fait seul WR a pu les contrer un minimum en remportant la course du Val de Vienne.

Dernière saison en 1994

Pour la dernière édition de la coupe monotype, elle n’attire plus autant. Les concurrents sont une dizaine au départ. Et une fois encore les Martini vont empocher les 7 victoires. William David est sacré champion en remportant 5 victoires. Il devance Cathy Muller, seule femme au départ des trois saisons et enfin récompensée. Notons également que Sandrine Nahon était également au départ de cette ultime saison et qu’Anthony Delon fait pour l’occasion ses premières armes en sport auto !

La coupe monotype est terminée, heureusement les autos se sont déjà recyclées !

Les Peugeot 905 Spider aux 24h du Mans !

Dès 1992 l’ACO a donné un coup de pouce incroyable à ces autos. Pas prévues pour les grandes courses internationales, les Peugeot 905 Spider se retrouvent invitées, comme tous les protos des différentes séries nationales, à courir dans une catégorie C4.

Sur les trois C4 engagées, une Debora courra contre deux Peugeot 905 Spider. La première est une WR qui sera confiée à Gonin, Petit et Artzet, la seconde est la RenCar, une Orion modifiée, pilotée par Alexandre, Breuer et de Vita. Les autos atteignent environ 250 km/h en pointe mais squattent le fond de grille.

L’Orion verra le drapeau à damiers mais avec 78 tours elle n’est pas classée. Les deux autres autos ont abandonné.

La Peugeot 905 Spider évoluera

Si l’Orion ne reverra pas le départ, WR se servira de la Peugeot 905 Spider pour créer ses voitures de courses des éditions suivantes.

En 1993, Lamouille, Gonin et Santal remportent ainsi la catégorie C3 en se classant 17e.
En 1994 les voitures sont des LMP2 et les deux WR abandonnent.

La grosse perf arrivera en 1995 quand William David, Jean-Bernard Bouvet et Richard Balandras s’élanceront de la pôle position ! Les WR s’adjugeront même le meilleur tour en course mais aucune voiture ne verra l’arrivée.

Les Peugeot 905 Spider de nos jours

Il faut avouer qu’il faut connaître pour les remarquer. Cependant les Peugeot 905 Spider sont régulièrement sur les circuits. Ainsi on peut en voir au moins une chaque année aux Classic Days ou encore sur la piste du frère jumeau le Classic Festival.

Plusieurs autos ont été restaurées et on les trouve parfois à vendre. L’une d’elles était proposée à 40.000 € il y a quelques années et on trouve en ce moment une Martini Mk68, la version la plus performante donc, à vendre pour 70.000 €, c’est par ici.

Infos et photos additionnelles : Ferrarista et Autodiva

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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