Au volant d’une Alfa Romeo Junior Zagato, le biscione en mode original

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Alfa Romeo Junior Zagato, le biscione en mode original

Ok, on a pas encore essayé de coupé Bertone (mais on en a déjà fait une vidéo). Mais pour essayer un coupé avec le Bialbero j’ai eu la chance de pouvoir conduire… un Alfa Romeo Junior Zagato, certainement le plus original coupé de la série.

(Toute) petite histoire de l’Alfa Romeo Junior Zagato

En 1963 Alfa Romeo introduit un coupé dérivé de sa Giulia série 105. Ce Giula GT va prendre le nom de son designer : Bertone. Un coupé aussi réussi stylistiquement que mécaniquement. Diverses évolution vont voir le jour, dont Junior qui sort en 1966 avec un 1300.

En 1969, un autre designer s’attaque à ce coupé : Zagato. Sauf… que non. En fait le Junior Zagato n’est pas du tout un coupé Bertone recarrossé. C’est en fait un châssis de Spider, raccourci de quelques centimètres. Le moteur 1300 de 104 ch et la boite 5 vitesse sont ceux qui font merveille dans le Bertone Junior, mais la carrosserie est évidemment différente. C’est Alfa qui est à la manœuvre et qui a commandé l’auto. Le but est de toucher une clientèle plus féminine avec un dessin plus fin.
Les premières autos sortent avec un capot avant et des portes en alu. Finalement ces éléments adopteront l’acier classique lors d’une première évolution.

En 1972 après 1108 Junior Zagato produits le moteur est remplacé. Place au 1600 de 109 chevaux. L’autre évolution est que l’auto est plus longue vu qu’ici le châssis du spider est conservé tel quel. C’est en 1974 que la production s’arrête après 402 voitures produites dans cette seconde série. Il faut noter qu’à l’époque, l’auto n’est pas importée en France !

Notre Junior Zagato du jour

On commence par remercier son propriétaire. Jerôme adore les Alfa. Mais son truc à lui c’est plutôt la série 116 dont il vend des pièces via sa boîte Scuderia 116. On retrouve l’auto dans la région choletaise. Une terre d’automobile, entre Venturi… et feu Heuliez qui nous accueille pour la séance photo.

Design : rien d’un Bertone

C’est vrai que ce Junior Zagato n’a rien à voir avec le coupé Bertone. Il paraît bien plus petit que son cousin. Les proportions n’ont rien à voir non plus. Le coupé Bertone a un dessin très typé années 60 quand notre Z est clairement tourné vers les années 70. D’ailleurs Giugiaro chez Bertone s’inspirera de ces lignes pour les Alfetta GTV (il suffit de regarder).

Ces lignes justement, sont très tendues. L’avant descend très bas, avec une silhouette en coin, et se termine avec une originalité stylistique assez rare. La face avant est reconnaissable entre 1000. Entièrement vitrée, elle abrite 4 phares derrière un plexi qui reste évidé en son centre pour reprendre la calandre de forme… Alfa.
De face elle semble d’ailleurs bien plus large qu’elle ne l’est réellement. L’arrière est tronqué, un vrai fastback avec une grande lunette arrière et un léger becquet parfaitement intégré. De 3/4 arrière on lui prête volontiers une ressemblance avec une Saab Sonett III qui apparaîtra l’année suivante.

Notre auto du jour est dans son jus. Quelques imperfections sont visibles ici et là, entre le rétro chromé et légèrement piqué et quelques petites cloques. Mais globalement c’est une magnifique patine qui habille la Junior Zagato.

Intérieur : lui aussi dans son jus

Le tableau de bord est plutôt sympathique dans sa forme. Le grand volant en bois tranche avec le reste est fait plus ancien. Normalement celui du Junior Zagato est en bakélite et n’a que deux branches. Le levier de vitesse adopte lui un angle peu commun, pas horizontal mais presque. Les compteurs sont nombreux et permettent de bien juger de la santé de l’auto… quand l’électricité fonctionne bien du moins ! Les sièges adoptent un dessin assez original, très évidé dans le haut du dos, mais ils ont un appui-tête.

Comme sur toutes cette génération d’Alfa on note sur le côté gauche un accélérateur à main. L’ancêtre de nos régulateurs actuels.

Le moteur : on a vu gros !

Un Junior Zagato emporte normalement un moteur Junior : c’est à dire le 1300. Mais pas là. Pour des raisons d’agrément, il a été remplacé par un gros 2000 ! Si c’est toujours un bialbero, les performances n’ont rien à voir. De base le 1300 fait 104 chevaux et 138 nm de couple. Là on aura sous le pied droit un moteur avec un joli caractère mais 130 chevaux et 182 nm de couple ! Signe évident de la transformation : la boîte à air a reçu quelques coups de marteau pour se loger dans ce compartiment moteur… pas si gros.

Au volant de l’Alfa Romeo Junior Zagato

Cours d’anatomie

J’ouvre la portière gauche, particulièrement légère. En fait sur notre modèle, la droite est en acier, mais la gauche est en alu. Ce qui semble à peu près coller avec la date de fabrication. Pour se glisser dedans ce n’est pas si compliqué, mais cela demande quand même de se contorsionner un peu. Comment diable Jerome arrive-t-il à caser sa grande carcasse là dedans ? Mystère et boule de gomme.

Le siège se règle en profondeur et la ceinture est du coup correctement réglée. Les commandes maintenant. Le volant est à sa place, les pédales sont dans son axe. Jusqu’ici ça va. Le levier de vitesse est implanté sur la console. Pas à la verticale, ni à l’horizontale… en fait c’est pour être en prise directe qu’il est installé de la sorte. Pour aller l’attraper, aucun problème.
Par contre, soit la clientèle italienne de Zagato n’est pas foutue pareille que moi, soit ce sont des extraterrestres qui ont implanté les pédales. Dans l’axe, heureusement, mais en hauteur. A moins d’avoir de très grands pieds, impossible de poser le talon par terre et de toucher ces pédales ! Il faut donc lever les pieds pour appuyer dessus.

La voiture démarre au quart de tour. Le moteur est coupleux et lance bien l’auto. Le 1300 a la réputation de devoir être monté dans les tours. Le 2 litres qui s’est installé sous le capot (alu) de notre auto du jour est certainement plus souple. En tout cas en ville les bas régimes ne le gênent pas, je passe la 4 à 50, mais vraiment pas avant. La direction est plutôt souple et légère. Pour autant je sais où je vais et l’auto ne me laisse pas de flou. La Junior Zagato se conduit en fait comme n’importe quelle auto « normale »… en utilisation normale.

Au premier rond point, il faut regarder dans les rétros. Et là encore notre extraterrestre ergonome est passé par là. Le petit rétro sur l’aile avant est inutilisable puisque derrière le montant de pare-brise ! Bon… on se rabat sur le rétro central qui lui est en partie obstrué par le ciel de toit, mais là c’est le problème de notre auto du jour.

La réfection des routes : une bonne idée sur le long terme

Sortie d’agglomération, les petites routes qui mènent à Cerizay ne sont pas exemptes de tout reproche. Notre italienne du jour s’en accommode plutôt bien et les ralentisseurs et autres rustines passent sans trop de soucis, que ce soit pour elle ou nos lombaires.

Le bialbero 1750 du Spider Veloce m’avait laissé un bon souvenir quand il fallait taper dedans. Le 2 litres est maintenant chaud, c’est parti. Je repasse en seconde et c’est parti. Pied dedans, le moteur monte dans les tours sans aucun soucis. La poussée arrive de façon relativement linéaire et le moteur monte à 5000 tr/min avant que je ne change de vitesse. Il faut alors ralentir. La route est en pleine réfection, goudron frais, puis cailloux et nous voilà libres. Je réaccélère et rentre la 5e. Une VRAIE 5e. Ce n’est pas une vitesse surmultipliée et on peut encore accélérer vivement avec. Elle permet aussi de faire retomber le volume sonore dans l’habitacle et de rouler sereinement à un 80 km/h de bon père de famille.

Quand soudain arrive un virage. Je vais chercher la pédale de frein en levant la jambe, et tourne. Le train arrière glisse un peu, pourtant ce n’est pas la grande arsouille ! « J’ai quand même pas un pneu crevé ?! » s’exclame Jerome. Rond point suivant : la même ! Merdouille ! Que pasa ? Nous sommes arrivés sur l’ancien site d’Heuliez pour nos photos, et en descendant, on a la solution : le goudron frais a attrapé de nombreux graviers. Pas étonnant que ça glisse, c’est comme si on avait des pneus cloutés !

Petites routes : bon équilibre

Une fois qu’on a roulé sur les dalles de ciment de Cerizay, les pneus arrière sont presque propres. Parfait on va pouvoir avancer ! Après une nouvelle séance urbaine, de toutes petites routes s’ouvrent à nous. La Junior Zagato y est à son aise ! On oublie la 4e et la 5e, la seconde et la troisième vont nous régaler dans les tours ! Le moteur aime plutôt bien ce rythme et on relance très bien entre chaque virage. La commande de boîte est rapide et l’orientation du levier n’est pas du tout un problème. Les reliefs sont avalés sans broncher.

Les freins… freinent. Ce n’est pas le mordant absolu, je reste au volant d’une auto qui approche de la cinquantaine, mais ça freine, en ligne et de façon linéaire. Les gravillons sont partis, la glisse du train arrière aussi. L’Alfa a retrouvé un comportement plus rassurant. Un tout petit peu de sous-virage, mais rien de bien méchant. Le grand volant mène l’auto exactement où je veux, c’est parfait. Sur ces mêmes routes, fermées à la circulation, ce serait un pied monumental. Là c’est déjà très agréable. J’en ai presque oublié que je me muscle les abdos et les cuisses à chaque changement de pédale.

Certaines critiques de l’époque décriaient la rigidité de l’auto. En fait le Junior Zagato n’est pas extrapolé du Bertone, mais du Spider Conda Longa ! Et il en garde les renforts. J’avais trouvé le spider plutôt rigide, pour un cabriolet, le coupé du jour l’est encore plus. Rien à redire de ce côté là du coup.

Conclusion : Z’aime bien cette Alfa

Difficile de trouver des défauts à cette Alfa Romeo Junior Zagato. Moteur puissant et coupleux, boite bien étagée, freinage suffisant, bref rien qui ne déroute avec un assemblage de tels composants. Une auto facile à conduire, et puis tellement originale. On notera cependant un comportement… bah que j’aurais apprécié presque plus joueur. Les sensations mécaniques sont bonne mais auraient pu être plus poussées. Trop Junior ?

Les Bertone et Spider sont courants, la ligne de notre Zagato l’est beaucoup moins. Et c’est probablement une des autos frappées du Z les plus abordables.

Rouler en Junior Zagato

Pas facile de trouver un Junior Zagato ! 1500 exemplaires produits, et surtout aucun 1300 n’a été importé en France à l’époque. Il a fallu attendre les années 80 pour en voir débarquer d’un coup une dizaine en France.

Un 1300 d’origine et en parfait état se paye. Beaucoup plus rare que le coupé Bertone (produit lui à 212.000 exemplaires) le Junior Zagato se négocie autour des 50.000 € ! Evidemment il faudra faire attention à l’état de l’auto. La mécanique est robuste et si elle a été bien entretenue elle ne vous posera pas de soucis. Pour ce qui est du reste : gare à la corrosion. Ce n’est pas le fait que ce soit une italienne, simplement c’est une auto des années 70.

Enfin, on fera très très attention aux pièces spécifiques. Le Junior Zagato est rare, ses pièces le sont encore plus. Les ouvrants en alu sont introuvables, tout comme certaines autres pièces esthétiques. Là encore, on se reposera sur la mécanique dont toutes les pièces sont trouvables, entre l’origine et la refabrication.

ImageNote 3- Junior Zagato
EntretienNote 3- Junior Zagato
Plaisir de ConduiteNote 3- Junior Zagato
ErgonomieNote 1- Junior Zagato
Facilité de conduiteNote 4- Junior Zagato
Les  PlusLes Moins
D’un Z qui veut dire…Ergonomie nulle
Moteur irréprochableGare à la corrosion
OriginaleOn l’aurait voulue plus sportive
Rareté
 Note TotaleNote 15 20 1- Junior Zagato
Fiche Technique (normale) de la Junior Zagato
MécaniquePerformances
Architecture4 Cylindres en ligneVmax173 km/h
Cylindrée1290 cm³0 à 100 km/h​12,6 s
Soupapes8400m daxx s
Puissance Max104ch à 6000 tr/min1000m da33.7 s
Couple Max138 Nm à 3000 trs/minPoids / Puissance9.32 kg/ch
Boîte de vitesse5 rapports manuelle
TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixtexx L/100 km
Position MoteurLongitudinale avantConso Sportivexx L/100 km
FreinageDisques pleins AV et AR
Dimensions Lxlxh390 x 155 x 128 cmCote 1969NC en France
Poids970 kg à videCote 201855.000 €

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Michel Bikar

    Bonjour,
    Je possède plusieurs alfas anciennes en série 101 (spider giulia) et 116 (gtv et berline alfetta inox) et ai souvent commandé des pièces 116 à Jérôme, Scuderia116, qui est toujours d’excellent conseil.
    Par contre, à titre personnel, je trouve vraiment dommage de monter un moteur 2000cc, beaucoup plus lourd que le 1300 (première série Z) et ensuite le 1600 (seconde série Z) dans une voiture conçue pour rester légère. La direction doit forcément être très lourde! Où est l’agrément de la conduite sur petites routes? Il y a suffisamment de moteurs 1300,1600, 1800(à la rigueur) en occasion, pour faire l’affaire. Quant à taper dans le filtre à air pour le faire rentrer sous le capot, c’est impardonnable! Il existe de beaux petits filtres neufs en forme de camembert qui sont parfaits à tous points de vue.

    Répondre · · 9 novembre 2018 à 10 h 35 min

  2. Jean Luc Houtreille

    Si ça vous dit d’essayer un coupé Bertone 1300…..

    Répondre · · 10 novembre 2018 à 8 h 20 min

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