Acheter Une Ancienne : des Alternatives aux Stars du Marché

Publié le par Alexandre Guirao

Acheter Une Ancienne : des Alternatives aux Stars du Marché

Alexandre Guirao est dans le milieu automobile depuis des années. Il a fondé Classic Auto Invest. Ce nom ne doit pas faire peur, car ce n’est pour investir que ses clients le contactent, mais pour acheter la bonne auto, au bon budget, sans prendre de risque. Dans Acheter Une Ancienne, il nous livre quelques secrets pour bien acheter une ancienne… et ne pas en acheter d’autres !

Certaines autos iconiques sont devenues impraticables au niveau tarif. Alors pour y remédier, il faut bien un peu de culture automobile et un un bout d’esprit d’aventure pour trouver des alternatives autant attractives qu’attachantes. On vous propose ici de sortir des sentiers battus.

Quand on cherche une auto plaisir, on pense en général et en premier lieu à des autos qui sont des références, des stars du marché. Pour une sportive, c’est évidemment la Porsche 911 toutes générations qui nous vient à l’esprit. Pour une berline young, c’est la BMW série 3, pour un cabriolet british à l’incontournable MG B,et pour une italienne au fameux coupé Bertone.

Ce sont de très bonne idées, elles ont fait leurs preuves. C’étaient déjà des réussites commerciales «de leur vivant» et leur réputation s’est également faite en collection depuis des années. Mais quand on en cherche une, ce n’est pas si facile. L’offre est large et la qualité variable. Et vu que la demande est forte, les prix ont grimpé. L’amateur, aussi éclairé soit-il peut avoir du mal à s’y retrouver.

Si vous avez abandonné l’idée d’avoir absolument une de ces stars et que vous êtes anti-conformiste, il y a quelques alternatives. On a choisi ici trois alternatives intéressantes tant sur le plan émotionnel que sur l’aspect financier.

Youngtimers accessibles : le prestige de l’étoile !

La référence

En 1975 la BMW série 3 pose les bases de la berline compacte premium. Elle le fait si bien que la formule est devenue la référence pour l’ensemble des autres constructeurs. Design sobre et sportif, qualité et tenue dans le temps irréprochable, ergonomie au top et sentiment de sécurité à bord. Si vous avez déjà conduit la première génération (E21), comparez avec d’autres autos du milieu des années 70. Vous verrez que 40 ans plus tard… elle n’avait pas de réelle rivale.

Les générations suivantes, E30 de 1982 et E36 de 1990 continueront sur cette belle lancée. Les ventes seront au rendez-vous, 1,3 millions de E21, 2,1 millions de E30, on ne parle même pas des dérivés cabrio et break, et encore 2 millions de E36, là encore, sans les dérivés. Si elles ont connu un vrai creux, elles font leur retour au sommet des valeurs avec le phénomène des autos de collection.

Les alternatives à l’époque…

Quelle était la rivale ? Un constructeur était en mesure de répondre ! Pour une fois, c’est bien Mercedes qui dut répondre, et pas l’inverse ! L’étoile prépare donc la « baby-benz » de façon très sérieuse. Le projet W201 est l’occasion pour Bruno Sacco, son designer, de lancer un nouveau style élaboré en pensant à l’aéro (Cx de 0.33). De leur côté les ingénieurs la gavent de technologies. La 190 arrive en janvier 1983, quelques mois seulement après la BMW E30. Et quand on prend le volant de la 190, on se rend compte que Mercedes ne s’est pas raté.

Son châssis est évolué, avec train arrière multi-bras, ce qui apporte un confort et une tenue de route de grande classe. Les freins sont à disques sur toutes les roues, quand BMW lésine encore sur ses entrées de gamme. Globalement, que ce soient par ses matériaux ou son isolation phonique, la conception de l’auto sont ceux d’une auto plus haut de gamme comme la W124 (200-300) qui sera présentée deux ans plus tard. A côté, la Série 3 n’est pas une petite Série 5 et les prestations sont donc en retrait. Game Over ?

Non ! Car au niveau prix, il n’y pas match non plus, mais dans l’autre sens. En 1987 une BMW 320i débute à 125.000 F, une 190 E 2.0 demande 156.000 F. Et pour tâter du 6 en ligne il faut regarder du côté d’une 190 E 2.6 facturée 167 000 F soit 33% de plus…

Les alternatives d’aujourd’hui

Si les prix ont changé, la qualité est restée. Même si la diffusion est équivalente, l’image plus dynamique de l’hélice fait que son prix est plus haut. Surtout avec les modèles 3 portes et les versions plus dynamique rapidement déclinés (outre la M3, les versions iS par exemple). La 190 reste plus bourgeoise et plus tranquille. Mais les versions 16 soupapes, ou le peu connu 6 cylindres 2.6, vous réconcilient avec le dynamisme de l’étoile.

Cote :

  • BMW 320 E30, à partir de 6500 € pour un bel exemplaire sain mais kilométré (en gardant en tête que les blocs BMW de cette époque ne sont pas immortels et fatiguent vite.)
  • Mercedes 190 E 2.0, à partir de 3500 € pour un exemplaire sans souci, le double pour un exemplaire peu kilométré ou une version plus pêchue

Quelques conseils :

Sur les BMW il faut vérifiez l’état du moteur. Un bloc de 180 000 km jamais ouvert ne peut qu’être fatigué et demandera 50% du prix de l’auto pour être reconditionné. Surtout en 6 cylindres. Sur les Mercedes, même avec un tour de compteur, si l’entretien a été suivi, peu de risque de ce côté.

Sportives : osez le plaisir à l’état brut !

La référence

La référence absolue de la sportive, depuis 1962, elle est à chercher du côté de Stuttgart. La la 911 n’est pas (encore) inscrite au patrimoine mondial automobile de l’UNESCO qu’il faudrait créer, et on a plus besoin de faire le bilan de ses qualités et ses maigres défauts (lire d’ailleurs : Essai d’une Porsche 911 2.4L T, ce n’est pas la référence pour rien) . En fait avec sa présence continue ces 50 dernières années, elle a laminé la concurrence. Entièrement ? Presque.

L’alternative

Parce qu’à Modena, en Italie, on aime la bonne chaire, les saucissons énormes et les fromages qui valent cher. Si Maserati s’est raté quelques fois, en 2002 la marque sort un modèle à succès. Tellement qu’il le sera aussi aux USA. La Maserati Coupé (aussi appelée « 4200 » en référence à sa cylindrée) reprend la bonne base de la 3200 GT, conçue sous l’ère De Tomaso. Elle y apporte grâce à l’ingénierie Ferrari tout ce qui fait une bonne GT, fiabilité comprise.

En plus du dessin de Giugiaro, elle ajoute l’extraordinaire V8 Ferrari atmosphé(é)rique, avec des montées en régimes sans inertie qui donnent des palpitations à la moindre pression sur la pédale de droite. Le groupe Fiat réussit donc son pari, en mariant Maserati et Ferrari, de donner au trident une nouvelle image et une nouvelle auto réussie.

Constat actuel

La Maserati 4200 est bien née. Contrairement à ce qu’on pourrait penser d’une auto frappée du trident, oui elle est fiable. Non n’est pas si cher à entretenir. Oui on la revend bien, de mieux en mieux en fait…  En comparant les dossiers d’entretient de Porsche 996 et de cette italienne, on est convaincus. Le moteur et la boite issus de chez Ferrari, c’est du solide et c’est bien dimensionné. La boite F1 renommée ici « Cambiocorsa », pilotée avec les palettes est un régal (on ne dit pas la même chose la Triptronic de la Porsche 996 qui n’est rien qu’une boîte auto à convertisseur classique rebadgée). Et le démarrage du V8 de la Maserati, est un feu d’artifice sonore, que peu d’autos récentes (quoique… le V12 Aston Martin) peuvent offrir.

C’est le moment d’oser cette auto qui vous procurera des frissons sans vous faire de sueurs. Il faudra bien trier entre des exemplaires déjà fatigués et bon marché (20 000 €) qui nécessiteront une grosse remise à niveau, et des exemplaires en pleine santé (autour de 30 000 €). La production est tout juste supérieure à 10 000 exemplaires, et la cote ne finira de grimper, contrairement à la Porsche que sa production (175.000 exemplaires) limitera un jour ou l’autre.

Cote :

  • Porsche 911 (996), à partir de 25 000 € pour une auto irréprochable en configuration standard, et 35 000 € pour une belle et désirable 4S.
  • Maserati 4200 Cambiocorsa, à partir de 30 000 € pour une auto irréprochable et peu kilométrée.

Quelques conseils :

Dans les deux cas, mieux vaut les connaître et se faire à leur niveau de performance avant de se lancer. Soyez accompagné. Sur les Porsche (particulièrement les premières 996) les faiblesses du moteur sont connues et le coût d’entretien au km est finalement plus élevé que sur la Maserati.

Coupé nostalgiques : la dolce vita dans la vallée du Doubs.

Dans les années 60, l’habillage façon haute couture d’autos de grande série est l’apanage des carrossiers italiens. Chez Alfa ou Lancia, c’est logique. Mais dans le Doubs, à Sochaux, c’est moins naturel. Peugeot confie alors une partie de son style à Pininfarina, et le coupé 504 est certainement l’aboutissement de cette démarche.

La référence :

A l’époque, Alfa Romeo est la référence des coupés sportifs. La Guilletta a bien marché et elle cède se place à la Giulia Sprint GT. Un coupé réduit, à la ligne aussi massive que sensuelle, signée Giugiaro alors en poste chez Bertone.

Le moteur tout alu à double arbre à came (le fameux bialbero) fait des merveilles, il est couplé à une boîte 5 bien étagée et elle embarque des freins à disques. Le Coupé Bertone sera un tel succès qu’il reste au catalogue jusqu’en 1975. Alfa aura d’ailleurs du mal à le remplacer. 223.000 exemplaires seront produits, ce n’est donc pas su difficile de s’en procurer une, encore aujourd’hui. Mais elle est si recherchée que les prix ont flambé, et une auto saine, conforme et fonctionnelle se négocie aux alentours des 30.000 €.

L’alternative

Pour ce prix là, les coupé 4 cylindres sont légion. Et du côté du lion, la Peugeot 504 Coupé apparue en 1968 est une idée. Les autos ne sont pas équivalentes. La 504 reste avant tout bourgeoise, même avec une robe aussi belle. Mais est-ce pour autant un défaut ? Quand on avale les kilomètres, la réponse est assurément non.

Même si l’Alfa est plus confortable que sportive, sa mécanique reste plus communicative que celle de la Peugeot. La lionne est plus confortable à l’arrière que l’Alfa et son coffre est réellement généreux. Ce n’est pas sur l’entretien qu’on les départagera, les pièces se trouvent à bon prix et en quantité. Attention par contre à la pompe à injection de la Peugeot, et à l’étanchéité des carbus de l’italienne. Les deux blocs sont costauds.

Signalons enfin que la Peugeot recevait aussi un 6 cylindres, ce qui n’est pas le cas de l’Alfa.

Cote :

  • Alfa Romeo Coupé (type 105), à partir de 30.000 € (versions 1300, restaurée, conforme et parfaitement fonctionnelle).
  • Peugeot 504 Coupé, à partir de 12.000 € (versions 2.0 injection en excellent état ; il est encore possible de trouver des autos saines non restaurées) et à peine plus en V6 à carburateurs.

En voulez-vous d’autres ?

On aurait pu vous proposer encore plus d’exemples. Si certaines n’ont pas eu de concurrente de référence à leur époque, que ce soit à cause du tarif ou du réseau de diffusion, elles sont désormais à considérer. Si l’on prend le temps d’évaluer les qualités techniques, le style et la rareté, on peut alors trouver quelques trésors finalement attractifs pour se faire plaisir sans crainte de trop débourser.

Alexandre Guirao

https://www.classicautoinvest.fr/

Alexandre est un passionné d'automobile, et surtout un pro du milieu. Avec Classic Auto Invest il conseille les futurs collectionneurs pour qu'ils évitent les pièges du marché.

Commentaires

  1. Julian Parish

    Petite erreur concernant la Mercedes 190 : pour avoir le 6 en ligne, c’est le 2.6 qu’il vous faut. Le 2.3 avait un moteur 4-cylindres.

    Répondre · · 30 septembre 2018 à 19 h 50 min

  2. TroisetdeuxQuatre

    Merci pour cet article intéressant et qui donne envie de pousser la culture auto pour se démarquer et rouler « autrement ».
    Amateur de Lancia en tous genres, je ne peux que valider le choix de la Maserati 4200 (même si la 3200 ayant ma préférence, question de design…) qui montre qu’un modèle spécifique peut sortir des clichés de la marque associée : oui une MAserati peut être fiable avec un entretien (presque) raisonnable.
    Merci News d’anciennes et merci Alexandre G.

    Répondre · · 1 octobre 2018 à 12 h 44 min

  3. ted

    peu d’alternative aux BMW en effet, mais on oublie souvant les Opel: Manta, Ascona, Monza, les prix sont encore bas,c’est du « costaud » mais les finition sont un bon grade en dessous des « béhèmes »!!!!
    l’ alternative aux Porsche est Venturi, d’ ailleur on en vois 3 beaux exemplaire en arriere plan de la photo des 504 coupé, on peu aussi regarder les 850i plus « pépère » mais on a droit au V12

    Répondre · · 1 octobre 2018 à 19 h 21 min

  4. IMPASSE VEHICULE ELECTRIQUE

    Très mal à l’aise avec cette approche très (trop) budgétaire où l’on parle bien plus souvent d’euros, de marché, de cote que de plaisir.

    Répondre · · 16 novembre 2018 à 10 h 23 min

    1. Benjamin

      Niveau plaisir, on se concentre dessus dans nos essais. Forcément dans une rubrique appelée « Acheter une Ancienne » on va parler de budget.

      Répondre · · 16 novembre 2018 à 10 h 44 min

  5. Boillot Alexandre

    Vrai Benjamin ! …mais on peut aussi insister sur le fait que chez les Anciennes, le plaisir peut passer par un petit moteur, une tenue de route « exotique » et pourtant un plaisir énorme donné par l’effet « Madeleine de Proust »… ce n’est pas le possesseur d’une Lancia Delta 1.3L de 70hp qui dira le contraire !

    Répondre · · 16 novembre 2018 à 12 h 10 min

    1. Benjamin

      Sachant que c’est le propriétaire d’une Simca 1100 5cv qui vous répond !

      Répondre · · 19 novembre 2018 à 7 h 54 min

      1. BOILLOT Alexandre

        Alors on se comprend… surtout dans les montées !!!

        Aaaaaaaaaaah la Simca 1100 blanche et son intérieur rouge en skaï… celle de mon enfance ! Et voilà, encore un « effet Madeleine de Proust » !!!

        Répondre · · 19 novembre 2018 à 8 h 04 min

        1. Benjamin

          La mienne est noire (bien présente sur le site) mais intérieur rouge en effet.

          Répondre · · 19 novembre 2018 à 8 h 22 min

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