La Maserati 300 S, une presque Formule 1 engagée en Endurance

Publié le par Benjamin

La Maserati 300 S, une presque Formule 1 engagée en Endurance

Dans les années 50, la marque Maserati est encore récente pour les autos de route. Mais pour ce qui est de la compétition, Maserati est un nom qui compte. Les autos italiennes sont connues sur les pistes, notamment de F1. En 1955, Maserati va introduire sa nouvelle arme : la Maserati 300 S.

La Maserati 300 S : une 250 F carrossée ?

On peut légitimement se poser la question. La 250 F est la F1 introduite par Maserati en 1954. A son volant Moss et Fangio courent cette année là, l’argentin remportant même deux victoires au volant de sa F1 rouge avant de passer du côté des flèches d’argent Mercedes.

Mais Maserati ne courre pas qu’en F1. Les 200S et A6GCS courent en Sport Prototype depuis le début de la décennie. Mais la Maserati 300 S qui arrive va révolutionner les autos de la marque au trident pour l’endurance.

Pour la base, c’est bien la voiture de Grands Prix, la 250 F qu’on va utiliser. Le moteur 3 litres est directement dérivé du 2.5 litres créé par Vittorio Bellentani. Mais comme celui-ci, puis le 2.8 litres créé pendant le développement étaient trop faibles en puissance pour concurrencer Ferrari et Jaguar, ce moteur en alu fut passé à 3 litres. Malgré la réduction de compression nécessaire pour la fiabilisation et l’utilisation de carburants « civils » le moteur sort toujours 245 ch. Pour cela ce double arbre à came en tête est gavé par trois carburateurs Weber 42DC03. On y accole une boîte à 4 vitesses.

Le châssis diffère de la F1. Au lieu de gros tubes, ce sont de petits tubes ronds et ovales qui forment un treillis plus solide et plus léger qu’une structure classique. Maserati pose en fait déjà les bases de ses Birdcages. Pour les trains roulants, la Maserati 300 S adopte une version renforcée de ceux de la F1 à l’avant et un pont de Dion innovant à l’arrière. Les freins sont les mêmes.
Evidemment la carrosserie est différente, Fantuzzi s’occupe de cette belle robe qui sera réalisée en Aluminium. L’auto reste en dessous des 800 kg.


Une carrière riche

L’auto est donc engagée dans la catégorie des 3 litres. On la met donc en face des Ferrari 750 Monza ou des Mercedes 300 SL. Les Jaguar Type D sont des concurrentes au scratch mais sont en catégorie de moins de 5 litres.

La Maserati 300 S débute simultanément à Sebring… et au Sénégal !

C’est à la fin de l’hiver 1955 que la Maserati 300 S est lancée en compétition. Jean Behar coure au Grand Prix de Dakar ou il abandonne. En Floride les résultats sont encourageants, Spear et Johnston se classent 3e aux 12h de Sebring, Valenzano et Perdiso sont 4e.

Dès le départ les autos privées se montrent. Si en Europe c’est Maserati qui engage les autos, notamment dans les épreuves internationales, aux USA, les privés sont nombreux et en SCCA les premières victoires arrivent. En Europe, c’est sur des courses Internnationales mais de second rang tel le Grand Prix de Bari ou celui du Portugal que s’illustre la Maserati 300 S.

Dans les épreuves internationales, les autos se montrent peu fiable. Double abandon aux 24h du Mans 1955, abandon aux Mille Miglia, un abandon et une 5e place au Tourist Trophy et un nouvel abandon à la Targa Florio. Voilà le tableau peu reluisant de l’année 1955.

1956, la 300S est au point et performante

Pour 1956, un nouveau moteur a été développé. Le 3500 qui va bientôt s’installer dans la routière du même nom est greffé sous le capot de la barquette au trident. C’est la 350S qui naît ainsi. Une version encore plus grosse est également créée, la 450 S.

La saison de la Maserati 300 S commence très bien avec la victoire de Moss et Menditéguy à Buenos Aires, Behar et Gonzales sont d’ailleurs 3e. A Sebring les gros moteurs des Type D et 860 Monza squattent le podium reléguant la première 3 litres à la 4e place. Mais ce n’est pas une Maserati, seulement 5e et 2e de classe, mais une Aston Martin DB3S.
Aux Mille Miglia, la seule auto à l’arrivée est seulement 28e.

Aux 1000km du Nürburgring, une voiture abandonne mais son équipage rejoint l’autre voiture. Ce sont 4 pilotes qui gagnent la course : Moss, Behra, Schell et Taruffi ! Quelques semaines plus tard Rosier et Behra gagnent les 1000km de Paris tandis que Taruffi se classe 3e de la Targa Florio et premier de classe. Malgré un triple abandon en Suède, c’est bien Maserati qui se classe second derrière Ferrari au Championnat du Monde des Voitures de Sport.

Avec des places d’honneur et des victoires sur des courses plus petites (Bari, Venezuela, Bahamas Speed Week…) et aux USA, l’auto se vend bien. C’est un succès commercial pour Maserati.


Après 1957, la Maserati 300 S rentre dans le rang

En club, notamment aux USA, tout se passe encore bien. Sur la scène internationale, la saison commence par un triple abandon en Argentine. Aux 12h de Sebring la 450S remporte la course et la Maserati 300 S de Moss et Schell assure le doublé et la victoire en classe 3 litres.

Aux Mille Miglia 1957, l’effroyable accident de Guidizzolo entraîne un coup d’arrêt pour le Sport Automobile. Les dernières auto construites sont vendues aux USA.

Le reste de la carrière de la Maserati 300 S sera encore belle aux USA. Beaucoup de podiums et de victoires en SCCA. En Europe, les victoires dans les courses italiennes seront nombreuses. La voiture continuera sa carrière en championnat du monde jusqu’en 1960. On la verra en course en Amérique du Sud jusqu’en 1971 !

La Maserati 300 S de nos jours

24 Maserati 300 S ont vu le jour. Elles ont couru sur les plus grands circuits du monde et le font encore. Malgré le prix des autos, on les voit se bagarrer sur les plus grands meetings d’anciennes, de Le Mans Classic au Grand Prix de l’Age d’Or. Pour une auto qui dépasse les 3.5 millions d’euros de valeur quand même. Celle que Bonhams proposait cet été (châssis 3069) à Quail Lodge et qui illustre en partie cet article n’a pas été vendue.

L’exemplaire Rouge Foncé qui illustre lui aussi cet article est le châssis 3082 de l’Autrichien Carlo Vogële. Sa voiture a été terminée en 1959 et c’est une des dernières Maserati 300 S construite. C’est un habitué des meetings Peter Auto.
Le châssis 3065 est lui conservé précieusement à Mulhouse depuis 1965 ! Si vous n’avez jamais visité le musée, c’est par ici.
Le châssis 3060 apparaît quelques fois en course sur le continent comme aux 10.000 Tours du Castellet ou à Spa Classic en 2015.
Le châssis 3059 est celui qui a gagné au Nürburgring en 1956. L’a vu cette année à Essen mais aussi au Grand Prix de l’Age d’Or et par le passé dans nombre d’événements Peter Auto.
3058 est apparu à Chantilly en 2014. Mais aussi au Mans Classic l’an dernier et il a été présenté cette année à Pebble Beach
3054 est également un châssis connu des amateurs du Grand Prix de l’Age d’Or même si sa dernière participation remonte à 2015.


Photos : News d’Anciennes et Bonhams.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Robert-Louis BREZOUT-FERNANDEZ, Responsable des Concours d'Etat et de Restauration à la FFVE

    Merci pour la photo du moteur : ça fait plaisir d’être entendu.

    Répondre · · 20 septembre 2017 à 18 h 28 min

    1. Benjamin

      Dès qu’on en a on en poste. Mais faut les trouver !

      Répondre · · 20 septembre 2017 à 18 h 29 min

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