Les V8 Ford Windsor, une histoire de gros cubes

Publié le par Benjamin

Les V8 Ford Windsor, une histoire de gros cubes

289, 427. Ces chiffres ne sont pas que des badges à apposer sur l’aile d’une belle américaine. Ils révèlent la cylindrée (monumentale vue de notre vieille Europe) des moteurs V8 Ford Windsor que l’on trouve sur bien des américaines. Comme les rotatifs ou le PRV, dont on a déjà parlé, cette famille de moteur mérite bien qu’on s’y intéresse d’un peu plus près.

Les V8 Ford Windsor : 40 ans de bons et loyaux services

C’est à partir de 1961 que Ford a produit la famille des V8 Ford Windsor. Celui-ci a connu bien des évolutions au gré des différentes cylindrées, on en reparlera après. Ce sont ces cylindrées qui donneront leurs noms à ces moteurs. Bien que les chiffres ne parlent pas aux européens, le plus petit des V8 Ford Windsor cubait 3.6 litres (221 ci) et le plus gros 5,8 litres (351 ci). Enorme !

Concernant le nom, rien à voir avec la famille royale anglaise. Simplement au cours de la vie de cette famille de V8, il y avait une autre famille de V8 proposée par Ford, les Cleveland (arrivés en 1969). Pour différencier les deux familles on utilisa comme « nom » celui des usines dans lesquelles elles étaient fabriquées. Les Windsor étaient fabriqués en Ontario, à Windsor, les Cleveland en Ohio, à Cleveland.

Les V8 Ford Windsor sont des moteurs culbutés. L’arbre à came est central et gère les deux bancs de cylindres. Le bloc en fonte était réduit pour gagner du poids et des chapeaux de paliers rapportés retenaient le vilebrequin.

La première apparition de ces V8 sous un capot a lieu en 1962 avec le 221 ci installé dans la Ford Fairlane. A partir des années 90, il sera remplacé par un nouveau V8 à arbres à cames en tête. Les dernières Ford américaines à le recevoir sont les SUV Explorer en 2001 et les dernières autos de grande série, les Falcon et Fairlane australiennes en 2002.

Les différents V8 Ford Windsor

Le 221 ci

Premier des V8 Ford Windsor, il se retrouve donc dans la Fairlane en 1962, en option, puisque des 6 cylindres constituent l’offre de base.

Dans cette configuration de 3621 cm³ (alésage 89mm, course 72,9 mm) le V8 développe 145 ch SAE à 4400 tr/min et 293 N.m de couple à 2200 tr/min. Sa compression est fixée à 8,7:1.
Pour une première, elle est remarquée puisque ce bloc ne pèse « que » 210 kg et il se révèle compact. En tout cas, bien plus que les autres moteur de l’époque.

C’est une des productions les plus courtes puisqu’elle s’arrêtera dès 1963. En effet on estime chez Ford que 270.000 moteurs, ce n’est pas assez !

Le 260 ci

Deuxième version du V8 Ford Windsor, celle-ci est plus connue. Apparue en Mars 1962 elle cube 4,3 litres par un réalésage à 96,5 mm. La compression est légèrement augmentée avec 8,8:1 mais le reste est semblable au 221 ci. La puissance atteint 164 ch SAE et le couple 350 N.m.

On le retrouve sur les Fairlane et progressivement sur toutes les autos « moyennes » de la Ford Motor Company. Les Falcon le recevront, tout comme les Mustang « 64 ½ » et la Mercury Comet.

Il en sera dérivé une version hautes performances. Bielles revues, taux de compression augmenté, arbre à cames différent, carbu quadruple corps, on fait les choses en grand. 260 chevaux SAE en sortent et il sera produit à une centaine d’exemplaires pour un client en particulier : Caroll Shelby qui en équipe ses premières Cobra, les plus rares et les plus recherchées.

La concurrente de la Cobra, la Sunbeam Tiger (on en parle plus en détail ici) s’équipera également du 260 ci, mais dans sa version « de base ».

Le 260 ci n’aura pas non plus une carrière très longue puisqu’il s’arrêtera avec l’année modèle 64. 604.000 moteurs ont été fabriqués en un peu plus de deux ans.

Le 289 ci

Là, ça cause ! Le 289 est certainement celui qui représente pour beaucoup la « base » des V8 Ford Windsor. Apparu en Avril 1963 son alésage est porté à 101,6 mm et ça deviendra la norme du reste de la famille. La compression revient à 8,7:1, la puissance atteint 195 ch SAE et le couple 386 N.m. Les versions 2V et 4V ne désignent pas le nombre de soupapes mais le nombre de compartiments des carburateurs.

Il va remplacer dans la gamme Ford le 260 ci et se monter dans une multitude d’autos puisque c’est alors le standard des V8.

Il va connaître plusieurs versions :

  • le D-Code avec carburtaur 4 corps, 210 ch, compression 9,0:1 en option sur les Mustang 64 ½)
  • le C-Code apparu en 1965 comme un standard avec compression à 9,3:1, une puissance de 200 ch et un couple de 382 N.m
  • le A-Code apparu en 1965 lui aussi, à carburateur 4 corps, 10,0:1 de compression, 225 ch et 414 N.m de couple

Le 289 s’arrêtera en 1967. Ce qui est intéressant à noter c’est que c’est l’usine de Cleveland qui fut la plus grosse productrice avec 3.5 million de ces V8, loin devant Windsor qui n’en produisit que 800.000.

Le V8 Ford Windsor 289 ci HiPo

C’est un dérivé optionnel, proposé sur les Fairlane et les Mustang notamment. L’objectif est un moteur plus performant, qui tourne plus vite.

Énormément de changements apparaissent. Les chambres sont différentes, les pompes à eau et à huile sont adaptées, l’allumage est géré en avance par la dépression et le carburateur Autolite 4 corps l’alimente. Résultat, une compression à 10,5:1, une puissance de 275 ch à 6000 tours/min et un couple 423 N.M, lui aussi haut-perché à 3400 tours…

C’est ce moteur qui sera modifié et monté dans la Shelby GT-350. Carburateur Holley 715 CFM, collecteur d’admission en alu et collecteurs d’échappement spéciaux, entre autre, permettaient de faire passer la puissance à 306 ch. Pour empêcher tout déjaugeage on installa aussi des compartiments dans le carter d’huile.

Au total ce sont 25.000 moteurs K qui furent construits.

Le 302 ci

En fait le V8 Ford Windsor le plus répandu, c’est celui-ci. Et son histoire n’est pas banale. En 1967, les Ford MkIV (dernière évolution de la GT40) utilisent le Big Block de la gamme. Mais ces autos se retrouvent interdites par la nouvelle réglementation. Les protos devront faire 3L et seules les voitures de sport peuvent faire jusque 5 litres. Les MkI de base utilisaient le 289 mais il leur restait de la marge en cylindrée. On utilisera alors le 302 qui cube 4942 cm³. Et comme les autos de sport sont des autos « de route » on doit utiliser ce moteur sur les fabrications du groupe. Qu’à cela ne tienne, on remplace le 289 par le 302 à partir de l’année modèle 1968.

Le 302 utilise les mêmes pistons que le 289, son alésage reste à 101,6 mm mais la course passe à 73,6 mm. Les soupapes sont actionnées par des poussoirs hydrauliques. Avec un carbu double-corps il développe 220 ch et 10 de plus avec un quadruple-corps.

Falcon, Fairlane, Mustang, F-Series, Torino, Bronco, Ranchero, on retrouvera ce V8 Ford Windsor dans toutes les Ford de l’époque… jusqu’en 1978. Par contre, il ne sera réellement produit à Windsor que jusqu’en 1970, l’usine de Cleveland le récupérant après cette date.

Le 5.0 litres

En fait en 1978 le 302 ne s’arrête pas… mais change de nom. En fait il s’agit surtout de distinguer le 302 du 300 qui est lui un 6 en ligne. Il perdure jusqu’en 1982. L’année suivante c’est l’arrivée de l’injection monopoint puis en 1986 la multi-points. Sous cette forme le 5 litres durera jusqu’au début des années 90 et son remplacement par le nouveau moteur à arbres à cames en tête.

Le 5.0 H.0

Cette version à meilleur rendement est introduite en 1982. La base est toujours celle du 302, d’abord un carbu double, puis quadruple à partir de 1983. En 1986 il recevra également l’injection.

Les version méchantes !

Le 302 développé donc pour la GT40 va se révéler utile en TransAm. En effet Chevrolet taille des croupières à Ford et ce nouveau moteur TransAm 302 va se révéler une des solutions. Le bloc est celui de la GT40 mais les culasses sont celles du big block 427 utilisé en NASCAR. En montant à 8000 tours minutes, Shelby en sort 450 chevaux !

Shelby va également utiliser le 302 pour sa GT-350. Avec des soupapes majorées, et une préparation semblable au 289, ce sont 315 chevaux qui sortent de ce moteur. Ce bloc a la particularité d’avoir été produit au Mexique, où l’usine était sollicité quand Cleveland ne parvenait pas à produire assez de moteur.

Enfin le 302 c’est aussi le Boss 302. Là le moteur est revu avec des évolutions qui sont prévues pour le moteur Cleveland. La puissance atteint alors 310 chevaux et ce V8 Ford Windsor équipe les Mustang 302 en 1969 et 1970.

Le 255 ci

Là on parle d’un V8 Ford Windsor assez méconnu puisque sa production n’aura duré que deux ans, entre 1980 et 1982. Ce « petit » V8 permet aux autos de se plier aux normes californiennes de pollution. Il servira en fait d’intérimaire avant que Ford n’introduise son V6. Il est basé sur le 302 mais son alésage est réduit à 93,1 mm. La culasse est quand à elle spécifique. La puissance atteint 120 chevaux et il sera produit à 253.000 unités.

Le 351W

Là ça se complique. Le 351W indique dès le départ, le W, qu’il est produit à Windsor. Pourquoi ? Et bien parce que Ford produira aussi un 351 Cleveland !

Ce moteur arrive en 1969. Il diffère des autres V8 Ford Windsor sur bien des points. D’abord son ordre d’allumage (1-3-7-2-6-5-4-8) ensuite l’allumeur est différent tout comme les pompes à essence et à huile, plus grosses. Pour monter à 5,8 litres, la course atteint 88,9 mm. Par conséquent le bloc est légèrement plus long que les précédents. La version à carburateur double atteint 250 ch SAE, la quadruple corps monte à 290. Il faut quand même savoir que ces puissances SAE ne seront utilisées que jusqu’en 1972 et on se rend alors compte qu’on parle en fait de 153 et 161 ch « nets ».
Ce moteur aura beaucoup de petites évolutions, mais en 1988 la version quadruple corps est remplacée par une version à injection.

Tous les 351 seront fabriqués à Windsor et ce sont 8,6 millions de ces V8 qui sortiront des chaines entre 1969 et 1996. Il sera monté sur les Ford Galaxie, Mustang (notamment Mach 1), E Series, Thunderbird, Bronco, E Series et F Series, mais aussi sur les Mercury Cougar, Marquis et Grand Marquis. Il fera même une brève apparition sur la Lincoln Continental en 1980.

Le 427 aluminium

Là on part dans le délire absolu. Il s’agit d’un bloc Windsor, coulé en alu, et alésé pour atteindre 427 ci ! Il a été créé par Saleen dans les années 2000 pour sa S7. Si les 550 chevaux de base ne suffisaient pas, la version biturbo sortait 750 ch !

Les V8 Ford Windsor font de la résistance

Vous remarquerez qu’on ne parle pas de chiffre de production… vu que vous pouvez acheter un V8 Ford Windsor en 2019. Neuf, avec les dernières technologies disponibles !

Le X302 est ainsi encore au catalogue et le 351 est aussi trouvable en neuf ! Parfait pour faire de votre ancienne un dragster moderne, par contre n’espérez pas courir en historique avec ces moteurs et leurs technologies du XXIe siècle !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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