Le Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018, fête mécanique sous le soleil

Publié le par Fabien

Le Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018, fête mécanique sous le soleil

En 2017, je découvrais l’événement, et j’ai eu le sentiment de faire un voyage dans le temps (à retrouver ici), bien aidé par une Bugatti Brescia (à revivre par-là). Pas de copilotage au Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018, mais indéniablement, cette fête mécanique reste un incontournable dans les Pays de la Loire.

Un Rallye-Balade pour commencer

Le samedi matin, départ du rallye-balade dédié aux autos et motos d’avant-guerre, au milieu desquelles se mêlent cette année quelques Austin Healey notamment.

En suivant un road-book de type « fléché-métré » aux indications claires, les plus aguerris parcourront 140,6 km dans le Saumurois, en longeant nonchalamment de plus ou moins près les bords de Loire. Le rythme est donc celui de la ballade avec un retour au Puy Notre Dame prévu en fin d’après-midi.

Une première pause-café permet de faire refroidir la mécanique à proximité de l’étang de Grézillé. L’occasion pour quelques photos, même si le parking s’est vite révélé étriqué pour contenir l’ensemble des véhicules.

Le déjeuner quant à lui, s’est déroulé dans les halles de Beaufort-en-Vallée, au pied de l’église Notre-Dame. Un décor qui seyait à merveille à la Delahaye et la Mathis présentes à ce rallye. Le public pouvait cependant admirer les autres véhicules sur un parking à proximité. L’occasion de découvrir une moto MGC aussi belle que fragile selon son propriétaire, du fait de son réservoir sphérique qui ne demande qu’à fuir au moindre cahot. Sa mascotte Cigogne, héritée de l’escadrille éponyme de Guynemer lors de la première guerre mondiale. Aussi belle que rare.

L’ambiance du Grand Prix Retro du Puy Notre Dame 2018

Mais cette balade n’est qu’une mise en bouche, plus destinée à faire tourner les moteurs et rapprocher les participants, qu’à faire vibrer le public ! Et pour faire vibrer le public, la recette d’Emmanuel Lepidi et son équipe de bénévoles est éprouvée. Prenez des véhicules antérieurs à 1960 sur 2, 3 ou 4 roues et répartissez-les en 6 catégories homogènes. Mettez tout ce beau monde sur un circuit de 1500 mètres variant virages serrés entre les murs, lignes droites et larges, mais aussi montées et descentes. Vous obtenez alors un Grand Prix Rétro, sans objectif de classement, où la concurrence reste amicale et où les acteurs sont prêts à faire prouesses ou pitreries pour briller devant un public nombreux.

Au centre du circuit, autour de la mairie et du superbe parc arboré bien utile vu l’ensoleillement, le paddock et quelques attractions. Cette année encore, Jean-Luc Gaignard, collectionneur averti de motos anciennes notamment, est venu avec quelques motos d’exception qui ont participé aux démonstrations. Deux Hot Rod ont également paradé et mis en avant ces véhicules personnalisés, customisés, sur base Ford des années 30.

Joséphine

Mais l’attraction en marge du Grand Prix Retro du Puy Notre Dame 2018 était Joséphine. Les abonnés de News d’Anciennes savent que je ne parle pas ni d’une métisse des années folles, ni de l’impératrice Napoléonienne, ni même de la chanson de Bashung… Quoi que… Le défi qu’elle a relevé en juin dernier en portait le titre. Joséphine, c’est en effet cette Renault Juvaquatre dont on vous avait parlé (les articles ici et ) et qui était allé reconquérir un record datant de 1938 !

Les démonstrations

Mais passons au plat de résistance ! Pas moins de 5 rotations de ce plateau de 6 catégories d’anciennes ont fait le bonheur des spectateurs, et des pilotes. Le samedi soir, c’est au soleil couchant que les hostilités ont commencé, pour finir avec la nuit noire, à minuit passé. Le Dimanche, les machines ont tourné de 10h à 19h. Et tout cela sous un beau soleil de Loire, logiquement présent puisqu’il se dit que « le clocher de l’église du Puy Notre Dame est si haut, qu’il fend les nuages en deux tant et si bien qu’il ne pleut pas au Puy Notre Dame ! ». Il faut reconnaître que pour ces deux dernières éditions, la réalité de ce dicton s’est avérée.

Des motos… sur deux plateaux !

Deux plateaux ont été nécessaires tant cette « horde sauvage » était imposante avec près de 80 engagés ! Le plateau grosses cylindrées, lors du départ de chaque démonstration, m’a vraiment fait penser à ce film de Sergio Leone, Mon Nom est Personne, avec ces cavaliers lancés à fond sur leurs engins étincelants sous les rayons du soleil.

Les motos les plus anciennes, à transmission par courroie, semblaient plus sages et pourtant… La même flamme animait tous les pilotes. C’est fou l’effet que ça peut faire d’avoir une route fermée à toute circulation pour ces compétiteurs tant hommes que femmes. Plus encore qu’en voitures, on pouvait se rendre compte sur ces plateaux moto que si effectivement la passion n’a pas d’âge (alors que je prenais des photos, une spectatrice m’a avoué que son mari et ses deux fils étaient sur la piste), elle n’a pas de sexe non plus tant ces dames faisaient jeu égal avec ces messieurs !

Les sidecars

Il fut une époque où cette discipline a eu ses heures de gloire. Presque aussi âgé que la moto, il fut initialement un moyen moins onéreux de se déplacer qu’à quatre roues, les courses de sidecars ont toujours été spectaculaires, compte tenu du centre de gravité de ces engins qu’il fallait perpétuellement repositionner. Ce recentrage des masses était de la responsabilité du passager dénommé le singe, compte tenu des acrobaties auxquelles il se livrait sur ce véhicule en mouvement. Pour certains, ce singe était plus un « sac de sable » inerte, au sens propre comme au sens figuré. Lors de la démonstration, un sidecar ainsi équipé était présent : le pilote était seul à bord si bien qu’Igor et Emmanuel, au micro, ont plaisanté un moment sur la scène conjugale qui devait s’être produite pour que Monsieur se retrouve seul sur sa monture ! Pour la plaisanterie bien entendu, l’absence de singe étant tout à fait volontaire.

Les cyclecars

Cette catégorie se subdivise en 2 sous-catégories, de par la définition même de ce type de véhicule, en fonction du nombre de roues. En effet, selon la définition officielle d’un cyclecar, datant de 1920, (et que je reprends du programme du Grand Prix Retro du Puy Notre Dame 2018) « est considéré comme cyclecar tout véhicule automobile à 3 ou 4 roues, à une ou deux places, pesant au plus 350 kg, et dont le moteur présente une cylindrée inférieure à 1100 cm3 ».

Les Tricyclecars

Les anglais, à l’origine de ces engins, les appellent Three Wheelers, les « Trois roues ». Peut-être la catégorie phare du Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018, tant ces engins peu communs en rassemblements sont nombreux ici, mais surtout, parce que les démonstrations sont spectaculaires. Certaines Tricyclecars présentent des accélérations dignes de motos, dont beaucoup reprennent la transmission par chaîne, et des vitesses de pointes jusqu’à 160 km/h pour les Darmont Spécial à moteur compressé (pas sur les 1,5 km du circuit je vous rassure !).

Trois marques dominent ce plateau. Morgan tout d’abord, l’ingénieur Harry Morgan étant l’inventeur de ce génial concept. Darmont ensuite, qui construisit sous licence Morgan en apportant son savoir-faire de motoriste dans l’évolution du moteur Blackburne issu de la moto. Sandford enfin, qui fut la première marque de Three-wheeler à être produite à Paris de 1923 à 1936, avec des moteurs refroidis par liquide, essentiellement sous capots.

Focus sur le pilotage à la main : certaines tricyclecars se pilotent au doigt et à l’œil, littéralement. Le volant n’a que peu d’amplitude de rotation avec un simple ¼ de tour droit et ¼ de tour gauche. Les mains sont donc en permanence sur le volant qui s’est vu équipé à main gauche de la manette d’avance à l’allumage, et à main droite, le starter, et la manette des gaz souvent brillante tant elle est utilisée. Un vrai plaisir à voir sur cette Darmont 100% d’origine, jamais repeinte… « On ne repeint pas la Joconde ! » d’après son truculent propriétaire, ce en quoi, quand on voit la patine de ce véhicule, on ne peut qu’être d’accord.

Les cyclecars

Concernant les cyclecars à 4 roues, ou « cyclecars-voiturettes », les moteurs sont des 4 cylindres de 450 à 1100 cm3 à refroidissement par eau. L’architecture est simple, avec moteur avant, arbre de transmission et pont arrière. La boîte de vitesse est à engrenages. Mais les points communs s’arrêtent là.

Il est même fascinant de s’attarder sur les Austin Seven : quand les constructeurs actuels se vantent de personnaliser leurs véhicules, ils devraient regarder un peu ce modèle dont on peut presque dire qu’il n’en existe pas deux identiques ! A cette époque, la France avaient de nombreux fabricants de ce type de véhicules : BNC, Mathis, Benjamin, Rosengart, Amilcar ou encore Salmson ou Delahaye… Tant de noms qui ont fait de l’automobile un objet de passions.

Petit arrêt sur image sur la seule monoplace du plateau du Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018. Tellement performante qu’elle a dut courir parmi les Sportives. Une Ratier de 1928. Petit constructeur généraliste français plus connu pour ses motos et ses avions, il conçut des automobiles avec toute la connaissance issue de ces deux autres domaines industriels. Cette monoplace a dans tous les cas séduit le public par ses performances, mais aussi par le talent de pilote de sa conductrice.

Les sportives du Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018

Sur ce plateau, se retrouvent des véhicules dont les plus anciens ont couru sur les premiers autodromes dans les années 20, avec ces poupes profilées destinées à limiter la traînée et améliorer l’aérodynamique de ces autos. Cette année encore de très belles autos. Au milieu des anglaises, essentiellement MG, Riley, et notre Lotus Six (à lire ici) aux «petits» moteurs parfois compressés, se trouvaient notamment une Lagonda Rapier de 1934, une jolie Fiat 508 Balilla, version coupé cabriolet de celle d’un certain Gaston Lagaffe, une Rally fugace marque Française qui vécut de 1921 à 1933, et, cerise sur le gâteau, une superbe Bugatti Type 51 et son 8 cylindres en ligne…

Certes, compte tenu des motorisations et du fait que certaines de ces autos n’étaient pas des voitures de course, les performances étaient disparates mais cela permettait une répartition homogène des voitures sur la piste ainsi que quelques dépassements en sortie de virage à l’accélération.

Pour conclure

Bref, vous l’aurez compris, le Grand Prix Rétro du Puy Notre Dame 2018 fut un très beau spectacle sous un grand soleil, pour tout public, du passionné au novice. Car en plus d’apprécier les performances sur la piste, chacun pourra librement discuter avec les propriétaires, tout aussi heureux de parler de leurs sublimes autos. Des autos qu’on se délecte à voir en piste, car vu leur age, c’est parfois devenu rare.

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. Michel

    Sympathique reportage sur cette manifestation dédiées aux avant-guerre. Que viennent faire des Austin Healey ici ?
    Attention : c’est en proposant ce mélange des genres que l’on éloigne les plus anciennes des manifestations.
    Petite correction : Delahaye n’a jamais fabriqué de cyclecars.

    Répondre · · 2 août 2018 à 8 h 57 min

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