Un tour en Maserati Indy 4700 de 1971, pour emmener 4 personnes à 250 km/h !

Publié le par Vincent

Un tour en Maserati Indy 4700 de 1971, pour emmener 4 personnes à 250 km/h !

Imaginez une italienne avec les performances d’une Ferrari 365 Daytona, permettant à quatre personnes de voyager dans le plus grand confort. Maserati l’a fait. Lorsque Charles me propose un tour à bord d’un des plus beaux bijoux de la concession Maserati de Rennes, impossible de refuser ! Après la Biturbo essayée par Benjamin, la Maserati Indy est la seconde GT de la marque au trident à se dévoiler sur News d’Anciennes.

L’histoire de la Maserati Indy

Il y a près d’un demi-siècle, Vignale dévoilait un élégant coupé quatre places dont le dessin proposait une alliance subtile et délicate de verre et métal. Révélée au Salon de Turin 1968 par le carrossier italien, la Maserati Indy est officiellement lancée lors du Salon de Genève l’année suivante. Désignée comme la remplaçante de la luxueuse mais non moins sportive Mexico, cette nouvelle GT est baptisée en hommage aux deux victoires de la marque au trident lors des 500 miles d’Indianapolis en 1939 et 1940.

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Maserati 8CTF – 500 miles d’Indianapolis 1939

Le moteur V8 de l’Indy est proposé dans deux configurations : le 4,2L de 260 ch et le 4,7 litres de 290 ch. En 1971, deux versions destinées au marché américain apparaissent au catalogue, c’est l’Indy America. La même année, une version retravaillée du V8 parvient à délivrer 320 ch en atteignant les 4,9 litres de cylindrée. Cette nouvelle Indy peut alors se targuer de propulser 4 personnes à 265 km/h ! En 1973, les alésages de 4,2 et 4,7 litres disparaissaient au profit de la plus puissante motorisation. En plus des performances accrues, le modèle reçoit une nouvelle boite de vitesse, des jantes 15 pouces, un système d’air conditionné et les freins sont remplacés par le système hydropneumatique à haute pression d’origine Citroën, alors propriétaire de la marque. La production totale atteindra les 1104 exemplaires entre 1969 et 1975.

Notre Maserati Indy du jour

Extérieur, une ligne ingénieuse

C’est le styliste Giovanni Michelotti, œuvrant chez Vignale, qui dessina si habilement les lignes de cette superbe GT. Le carrossier italien, Alfredo Vignale avait déjà signé la 3500 GT Spyder, la Sebring et la Mexico pour la marque au trident. Le succès de ces modèles avait alors offert un nouveau souffle à Maserati.

Revenons-en à notre modèle de 1971. Notre Indy du jour se présente dans une robe grise argentée, l’Argento Indianapolis. Une teinte lissant la ligne de cette somptueuse GT dont les arrêtes sont subtilement soulignées par quelques touches chromées sur les pare-chocs et l’encadrement des surfaces vitrées. La ligne s’affine d’autant plus grâce à un bas de caisse lui aussi chromé (plus conséquent que sur les versions antérieures), donnant ainsi l’illusion d’une hauteur réduite. Une voiture qui n’est d’ailleurs vraiment pas haute puisqu’elle ne mesure qu’1m22 pour une longueur de 4m74 ! Des proportions nécessaires afin de loger les quatre passagers et l’imposant V8 de 4,7 L. Celui-ci est dissimulé par un long et majestueux capot plongeant, sur lequel viennent se dessiner des feux rétractables et des ouïes permettant de laisser respirer la mécanique.

De l’autre côté de la voiture, l’astucieux dessin de la partie arrière contribue à offrir 4 vraies places et un coffre au volume généreux (près de 500 L !), calé entre les deux réservoirs à essence de 50 L chacun. Et vous comprendrez à la fin pourquoi ce détail est important. Un léger décroché stylistique qui sera repris sur l’Alfa Romeo Alfetta GTV, avec un peu moins de finesse.

Intérieur : un salon en rouge et noir

Lorsque ses portes s’ouvrent, la Maserati Indy vous invite à bord d’un lumineux salon. La sobriété argentée de la robe laisse place à un intérieur paré de cuir rouge légèrement rosé habillant les sièges, la console centrale et les panneaux de portes.

La planche de bord, quant à elle, est recouverte de cuirs noirs. Derrière le volant et son imposant moyeu central, le bloc d’instrumentation concentre toutes les informations relatives au pilotage de la GT. Entre le compteur de vitesse et le compte-tours se trouvent diverses jauges : pression et température d’huile, température d’eau, niveau de carburant et un ampèremètre. La présentation et la finition sont méticuleuses et c’est à noter car ce n’est pas le cas de toutes les sportives de l’époque.

L’autoradio semble posé sur la console centrale. Lorsqu’on l’actionne, une antenne télescopique se déploie sur l’aile arrière de la GT. Sur la console centrale, on retrouve un cendrier et une boite à gant verrouillable. De l’autre côté, le passager a droit à une planche au même dessin que côté conducteur mais décorée d’une montre et d’un monogramme.

La mécanique s’affole face aux chiffres

Maintenant, observons le cœur de cette fabuleuse GT : un noble bloc de huit cylindres en V. Une architecture qui a déjà de quoi faire rêver sur le papier, et qui devient démentiel lorsque que l’on connaît le volume de sa cylindrée : 4,7 L. Pourrait-on en attendre moins d’une telle auto ?

Sans doute et cela serait sans la moindre déception une luxueuse routière. Mais le prestige de Maserati ne se trouve pas uniquement dans le confort et le soin apporté aux finitions. Non, il tire son essence dans la sportivité et la compétition. C’est pourquoi, bien qu’il soit d’une grande robustesse quand il est bien entretenu, le moteur de l’Indy est avant tout conçu pour lancer ses passagers à des vitesses folles. Les 290 ch transmis aux roues arrière propulsent sans mal les 1580 kg de l’italienne à près de 240 km/h ! Les freins à disque ne seront pas de trop pour stopper la belle en pointe.

Sans maîtrise, la puissance n’est rien. Un slogan que Maserati avait compris bien avant qu’il ne soit utilisé pas Pirelli 30 années après l’Indy. Cette dernière n’est pas qu’un simple dragster, elle bénéficie de grandes qualités routières. A l’avant, on retrouve une suspension indépendante à double triangle superposés, avec des ressorts hélicoïdaux et une barre anti-roulis. Quant à l’arrière, c’est un essieu rigide avec ressorts à lames et une barre anti-roulis qui participent à la tenue de route de la GT. Une direction assistée ainsi qu’un différentiel arrière à glissement limité étaient également disponibles en option.

Baptême en GT italienne

C’est lors de la Traversée de Rennes (à relire ici) que j’ai pu faire la rencontre de Charles. Je cherchais une anciennes pour suivre le rallye de l’intérieur quand il s’est naturellement proposé de m’emmener. J’étais loin de m’attendre à faire un baptême en Maserati Levante. Malgré sa modernité cette dernière est loin d’être aseptisée, offrant tantôt confort ou plaisir à bord. Charles est un véritable passionné et le courant passe vite très bien. Il me propose alors de passer plus tard à la concession Maserati de Rennes, à la Mézière, pour cette fois-ci découvrir un tout autre modèle, bien plus ancien.

C’est le grand jour. Je suis chaleureusement accueilli par Pierre qui m’emmène vers la fameuse auto. L’Indy s’offre à nous, immaculée sous un soleil breton resplendissant, nous invitant à prendre place à son bord. Pierre met le contact et démarre l’Indy. Sans plus attendre, nous partons sur les routes environnantes de la campagne Rennaise.

Les sièges sont d’un confort envoûtant. Dans un premier temps, la sensation de vitesse est à peine perceptible. Le confort et le moelleux de l’assise sont tels qu’ils provoquent comme une inertie et donnent cette impression de force tranquille. Le passage des rapports est un peu déroutant sur les premiers km à cause du pommeau de levier de vitesse entièrement lisse et sans indications. En effet, la conduite d’un tel bijou est un moment privilégié que l’on ne voudrait pas froisser par une erreur suivie d’un craquement de boîte. Peu à peu, les kilomètres s’enchaînent et la conduite se fait plus naturelle. La boîte est bien étagée avec une seconde assez longue. L’italienne avance tranquillement à 40 km/h, le moteur tourne à peine à 2000 tr/min. Pierre relance le V8, passe la 3e et roule à 90 km/h, sans peine, toujours à 2000 tr/min. En côte, la Maserati grimpe facilement… sa consommation aussi !

Maintenant que la belle est maîtrisée, il est temps de voir si elle tient ses promesses de GT. Une pression un peu plus forte sur l’accélérateur nous propulse au cœur des sièges. La douce mélodie berçante du V8 laissent place à un vrombissement grisant. L’Indy enchaîne les courbes avec une simplicité et une stabilité remarquable. Avant même d’être équipée de la suspension Citroën, l’Indy n’avait pas rougir de son amortissement, déjà digne des plus grandes routières.

Seul bémol, la Maserati reste difficile à manœuvrer en ville car ce n’est évidemment pas ce pourquoi elle a été conçue. La faute au gabarit de l’auto et à son rayon de braquage camionesque. La direction assistée en option n’aurait pas été de trop. Mais soyons sérieux quelques instants, trouvez-moi une GT comparable qui soit réellement adaptée à ce genre d’exercice !

Enfin, lors de notre séance photo, il nous est arrivé une légère péripétie : la GT italienne nous a fait le coup de la panne. Plus d’essence après seulement quelques kilomètres parcourus et un plein fait dans l’un des deux réservoirs la veille. Nous avons donc découvert par la pratique qu’un interrupteur sur le côté gauche du volant permettait sélectionner le réservoir abreuvant le moteur. Une pression, un coup de démarreur et nous sommes repartis !

Maserati Indy 4700 de 1971 - News d'Anciennes (100)

Conclusion

Que peut-on dire de plus sur une telle auto ? Seule une prise en main permettrait d’affiner les sensations déjà perçues. En tant que passager j’ai ressenti un plaisir similaire à celui rencontré à bord de la Levante, preuve que Maserati aura su conserver ses qualités en termes de sportivité, de luxe et de confort.

Les plusLes moins
Les performances du V8 !Mais la consommation qui va avec
Le blason italienEt la côte correspondante
Une ligne Grand Tourisme avec 4 vraies placesMais difficile à stationner
Rareté 
Confort 
ImageNote 4- Maserati Indy
EntretienNote 2- Maserati Indy
Plaisir de Conduite ?Note 4- Maserati Indy
ErgonomieNote 3- Maserati Indy
Facilité de conduiteNote 3- Maserati Indy
Note TotaleNote 16 20- Maserati Indy

Rouler en Maserati Indy

Cette Indy est une automobile exclusive, c’est l’un des 364 modèles produits à moteur 4,7 litres. Entièrement révisée, entretenue et restaurée et avec seulement 22.000 km au compteur, tout fonctionne parfaitement, malgré un âge approchant maintenant le demi-siècle.

La Maserati Indy jouit du style emblématique des GT italiennes des années 70, sans pour autant prendre une ride et en restant toujours d’une grande élégance. C’est une vraie quatre places et non pas un simple coupé 2+2. Sa principale rivale de l’époque était Ferrari 365 GT4 2+2, voire la Lamborghini Espada, mais l’Indy présente une ligne plus épurée et un niveau d’équipement surclassant toutes ses concurrentes italiennes et que seules les Aston Martin parvenaient à égaler.

Maserati Indy 4700 de 1971 - News d'Anciennes (67)

Côté facture, elle reste bien évidemment élevée en tous points mais c’est une automobile qui ne procurera pas la moindre déception !

Mécanique Performances 
Architecture8 Cylindres V à 90°Vmax265 km/h
Cylindrée4.719 cm³0 à 100 km/h7,5 s
Soupapes16400 m daNC
Puissance Max290 ch à 5 500 trs/min1000 m da25,5 s
Couple Max43 Nm à 3800 trs/minPoids / Puissance5,4 kg/ch
Boîte de vitesse5 rapports manuelle  
TransmissionPropulsion  
Châssis Conso Mixte17 L/100 km
Position MoteurLongitudinale avantConso SportiveNC
FreinageDisques AV et ARCote 1971NC
Dimensions Lxlxh2600 x 1480 x 1434 mmCote 2019100.000 €
Poids1580 kg à vide 

Merci à Charles, Pierre pour cette découverte et à Tom pour les photos. Cette fabuleuse Indy est disponible à la vente à la concession Maserati de Rennes.

Crédits photos : Maserati Indy – Vincent Decours, Maserati 8CTF Indianapolis 1939 – The Journal Classic Cars Classic

Vincent

https://vincentdecours.com

Ingénieur de formation, il se lance dans les anciennes en 2011 en écrivant "Auto d'Antan", une revue amateur sur les véhicules anciens. Trois ans plus tard il se lance sur la blogosphère puis rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2016 . Il partage la route avec sa Motobécane N40TS, son Vélosolex 3800 et sa Renault 5 GTL.

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