Facel Vega s’exposait à l’Avignon Motor Festival 2019

Publié le par Thomas

Facel Vega s’exposait à l’Avignon Motor Festival 2019

Après Ferrari en 2017 et Porsche en 2018, le salon d’Avignon rendait cette fois hommage à la défunte marque française Facel Vega. Revenons ensemble sur cette exposition de qualité qui retraçait l’histoire du constructeur haut de gamme à travers de nombreux exemplaires présents.

Pour retrouver la visite complète de l’Avignon Motor Festival 2019, c’est par ici.

Facel-Métallon, le sous-traitant

Fondée en 1939, la société Facel (pour Forges et Ateliers de Constructions d’Eure-et-Loir) était à l’origine une filiale de Bronzavia, firme aéronautique investie dans le milieu militaire en cette période de Seconde Guerre Mondiale. Très vite, l’entreprise s’installa à Dreux dans des locaux d’une taille suffisante pour suivre la cadence imposée.
L’homme marquant de cette situation était Jean Daninos, alors directeur de ladite Bronzavia, qui partit aux États-Unis en 1941 avant de revenir en France quatre ans plus tard afin d’entreprendre. Il prit ainsi les rênes de Facel en 1945, qu’il fit fusionner avec la société Métallon. Décision fut alors prise de sous-traiter la carrosserie de grands constructeurs.

Ce fut le cas de Panhard, qui s’adressa à la marque afin d’assembler les carrosseries en aluminium des Dyna, mais aussi de Piaggio France avec les coques des scooters Vespa ou encore de Delahaye pour le VLR destiné à l’armée.
Le cœur du département était toutefois la production de modèles luxueux et l’un d’eux fut la Simca 8 Sport. Commercialisée à l’occasion du millésime 1950, celle-ci était déclinée en cabriolet et en coupé. Elle disposait d’un moteur quatre cylindres de 1.221 cm3 développant 50 ch, de quoi permettre d’atteindre 135 km/h en vitesse de pointe. Le cabriolet exposé à Avignon (#849365) fut mis en circulation en octobre 1949 et peut se targuer d’avoir appartenu à l’artiste Georges Braque.

En cours d’année 1952, la voiture évolua en 9 Sport et dérivait de l’emblématique Aronde. Plus qu’un simple changement de dénomination, il était question de profondes modifications. La puissance était de 51 ch, l’empattement était allongé, la structure devenait monocoque et se cantonnait au coupé tandis que l’apparence était revue avec calandre, pare-chocs et (entre autres) optiques inédits. L’exemplaire présent offre un historique particulier puisqu’il resta dans la même famille de sa sortie d’usine en 1954 jusqu’en 2018 !

L’année-modèle 1955 connut le remplacement de la 9 Sport par deux modèles : un coupé et un cabriolet baptisés respectivement Coupé de Ville et Week-End. Les retouches les plus évidentes étaient la calandre peinte, les clignotants ronds disposés sous les phares et la présence de jantes à voile plein. Le club Simca France présentait #700923, un coupé datant de 1956.

Le partenariat avec Simca se poursuivit avec l’arrivée en 1956 du coupé Plein Ciel et du cabriolet Océane, équipés du bloc Flash 1.290 cm3 de 57 ch issu de l’Aronde 1300. L’élément marquant était le recours à un pare-brise panoramique inspiré des voitures américaines, complété par une calandre grillagée. Trois autos avaient fait le déplacement, dont la Océane #27850006.

Facel Vega, le constructeur

Outre les activités de sous-traitance précédemment évoquées, Jean Daninos souhaitait aller plus loin en créant ses propres voitures. Un prototype fut mis en oeuvre à partir de 1952 et c’est l’écrivain Pierre Daninos, frère du patron, qui trouva la dénomination Vega. Celle-ci évoquait l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation de la Lyre et resta inscrite dans les mémoires. Une fois terminé, le prototype fut présenté à la presse puis au public courant 1954. Il fit sensation avec ses lignes de coupé élégant, sa calandre à maillage épais, ses ailes terminées par des feux délicats et son V8 De Soto 4.528 cm³ développant 180 ch. La production en série fut lancée en 1955 avec le nom officiel de Facel Vega FV. Dix exemplaires sortirent des usines et c’est #55-007, ni plus ni moins que la plus ancienne Facel de production survivante, qui trônait en Avignon. D’abord utilisée comme véhicule de démonstration, elle fut livrée en octobre 1955 au Ministère de l’Intérieur.

Après l’arrivée d’une FV1 à la recette quasi inchangée, ce fut au tour de la FV2 d’entrer en scène en 1955. Des modifications majeures marquèrent un tournant dans l’histoire de la marque puisqu’un pare-brise panoramique ainsi qu’un tableau de bord en faux bois peint furent intégrés.
Autre modèle marquant, la FV3 vit le jour en 1956. Sa face avant était revue avec deux phares disposés verticalement au bout de chaque aile alors que la calandre et les grilles auxiliaires en profitaient pour gagner en largeur. Le V8 était le Plymouth P29 4.527 cm3 de 200 ch, offrant une vitesse de pointe tutoyant les 200 km/h. Un cabriolet et quarante-cinq coupés furent construits, dont #57-166 livré à son premier propriétaire en décembre 1956 dans le Nord de la France.

Le firmament fut atteint avec la Facel II, commercialisée en 1961. A son lancement, il s’agissait du coupé quatre places le plus rapide du monde avec près de 240 km/h (!) dans sa configuration la plus puissante. Sa carrosserie semblant dessinée d’un seul trait était terminée à l’avant par des phares Mégalux et à l’arrière par des feux ronds. Les chanceux clients pouvaient opter pour un V8 de 6.3 litres voire de 6.8 litres, alors que le freinage était assuré par des disques. L’intérieur voyait ses commandes et autres témoins regroupés dans une console centrale, le faux bois peint ornant toujours la planche de bord. 184 exemplaires furent assemblés et c’est le dernier de la série (#HK2-B182) qui était exposé. Il fut livré en mars 1965 à un propriétaire lyonnais avec le moteur de 6.3 litres associé à une boîte de vitesses manuelle.

Facel Vega s’aventura également dans le milieu des berlines luxueuses avec l’Excellence, introduite au catalogue en 1958. Produite en trois séries distinctes (EX, EX1 et EX2) à 153 unités, elle affichait des dimensions hors normes avec 5.23 m de long et un poids proche des deux tonnes. L’une des spécificités était la présence de portes antagonistes sans montant central, permettant notamment un accès à bord aisé. L’exemplaire de l’exposition était #EX1-B092, construit en 1960 de couleur grise avec intérieur beige.

Afin de diversifier sa gamme, la marque lança en parallèle des modèles V8 des voitures plus petites. La plus connue est certainement la Facel Vega Facellia, concurrente des Porsche 356 et autres Alfa Romeo, datée de 1960. Le quatre cylindres en ligne 1.646 cm³ maison à deux arbres à cames en tête développait 115 ch, puissance transmise aux roues arrière via une boîte manuelle à quatre rapports. La production atteignit 1.045 exemplaires, répartis en trois types de carrosseries : cabriolet (616), coupé quatre places (381) et coupé 2+2 (48).
Plusieurs Facellia trouvaient place sous la charpente du parc des expositions : #FA-A405 récemment engagé au rallye de Monte-Carlo historique, #F2B-142B connu pour son rôle dans le film OSS 117 : Le Caire Nid d’Espions dans sa robe bleue, #FA-A201 qui servit de prototype aux coupés 2+2 et #F2B-137A doté d’un rare hard-top à casquette débordante.

Autre modèle quatre cylindres, la Facel III fut distribuée dans les concessions à compter de 1963. Elle faisait confiance à un bloc Volvo 1.780 cm³ de 108 ch accompagné d’une boîte quatre rapports à overdrive optionnel provenant de la même origine. D’un point de vue stylistique, elle s’avérait proche des dernières Facellia avec son tableau de bord à faux bois et ses phares Mégalux mais s’en différenciait par une malle de coffre plus galbée et descendant plus bas, des feux ronds, une calandre à maillage épais et des grilles à séparation horizontale. 625 exemplaires furent écoulés, dont les deux en place en terres vauclusiennes : un cabriolet livré en juillet 1963 à Marseille et un coupé (#FB-C356) gris envoyé en juin 1964 au concessionnaire de Dreux.

Terminons enfin par la Facel 6, un modèle rare et le seul du constructeur équipé d’une motorisation six cylindres en ligne. Celle-ci provenait de l’Austin-Healey 3000, avec une cylindrée toutefois ramenée à 2.852 cm³, et développait 150 ch grâce à deux carburateurs SU. Le montage du bloc britannique imposa de modifier le capot par rapport à la Facel III puisqu’il était plus long et voyait son bossage gagner en largeur. Malheureusement, l’arrivée de la Facel 6 en 1964 fut tardive et seuls quarante-quatre exemplaires sortirent des ateliers. Le coupé exposé est #F6-A204, d’origine de couleur Greggio glacé et intérieur beige.

Au total, Facel Vega produisit près de 2.900 voitures sous sa propre marque en dix ans et restera dans l’Histoire comme l’un des derniers constructeurs automobiles français haut de gamme. La disposition des autos à l’Avignon Motor Festival avait quelque chose de magique, et permettait de constater à la fois l’évolution et la filiation entre les différents modèles. Nul doute que cette réunion a marqué de nombreux visiteurs !

Thomas

https://numeroschassistb.com/

Passionné d'anciennes en général mais vouant surtout un culte aux Facel Vega (au grand dam de son entourage...), il a rejoint News d'Anciennes en 2015 suite à une discussion impromptue lors de Rétromobile avec Benjamin. Il est propriétaire d'une Talbot Samba Cabriolet datant de 1983.

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