Les 500 Miles d’Indianapolis, une histoire à l’accent français

Publié le par Benjamin

Les 500 Miles d’Indianapolis, une histoire à l’accent français

Bravo Simon Pagenaud. Le pilote français, champion Indycar 2016, s’élancera en pôle des 500 Miles d’Indianapolis ce dimanche 26 mai. Si la course est un mythe américain, la France, ses constructeurs et ses pilotes, ont beaucoup joué dans son histoire.

Dans les années 1910, les français se montrent à Indy

L’Indianapolis Speedway naît en 1909. C’est un ovale « rectangulaire », les 2.5 miles (4.02 km) qui le composent sont des lignes droites séparées par quatre virages relevés, en banking. Il faut noter que ceux-ci ont une inclinaison relativement faible, et ce, depuis sa construction. Si la première course sur une piste composée de gravier et de bitume est un désastre à cause du revêtement, il est pavé dès l’automne… et le brickyard qui compose sa ligne de départ en est l’héritage.

Les premières 500 Miles d’Indianapolis ont lieu en 1911. Les 40 autos sont limitées en cylindrées à 600 ci soit 9800 cm³. Un seul français est au départ, Charles Basle, sur une Buick de 9.73 litres de cylindrée. Ce pilote qui deviendra américain se qualifie 17e, juste derrière Arthur Chevrolet mais abandonnera.

En 1912, il y a déjà moins de participants, 24 sont au départ, qualifiés après avoir couvert un tour à 75 mph de moyenne. Leurs autos sont « plus petites » puisque la cylindrée maxi a été abaissée à 500 ci. Aucun français n’est alors au départ.

L’offensive française

En 1913, il y a deux français au départ. Albert Guyot est engagé sur une Sunbeam mais on note surtout la présence de Jules Goux sur une Peugeot. Attiré, comme les 6 autres concurrents européens, par les 20.000 $ de prime, c’est une équipe commando qu’il emmène, avec Emile Beguin son mécanicien. La voiture à 4 cylindres cube 7,34 litres.
Les qualifications permettent juste de retenir les pilotes, mais c’est un tirage au sort qui détermine la grille.
Jules Goux va dominer ces 500 Miles d’Indianapolis 1913. Pendant la course, il lutte contre la chaleur en s’aspergeant… de champagne. Une caisse complète y passera ! Quand il franchit la ligne il a 13.08 secondes d’avance sur son premier poursuivant !

Pour l’édition 1914, il y a six français au départ ! Jean Chassagne est le seul engagé sur une machine non-tricolore, une Sunbeam. Ernest Friedrich coure sur une Bugatti, René Thomas et Albert Guyot sur des Delage. Peugeot a envoyé une véritable armada puisque les français Georges Boillot et Jules Goux sont épaulés par le belge Arthur Duray.
Cette année là, 40 autos sont engagées et les 30 meilleurs temps sont retenus pour le départ, pris dans l’ordre des temps. Boillot et Goux signent le doublé en qualification.
Malheureusement pour les pilotes Peugeot, les pneus utilisés ne sont pas adaptés. C’est Thomas sur sa Delage qui va l’emporter, devant Duray sur sa Peugeot. Guyot sur Delage et Goux sur Peugeot complètent un quadruplé de voitures françaises !

En 1915, aucun français ne sera au départ. En 1916, Jules Devigne est au départ sur Delage. c’est bien une Peugeot, celle de Resta qui gagne, celle de Mulford termine 3e.

1919 : dernière pôle française

100 ans avant Pagenaud, les 500 Miles d’Indianapolis voient un français partir en pôle. C’est René Thomas, qui est engagé sur une Ballot. La marque française est représentée par quatre autos puisque Louis Wagner, Paul Bablot et Albert Guyot sont aussi au départ sur ces machines.
Delage est absent et c’est évidemment Peugeot qui est l’autre marque française représentée au départ. Jules Goux et André Boillot sont épaulés par deux locaux : Howdy Wilcox et Art Klein.
C’est Wilcox qui va finalement l’emporter. Goux termine troisième devant Guyot et sa Ballot. Aucun autre pilote français n’est à l’arrivée.

Les années 20 débutent bien pour les français

En 1920, on trouve trois marques françaises et quatre pilotes tricolore au départ. La marque Grégoire s’engage pour la première fois avec le pilote franco-italien Jean Porporato. Ballot signe la pole avec l’italien Ralph de Palma, René Thomas et Jean Chassagne étant ses équipiers. Peugeot est bien évidemment de la partie avec Boillot et Goux plus les américains Wilcox et Howard.
Aucune voiture au lion ne sera à l’arrivée. La Grégoire est exclue. Finalement c’est Gaston Chevrolet sur Frontenac qui gagne, devant René Thomas.

Les 500 Miles d’Indianapolis 1921 ne voient que deux marques françaises au départ, mais toujours quatre pilotes. Ballot est représentée par Ralph de Palma (devenu américain) qui signe une nouvelle pôle. Peugeot a réduit la voilure et seuls Wilcox et Chassagne la représentent. Guyot est passé chez Duesenberg et Chassagne est revenu chez Sunbeam.
Ralph de Palma mène 108 tours, plus de la moitié de la course, mais doit abandonner. Aucune auto française n’est à l’arrivée et Guyot est 8e et dernier classé.

Pour l’édition 1922, le drapeau tricolore se fait rare. Seul Goux est au départ sur une Ballot tandis que Eddy Hearne pilote l’autre auto. Une Peugeot est engagée pour Wilcox. Ce dernier ne fera que 6 tours et c’est Hearne sur la Ballot qui signe le meilleur résultat tricolore avec la troisième place.
On notera cependant que le vainqueur, Jimmy Murphy le fait sur une Miller dont le moteur est largement inspiré du moteur Peugeot de 1914 !

Bugatti reprend le flambeau

En 1923, ni Ballot ni Peugeot au départ. En fait seule la marque Bugatti représente la France avec des Types 29/30. Ces autos sont engagées à titre privé avec notamment le franais Prince de Cystria. Pierre de Viscaya (un espagnol), Louis Zborowski (un anglais), Raul Riganti et Martin de Alzaga (deux argentins) complètent les engagements d’autos françaises.
Seul le français sera à l’arrivée à la 9e place.

L’année suivante, aucune auto française n’est au départ. Le clan tricolore n’est représenté que par Antoine Mourre qui se classera 9e sur une Miller.

Des apparitions plus épisodiques

À partir du milieu des années 20, les français se feront plus rares sur l’Indianapolis Speedway. Guyot tente un retour en 1926 sur une Schmidt-Argyle mais abandonne.

L’année 1929 marquera un petit renouveau. Le monégasque Louis Chiron est engagé sur une Delage et termine 7e. Le français Jules Moriceau coure lui une Amilcar mais abandonne.

Ensuite le seul petit accent français sera celui des moteur Offenhauser, souvent vainqueurs. Le Offy est en effet dérivé du Miller… lui-même dérivé du Peugeot.

En 1940 Maserati s’impose avec Shaw. Les français Le Bègue et Dreyfus partagent une auto qui se classe 10e

À partir de 1950 les 500 Miles d’Indianapolis comptent pour le championnat du monde de F1. Pourtant les pilotes français engagés dans en F1 ne viennent pas courir cette première. En 1951, Jean Achard sur Talbot-Lago tentera sa chance sans parvenir à se qualifier.
Si au milieu des années 60 les écuries européennes se ré-intéressent aux 500 Miles, les français ne font pas le déplacement.

L’ère moderne et le retour des français

Il faut attendre 1992 pour retrouver un français au départ. C’est Philippe Gache qui tente sa chance sur une Lola-Chevrolet. Il fera 61 tours avant d’abandonner. Stéphan Grégoire l’imitera l’année suivante. Sur une Lola-Buick il se classera 19e à 5 tours.
En 1996 on le retrouve sur une Reynard-Ford pour un abandon sur incendie. En 1997 sur une G-Force Aurora il est éliminé dès le départ sur un accident massif. L’année suivante il termine, mais très loin. Il signe sa meilleure perf en 2000 en se classant 8e.

En 2001 il abandonnera mais il n’est plus le seul français au départ, Nicolas Minassian est lui aussi engagé mais ne termine pas non plus.
Aux 500 Miles d’Indianapolis 2002 c’est Laurent Redon qui prend le relais. Il échouera sur accident à 4 tours de la fin.

En 2005 c’est la première participation de Sébastien Bourdais. Classé 12e, un accident à 2 tours de la fin alors qu’il est 5e.

Stéphan Grégoire fait son retour en 2006 pour un nouvel abandon. Il faut attendre 2009 pour revoir un français. C’est Nelson Philippe qui est au départ, mais il abandonne.

Bourdais et Pagenaud, les espoirs français

En 2012, Pagenaud et Bourdais sont au départ. Ils se classent tous les deux, respectivement 16e et 20e. L’année suivante Pagenaud se classe 8e, Vautier qui fait ses débuts est 16e, Bourdais abandonne.
Qualifié 5e en 2014, Pagenaud ne se classe « que » 12e, Bourdais accroche la 7e place.

En 2015 Pagenaud part en première ligne et va mener 35 tours. 10e à l’arrivée il devance Bourdais d’une seconde. Vautier a abandonné.

En 2016, même si Pagenaud est champion, les 500 miles ne sont pas sa meilleure course. Il termine 19e, Bourdais est le meilleur français à la 9e place. L’année suivante Bourdais n’est pas au départ, victime d’un effroyable crash aux essais. Pagenaud termine à 6 secondes mais à la 19e place.
Enfin l’année dernière, Pagenaud s’est qualifié second. Leader durant un tour il se contente finalement de la 6e place… le meilleur résultats d’un français depuis René Thomas en 1920 !

Mise à Jour le 26/05 :
C’est fait ! Simon Pagenaud a ajouté son nom au palmarès des 500 Miles d’Indianapolis après sont dépassement à l’avant-dernier tour de la course. Une belle manœuvre qu’on vous invite à revoir ici :

 

Photos : Bonhams, Detroit Public Library Digital Collections, IndyStar, Indycar

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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