Elles décorent notre pare-brise, histoire des vignettes automobiles

Publié le par Benjamin

Elles décorent notre pare-brise, histoire des vignettes automobiles

Nos pare-brise sont une superbe fenêtre par laquelle on admire la vue, on apprécie la superbe route que parcoure notre Simca 1100, voire par laquelle on vise le point de corde. Mais c’est aussi devenu avec le temps un support pour quelques décorations : les vignettes automobiles. Car il n’y en a pas qu’une, elles sont bien plus nombreuses que cela ! On vous en raconte l’histoire ici.

Les dernières venues : les vignettes écolos

La pastille verte : première restriction environnementale

Voici une idée qu’elle était bonne, mais qui a fait long feu. Lancée par décret en 1998, elle ne restera que nos pare-brises que pendant… 5 ans. Apparue avec les premières restrictions de circulation lors des pics de pollution, elle servait de sésame aux heureux élus.

En effet, c’est à cette époque que sont apparues les premières périodes de circulation alternée. La pastille verte permettait donc de pouvoir circuler pendant ces périodes, sans se soucier de sa plaque d’immatriculation. Les heureuses élues étaient les voitures munies d’un catalyseur, les voitures au gaz (GPL ou GNV, n’oublions pas que nous sommes dans les années 90), les voitures essence mises en circulation après le premier janvier 1993 et les voitures diesel mises en circulation après le premier janvier 1997. Cependant, vu la vitesse de renouvellement du parc automobile entre baladurettes, jupettes et autres primes à la casse, cette vignette est rapidement devenue caduque.

La Vignette Crit’Air, la petite dernière

Son principe de base est globalement le même que celui de la pastille verte, à laquelle elle succède. Faisant suite à un projet lancé par… Ségolène Royale, le certificat de qualité de l’air (c’est son petit nom officiel) vient de nos jours rejoindre l’assurance et le CT sur le pare-brise. Il est basé sur la norme Euro à laquelle correspond l’homologation du véhicule. Ainsi en fonction de l’énergie et de la norme Euro correspondante, il est possible d’obtenir une vignette, sauf pour les véhicules immatriculés avant le 1er 1997, qui sont « hors barème ».A l’heure actuelle, elle n’est pas obligatoire, et il vous en coûtera 3,62 euros (frais de port inclus) si vous souhaitez obtenir une vignette antipollution.

Même si en milieu rural, son utilité est limitée, pour ne pas dire inexistante, il n’en va pas de même en zone urbaine. Avec l’apparition des Zones à Circulation Restreinte, avoir le bon sésame permet d’accéder à ces zones. A l’heure actuelle, la décision revient aux collectivités locales, et hormis Paris (et Grenoble pour les véhicules de livraison), les autres agglomérations ne restreignent leur accès aux véhicules les plus anciens qu’en cas de pic de pollution.

Les vignettes historiques

Les vignettes fiscales, celles par qui tout a commencé

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre : la course annuelle au bureau de tabac pour récupérer cet affreux macaron qui coutait un bras.

Lancée en 1956, sous la forme d’un simple reçu à présenter en cas de contrôle routier, elle était destinée à financer le Fonds National de Solidarité, qui collectait le budget des retraites. Cependant au fur et à mesure du temps, du fait de l’unité budgétaire de l’état (il est interdit de percevoir un impôt ou une taxe afin de financer une politique particulière), la lisibilité de la vignette s’est perdue.

Appliquée à l’automobile, cette taxe « de luxe » (on est après-guerre, l’automobile n’est pas encore un bien de consommation courante) a connu des débuts assez compliqués. De fait, dès sa mise en application en septembre 56, son cout (rattaché à la puissance fiscale du véhicule) fait plonger les volumes de ventes, rendant par la même les premières années déficitaires, la vignette ne couvrant pas les pertes de TVA. Elle cache aussi un peu de protectionnisme, les véhicules importés souffrent d’une puissance fiscale majorée, en comparaison de leurs équivalents nationaux. Quitte à faire rentrer des fonds, autant que ce soit à tous les niveaux.

En 1973, elle devient obligatoire sur le pare-brise de la voiture (tout d’abord ronde pour les années 1973 et 1974, elle deviendra hexagonale dès 1975), et, détail oublié de l’histoire, avec l’augmentation significative des accidents de deux roues, la vignette se voit appliquée aux motos de plus de 750 cm3 en 1979, avant de disparaitre presqu’aussitôt en 1981 sous l’impulsion de… Ségolène Royale (mais cette femme est partout !).

Au même moment, la France se lance dans la décentralisation, la vignette (ainsi que les retraites) relève maintenant de la compétence du département, qui est libre de fixer le tarif. C’est ainsi que certains départements (comme la Marne) ont attiré les flottes d’entreprise, dans les années 80-90, grâce à des tarifs bien inférieurs à la moyenne nationale. C’est également le moment choisit pour lui faire peau neuve, devenant à nouveau circulaire.

C’est en 2000 qu’il est enfin décidé de mettre fin à cette taxation « temporaire » pour les particuliers. Certains départements, comme la Seine-Maritime et l’Oise, décident presqu’aussitôt d’en exonérer les véhicules professionnels, espérant attirer des entreprises. Le nouveau format rectangulaire (avec deux coins arrondis) n’aura pas fait long feu sur les pare-brise.

Au final la vignette, devenue taxe différentielle sur les véhicules à moteur tirera sa révérence en 2006, non sans avoir laissé quelques souvenirs nostalgiques (il suffit de voir le succès des rééditions pour s’en convaincre).

Si vous êtes très nostalgique, sachez qu’on en trouve refabriquées, c’est par ici.

Les vignettes d’assurance

L’assurance automobile est un vaste sujet. On en parlait avec notre partenaire Thierry Pierre dans ce dossier si ça vous intéresse. Et oui, l’assurance automobile contribue à « décorer » notre pare-brise avec ses petites vignette vertes. Mais un peu d’histoire avant cela.

L’assurance automobile n’est pas récente du tout. La première réglementation la concernant date ainsi de 1930. En 1949, une convention des assureurs européens se met d’accord. On créée la Carte Verte qui regroupe les informations liées à l’assurance de l’auto. Mais elle ne devient obligatoire qu’en Février 1958. Il faut alors pouvoir la présenter en cas de contrôle. Mais ces contrôles sont alors souvent inefficaces et les forces de l’ordre ont bien du mal à vérifier si un véhicule est en règle.

Pour faciliter ces contrôles, le 9 Septembre 1986 il est imposé à tous les conducteurs d’apposer sur leur pare-brise une vignette, qui sera détachée de la carte verte, directement sur le pare-brise. Depuis cette date elle orne les pare-brises, apportant une couleur verte qu’on y trouvait pas forcément… puisque la vignette fiscale verte suivante apparaîtra en 1988. Très bonne année.

Les vignettes de contrôle technique

Le contrôle technique a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps. Mais il est en fait relativement récent, du moins dans sa partie obligatoire. Ce n’est en effet que depuis 1992 que tous les véhicules doivent le passer !

Et lui aussi laisse sa petite marque sur le pare-brise… enfin pas tout le temps. Il n’est en effet pas obligatoire d’afficher la fameuse vignette. Aucun risque, si ce n’est que vous risquez d’être plus arrêté par la maréchaussée afin de présenter les justificatifs. En fait tout ce qui est obligatoire, c’est d’être en règle. Pas de décorer son pare-brise avec la prochaine échéance imprimée sur un papier bleu !

… en attendant la prochaine ?

On croyait la vignette disparue en 2000. Mais la vignette Crit’Air est le bon exemple, les vignettes ne sont pas mortes. Et dès que l’on parle de nouvelles recettes fiscales, l’idée de son retour apparaît. En tout cas on a pas fini d’en voir coller sur notre pare-brise !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Otto

    En réalité, si on se souciait réellement de pollution, on ferait une vignette indiquait le bilan de pollution du véhicule ayant la pollution engendrée par sa production.

    Evidemment, ça ne ferait pas marcher le petit commerce, ce serait difficile dans ce cas de recommander aux gens de rouler en Porsche Cayenne renouvellé tous les trois ans pour être dans le clous. Il n’est même pas certain qu’une Tesla soit présentée sous un jour positif. Non, il est plus simple de faire la chasse au pauvre et aux connards qui osent ne pas jetter une automobile à la poubelle tous les 3 ans.

    Répondre · · 1 septembre 2018 à 22 h 47 min

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