Le Best Of du Mans Classic 2018 de Jacques, 2e Partie : les années professionnelles

Publié le par Jacques

Le Best Of du Mans Classic 2018 de Jacques, 2e Partie : les années professionnelles

Hier je commençais son Best Of de Le Mans Classic 2018, du moins un best of des magnifiques autos vues sur place, avec cet article : Le Best Of du Mans Classic 2018 de Jacques, 1ere Partie : les années amateurs. Maintenant, on avance dans le temps et les numéros de plateau, place aux années professionnelles.

Alors que Ferrari a toujours couru via l’usine, Jaguar, via un mélange subtil de participation directe et de représentation par des écuries privées, commence à professionnaliser la course automobile imité en cela par Ford qui débute la compétition par l’intermédiaire de Carol Shelby et de Eric Broadley puis en engagement direct. Une nouvelle aire est née.

Les constructeurs vont s’impliquer de plus en plus dans la compétition et y dédier des budgets de plus en plus importants.

Plateau 4

La GT40 et la Cobra, qui composent à elles deux près de la moitié de ce plateau, ont un point commun : leurs moteurs.

Parmi la flotte de GT40 au départ, une sort clairement du lot, il s’agit de la barquette N°18, une des quelques une produites. Deux célébrités des couses historiques IMUF et TESIE (de leur numéro d’immatriculation) sont également au départ. Retour sur le continent pour IMUF et James Cottingham après leur large domination sur le Tour Auto jusqu’a la rupture de leur boite. Autres malheureux du Tour Auto, Ludovic Caron et sa Cobra (7) vont prendre eux, une superbe revanche. Un autre participant vient se refaire une santé, Erwin France dont la voiture porte encore les stigmates de sa mésaventure de Dijon.

Eternelles adversaires des Cobra, les Type E sont présentes mais à plus faible effectif avec notamment celle de Jean Pierre Lajournade (12), vainqueur du Tour Auto 2017. Les gros V8 américains ont encore deux représentants avec les Bizzarini 5300GT (14 et 54).

Face à cette armada de V8 les V12 sont peux nombreux mais très bien représentés avec la rarissime Ferrari 250LM de Clive Joy (4) et deux superbes 275 GTB.

Petites nouvelles, les premières Porsche six cylindres et dotées de carrosseries en polyester : les 904 et 906, les débuts d’une longue aventure… Première présence également pour Alpine. Autre début d’aventure mais qui durera, hélas, moins longtemps.

Extrême rareté pour le superbe petit proto CD SP66 à moteur Peugeot qui malheureusement ne bouclera qu’un tour (et péniblement) pendant les essais. Autre jolie petite auto, l’Abarth 1300 N°36. A la rubrique célébrités signalons enfin la Lotus Elan N°55 des frères Fillon.


Plateau 5

Historiquement « chaud » ce plateau puisque deux anciennes vainqueurs en font parti. et… pas que. La première est la GT40 MK2, curieusement affublée d’un étrange (enfin, pas tant que ça) N°66 alors qu’à l’époque, quand elle fut la première Ford à gagner au Mans en… 1966, elle portait le N°2.

L’autre, chère à nos cœurs, la Matra 670 N°15 de Henri Pescarolo et Graham Hill qui l’emporta en 1972. Cette voiture, malheureusement ne fera que 8 tours aux essais. Il doit y avoir une malédiction sur les Matra cette année puisque celle qui devait s’aligner au Tour Auto cassa sont moteur à Barcelone.

Bien que moins rare en terme de production, les Ferrari 512 (25 produites) ne sont quand même que exceptionnellement présentes en course et nous avons la chance d’en avoir deux. Une S N°74 et une M N°21 (chronométrée à 292 km/h, la plus rapide du plateau).

Encore un exemplaire unique avec la Duckhams de Jacques Nicolet. Cette voiture est le premier proto créé par un jeune ingénieur qui aura un brillant avenir: Gordon Murray. Elle a terminé 12ème en 1972 conduite par Alain de Cadenet et Chris Craft. Pratiquement jumelle de la précédente et également unique, oeuvre de Michel Tétu, la Ligier JS3 a terminée non classée en 1971 pilotée par Guy Ligier et Patrick Depailler (problème de boite de vitesse).

Suivent 9 des 11 Lola T70 présentes. 5 MKIII B et 4 MK III. Peu de choses à dire sur ces belles autos qui connaissent une seconde vie en course historique, plus glorieuse que leur première, du fait de leur simplicité et leur fiabilité. Une centaine de T70 ont été construites à l’époque, tous modèles confondus mais vu la demande, Broadley Automotive refabrique aujourd’hui différents modèles homologuées en course historiques ce qui n’est pas sans poser des problèmes.

Passons maintenant à la plus intrigante des voitures de ce plateau : la Porsche 917 LH (longue queue) 1969. Cette voiture, de sinistre mémoire, est le châssis N°005. C’est celle avec laquelle John Woolfe trouva la mort à Maison Blanche dans le premier tour de l’édition 1969. Reconstruite chez Freisinger à partir des quelques éléments récupérables de l’épave de Woolfe, elle est bichonnée par rien moins que Norbert Singer et Willi Kauhsen (propriétaire).
Malheureusement, comme le chantait Brassens, « Le temps ne fait rien à l’affaire… », et donc, une voiture qui ne marchait pas en 1969 ne marche toujours pas en 2018. Le grand Derek Bell qui devait en prendre le volant y renonce après les essais menés à Valence « Nous n’avons rien réinventé, nous avons juste tenté d’améliorer les éléments aérodynamiques existants. Nous allons dans la bonne direction mais je ne suis pas encore entièrement satisfait. Et tant que je ne le serai pas, vous ne me verrez pas au volant au Mans et je ne pense pas que Willi (Kauhsen) le souhaitera plus. »
Il avait raison puisque l’un des deux courageux volontaires qui prend finalement le volant au Mans ne fera que deux tours aux essais avant de.. quitter la piste.

L’autre 917 1969 (châssis 002?), en version courte, n’aura pas plus de succès aux mains expertes de Romain Dumas car affectée de problèmes moteur récurrents.

Autre proto Porsche, la 908/2 spyder (75). Bien que construit à 28 exemplaires ce modèle est rarement vu sur nos pistes Européennes. La Porsche 910 (46 et 42) prend la succession de la 906 avec une aérodynamique affinée et une fixation des roues par un écrou central, 15 châssis on été produits. Deux motorisations étaient proposées: 6 cylindres 2L de 220 ch ou 8 cylindres 2.2L de 220 ch.

On ne peut terminer l’examen de ce plateau sans parler de l’extraordinaire Howmet. Propulsée par une turbine de Bell 206 (Allison 250) de 420 ch. Seuls trois exemplaires ont été construits et grâce à la ténacité de son propriétaire qui les a rachetés, deux ont put être remises en état de marche. Ces voitures participèrent à la course Mancelle en 68. Elles étaient performantes mais de nombreux problèmes de fiabilité leur interdisent de figurer au classement. Benjamin en parle plus en détail dans cet article.

Pour terminer le tour de ce plateau 5, deux Pantera Groupe IV toujours aussi belles et efficaces.

Au chapitre célébrité de ce plateau, signalons la présence outre de Romain Dumas qui n’a pas eu de chance avec les voitures qu’on lui a confié et de Jacques Lafitte qui partage le volant de la Lola N°23 de Philippe Vandrome. Enfin, bien sur, un habitué des événements Peter Auto : Carlos Tavares. Espérons que Monsieur Tavares aura eu l’élégance de rembourser les gros frais occasionnés par son accident avec la Chevron de Franco Meiners.

Plateau 6 du Mans Classic

Le plateau 4 était celui des GT40, le 5 celui des Lola T70, le 6 est celui des Porsche 935. Pas moins de 9 de ces fantastiques voitures s’alignent pour les essais. La N°59 est… inconnue. Par contre, les autres ont toutes une histoire.

La 32 est le châssis 930 770 0907. Elle a couru en DRM et à participé aux 24h de Daytona.
La 82 sort du musée Porsche, châssis 935-005-R19. Cette voiture d’usine à fait la fin de la saison 77 avec Jacky Ickx et Jochen Mass en gagnant les 6h de Silverstone, de Watkins Glenn et de Brands Hatch.
La 10 une K3, châssis 001 0020 est la dernière produite par les frères Kremer. Elle a couru au Mans en 1981 mais a du abandonner sur problème moteur.
La 21 une K3, châssis 000 0013. Elle a beaucoup couru, y compris au Mans, mais sans jamais de succès marquant.
La 7 une K3, châssis 000 0025. Elle porte les couleurs des sulfureux John Paul (Junior et Senior) amis proches des frères Whittington (les seuls ayant gagné Le Mans en 935 avec Klaus Ludwig en 1979) qui finançaient leur passion pour le sport auto en trafiquant de la drogue !
La 36 une K3, châssis 000 0027, n’a couru qu’aux Etats Unis sans grands succès.
La 37 une K3… intraçable.
La 38 une K3, châssis 009 0005, termina seconde aux 12h de Sebring. Elle inaugure ici une nouvelle livrée, splendide.

Une belle brochette de 911 3.0L RSR est aussi engagée dans ce plateau. Parmi celle ci, on peut noter la présence de la 66 ex Claude Haldi, Châssis 911 460 9058 et la 73 ex Henri Cachia, châssis 911 460 9059 qui participa 5 fois consécutives au Mans avec pour meilleur résultat une 7ème place au général en 1975. La 46, châssis 911 560 9115, une des dernières 3L des 54 produites, a principalement couru au Mexique aux mains d’Hector Rebaque. Elle a repris du service avec son actuel propriétaire en 2016. A noter également une 930 Groupe IV (23), une 911 turbo (9) et une 911 SC Groupe IV (62).

Pour nous changer des 911, deux 924 Carrera GTR (24 et 6). La première est la version Européenne alors que l’autre courut au Etats Unis.

Il n’y avait quand même pas que des Porsche dans ce plateau et quelques autres modèles sont à regarder de près. Tout d’abord, des BMW. Trois belles M1 dont une très particulières avec une aérodynamique modifiée et les couleurs vives d’un journal célèbre dans ces années 80. Elle a couru au Mans en 81, préparée par Oreca, aux mains de Philippe Alliot, Bernard Darniche et Johnny Secotto et finit 16ème au général.

Côté Ferrari, car il y a toujours des Ferrari au Mans, pas moins de quatre 512 BB LM parmi les 25 construites. Une autre 512 mais une Groupe IV ferme la marche.

Quelques autos moins célèbres mais tout aussi représentatives des 24 heures :

La de Cadenet (28) est en fait une Lola T380 recarrossée pour Le Mans qui, conduite par Alain de Cadenet et Chris Craft, finit 3ème des 24 heures 1975.
L’Inaltera GT N°1 est celle qui finit 4ème, menée par Rondeau et Ragnotti en 1977.
Dernière historique du plateau, cette impressionnante Aston Martin DBS (53) termina 17éme en 77, pilotée par Robin Hamilton, David Preece et Mike Salmon.

Côté célébrité, nous avons le plaisir de retrouver Alain Serpaggi au volant d’une Alpine Renault A443, René Arnoux sur BMW M1 (3) et finalement, le Grand Henri sur l’Inaltera.

Groupe C

Un des défi de Patrick Peter pour cette édition était de rassembler une grille de 50 prototypes du groupe C (1982- 1992). Il y en avait 47 dans les paddocks. Quand on sait la complexité et le coût de fonctionnement de ces voitures, on ne peut qu’être admiratif de l’enthousiasme de tous ces concurrents, tous impatients de rouler sur la piste pour laquelle leurs bijoux ont été créés.

A tout seigneur, tout honneur, pas moins de 12 Porsche 962 et une 956 s’alignent aux essais. Cette armada est suivie en importance par 7 Spice, 5 Jaguar, 2 Peugeot 905, 2 Nissan R90, 1 Mercedes C11, 1 Rondeau M382, 1 Emka, 1 Courage C26, 1 Gebhardt, 1 March 85G (à moteur Porsche 935), 1 Lola T92, 1 ALD, 1 GKW, 1 Tiga GC289, 1 Tiga GC 288, 1 Sthemo, 1 Toyota 85C, 1 Ecosse C285. Je ne pense pas que l’on puisse voir un tel plateau ailleurs dans le monde, la magie du Mans, c’est ça.

Oublions les classements pour simplement se souvenirs de la merveilleuse sonorité des V10 Peugeot dans les Hunaudières, d’un paquet de 962 dans le Esse de la Forêt, du ballet ultra rapide des phares dans la chicane Michelin et tant d’autres moments que ces courageux pilotes nous ont fait vivre.


 

Conclusion

Autant d’autos historiques venant de l’Europe entière (voir de plus loin) concentrées dans ce lieu mythique, un public enthousiaste et connaisseur, le plein d’émotions est fait. Merci à Peter Auto d’organiser un tel événement (et ça ne doit pas être une mince affaire). A dans deux ans.

Jacques

Photographe, plus qu'amateur, et passionné de courses historiques, Jacques sillonne l'Europe pour voir les plus belles courses.

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