La Sauber Mercedes C11, championne partout…. sauf au Mans

Publié le par Benjamin

La Sauber Mercedes C11, championne partout…. sauf au Mans

En 1989, la Sauber C9 remporte les 24h du Mans. Propulsée par un moteur Mercedes-Benz elle marque l’avènement du programme qui visait le retour à la compétition, 30 ans après le drame de la voiture de Levegh en 1955. La Sauber Mercedes C11 va lui succéder, c’est son histoire qu’on vous raconte ici.

Le vrai retour officiel de Mercedes

Un nom qui change tout

En 1986, la Sauber C7 reçoit un V8 Mercedes. A partir de 1988 sa remplaçante la C9 emporte également un V8 Mercedes. Mais ces autos sont des Sauber et Mercedes-Benz n’est précisé qu’en tant que motoriste. Et le succès est là puisque la C9 est championne du monde 1989 et surtout, elle signe le doublé aux 24h du Mans cette année là.

Sur la Sauber Mercedes C11 on change tout. Si elle est restée dans les mémoires comme la Sauber Mercedes C11, en vérité l’auto est une Mercedes-Benz C11 engagée par le Team Sauber. Mercedes n’est plus « que » sponsor et motoriste. L’écurie devient un team officiel de la marque à l’étoile, la licence Suisse est d’ailleurs remplacée par une licence allemande.

Un châssis à la pointe de la technologie

Au début des années 90, les Groupe C n’ont déjà plus rien à envier aux Formule 1. La bataille que se livrent Porsche (956 puis 962), Jaguar, Nissan, Aston Martin ou déjà Toyota est épique ! La débauche de moyens est énorme.

Ainsi, on a ici le top de la technologie du moment. C’est donc une monocoque en carbone avec une carrosserie carbone-kevlar, quand la C9 faisait appel à l’aluminium. Leo Ress fait un gros boulot en réduisant notamment la surface frontale afin d’améliorer l’aéro et les appuis, qui progressent globalement de 25%.
Il faut noter que c’est la toute première Groupe C à être développée dans une soufflerie dotée d’un tapis roulant !

Niveau trains roulant, les suspensions avant sont calquées sur celles de la C9, les suspensions arrières sont complètement revues. En complément, les pneus Michelin sont remplacés par des Goodyear.

Motorisation = évolution

La Sauber C9 avait reçu un nouveau moteur en 1989. Le V8 Mercedes M119 se plaçait sous le capot et c’est ce dernier qui sera repris sur la Sauber Mercedes C11. Le moteur fait 4973 cm³, est alimenté par deux turbos et deux niveaux de puissance sont prévus. Le moteur développe « normalement » 730 chevaux à 7000 tr/min, tout en respectant la limite de consommation fixée par la FIA. Pour les qualifs, la puissance peut-être largement augmentée, elle passe alors à 930 ch en augmentant la pression de suralimentation.

A la sortie du moteur la Sauber Mercedes C11 on installe une nouvelle boîte de vitesse. Elle a 5 rapports, mais surtout elle est installée transversalement.

Tout ça pour une belle fiche technique

Au total la voiture fait 895 kg. On peut donc rajouter 5 kg de lest pour l’équilibrer, qui se transforment en 10kg « au cas où ». La Sauber Mercedes C11 fait 4.8m de long, 2m de large et 1.03m de haut.
Comme beaucoup de Groupe C, l’auto flirte avec les 400 km/h, même si elle va courir Le Mans avec des chicanes pour la première fois.

Première saison en 1990

Les vrais débuts de l’auto se font à la fin de l’année 1989 au Paul Ricard, histoire de se familiariser avec les pneus… surtout pensés pour la C291 qui est déjà en développement.

La Sauber domine la première partie du championnat

Les débuts en compétition se font au Japon, à Suzuka où une auto est amenée et confiée à l’équipage phare constitué par Jean-Louis Schlesser et Mauro Baldi. Le français va cependant accidenter la voiture qui ne pourra pas courir. C’est la C9 qui assurera la course… et qui la remporte !

Finalement le grand début se fait en terre italienne, à Monza le 29 Avril. Baldi et Schlesser signent la pôle devant l’autre auto confiée à Mass et Wendlinger. C’est le même doublé, dans le même ordre qu’on retrouvera en course. La voiture est bien née et d’emblée performante.

A Silverstone, Schlesser et Baldi sont de nouveau en pôle. L’autre voiture est confiée cette fois à Mass et un certain Michael Schumacher. Par contre l’auto ne courra pas, elle est disqualifiée pour avoir été réparée en dehors du parc fermé durant les essais libres. La seule auto en piste va être facilement en tête, avec 50 secondes d’avance au 40e tour… quand son moteur rend l’âme. 0 points à Silverstone, la victoire va à Jaguar.

A Spa début Juin, c’est un nouveau doublé en qualification, Schlesser – Baldi devant Mass – Wendlinger. Néanmoins la n°1 (Schlesser et champion du monde en titre) va connaître des problèmes et finir 8e. L’autre voiture remporte donc la course ! Ça tombe pas trop mal, seule une auto marque des points !

Ensuite, alors que les autres écuries prennent la direction du Mans, Mercedes fait l’impasse ! Les tenants du titre ne reviennent pas le défendre. La raison est simple : les 24h du Mans 1990 ne comptent pas au championnat du monde des Sport-Prototype !

La Sauber Mercedes C11 décidément au dessus du lot

On retrouve donc Schlesser et Baldi à Dijon le 22 Juillet… en pôle ! Mass et Schumacher sont troisième. Ils vont cependant remonter au classement en course et assurer un nouveau doublé derrière les indétrônables n°1.

Au Nürburgring le 19 Août, l’habituel doublé est assuré en qualification, n°1 devant n°2 et confirmé en course, dans le même ordre. Il reste trois courses à disputer, mais une seule auto pouvant marquer des points, Mercedes est dores et déjà championne avec à ce moment là 55 points contre 26 à Jaguar… qui ne courra pas les deux prochaines courses.

A Donington, le 2 Septembre, encore une fois, les deux autos s’offrent le doublé, dans l’ordre, en qualifications et en course.

Au Canada le 23 Septembre, la n°1 s’adjuge une nouvelle pôle mais Mass et Wendlinger ne sont que 4e. Ils vont même finir plus loin, 9e à l’arrivée d’une course arrêtée avant la fin, la n°1 gagne mais n’aura que 4.5 points. C’est suffisant pour s’adjuger le titre.

Enfin à Mexico le 7 Octobre, les Sauber Mercedes C11 font 2 et 3 en qualifications, c’est une Jaguar qui signe la pôle ! Néanmoins c’est bien la flèche d’argent n°2 de Mass et Schumacher qui remporte la course, la n°1 ayant été disqualifiée pour avoir consommé plus que ce qui était autorisé !

Schlesser et Baldi sont champions du monde, mais avec seulement un point et demi d’avance sur Mass !

Une remplaçante en jambes en 1991

La Sauber Mercedes C11 en complément de la C291

En voulant tout changer pour 1991, Mercedes se fait peur. La C291 amène un nouveau moteur, un 12 cylindres à plat de 3.5L. Mais le moteur qui doit se monter dans la nouvelle voiture n’est pas prêt.

Du coup, comme l’année précédente, Mercedes commence la saison avec la « vieille » voiture. Par contre, la 291 est dessinée pour courir en C1, la catégorie reine, mais la Sauber Mercedes C11 n’est éligible qu’en C2.

A Suzuka, l’auto se comporte quand même très bien, avec Schlesser et Mass. Elle s’adjuge une deuxième place finale, juste derrière la Peugeot 905 qui court, elle en C1.
A Monza, la C11 se classe troisième avec le même équipage. Encore une fois, c’est la victoire en C2… qui ne donne droit à rien, un seul championnat regroupe les deux catégories.

A Silverstone, c’est à la quatrième place que se classe la C11, mais encore une fois, en tête des C2. Pendant ce temps, la C291 a fait ses débuts et se classe 2e.

Les Sauber Mercedes C11 aux 24h du Mans 1991

Aux 24h du Mans, la firme à l’étoile amène une C291. Elle ne donne pas satisfaction, engagée avec le n°2 et Mercedes décide de ne pas l’aligner. Ce sont donc trois Sauber Mercedes C11 qui vont participer à la classique mancelle. Schlesser en tant que champion du monde, courra sur la n°1 avec Mass et Alain Ferté.
La 31 est confiée à l’autrichien Wendlinger accompagné de deux allemands, Schumacher et Kreutzpointner, la 32 est confiée à Johnatan Palmer, Stanley Dickens et Kurt Thiim.

En qualifications, c’est Schlesser qui établit le meilleur temps. Sauf que les C11 courent en catégorie C2. Les 10 premières places sont réservées aux C1, les trois Sauber Mercedes C11 créditées des 1er, 4e et 5e temps partent 11e, 12e et 13e. Vous suivez ? Par exemple, la Spice SE89C qui s’élance en 10e position a signé… le 39e meilleur temps !

Une course encourageante

Les Peugeot, véloces puisqu’elles se placent au niveau des Mercedes et des Jaguar, s’élancent en tête. A la fin de la première heure, la 905 de Rosberg, Dalmas et Raphanel est en tête devant deux Porsche. La C11 n°31 est 4e, la 1 est 5e et la 32 est 7e.
Mais la Peugeot est toute récente et fragile. Elle laisse sa place dès la deuxième heure à la C11 n°31, la n°1 est seconde et les 32 est 4e ! A la troisième heure, les trois autos sont en tête !

A la 5e heure, la 31 a eu un problème et a chuté au 6e rang, la 32 est en tête, la 1 est seconde. La 31 revient pourtant à la troisième place dès la 6e heure quand la 1 est passée en tête. C’est au tour de la 32 de rencontrer une difficulté qui la fait chuter au 9e rang à la fin de la 10e heure.
A mi-course, la n°1 devance la 31, la 32 est toujours en retrait à la 11e place.
A la treizième heure, la 31 a cédé sa place. Une Jaguar et une Mazda à moteur rotatif lui sont passées devant et l’auto est 4e.
A la 14e heure la 31 a glissé à la 8e place, juste devant la 32.
La 32 va avoir un problème à la 15e heure. Un choc sous le moteur la contraint à l’abandon alors que la n°1 est seule en tête, la 31 est toujours 8e.
A la 17e heure de course, la 31 est remontée 6e tandis que la 14 enchaîne les tours en tête.

Une fin… frustrante

Aux trois-quart de la course, la 1 est toujours en tête, la 31 remonte petit à petit et elle est 5e.
A la 20e heure, la Sauber Mercedes C11 n°31 est retombée à la 6e place, et la n°1 est toujours en tête.
Coup de tonnerre ! La C11 n°1 va connaître elle aussi un problème moteur. La voiture abandonne la course et la tête à la Mazda. La 31 sauve les meubles à la 5e place… qu’elle va tenir jusqu’au bout.

La Sauber Mercedes C11 ne sera plus vue en course après ces 24h du Mans finalement décevantes malgré des performances de premier ordre… La C291 prendra la suite et sera la dernière sport-proto de l’union Sauber Mercedes. Les deux acteurs partiront par la suite en F1 et Mercedes reviendra au Mans avec les CLK-GTR puis CLM qui n’auront pas les résultats escomptés.

Les Sauber Mercedes C11 aujourd’hui

Ces autos sont des raretés. Il avait été prévu d’en construire quatre et ce sont 5 exemplaires qui ont finalement été assemblés. Cela reste une voiture très rare. De nos jours une auto on, voit surtout deux autos.

La première, 89.C11.00 est l’auto que l’on voit le plus. Elle a été la première Sauber Mercedes C11 produite mais elle a surtout servi en test. Longtemps la propriété de Peter Sauber avant d’être vendue à son propriétaire actuel. Elle est souvent engagée sur les épreuve de Groupe C de Peter Auto. Cette année, on a pu la voir à Jarama Classic, Spa Classic, reportage ici et au Grand Prix de l’Age d’Or, reportage ici.

La seconde est 90.C11.01 qui a été la voiture n°2 sur la majeure partie de la saison 1990. Elle a longtemps appartenu à un collectionneur allemand qui l’a vendu il y a quelques années à Shaun Lynn, que l’on connaît pour ses performances au Tour Auto, et qui a notamment piloté la voiture en ouverture des 24h du Mans 2014 et qu’on a pu voir à Le Mans Classic.

Photos : News d’Anciennes (Bertrand, Julien, Cedric, Gaëtan, Cedric, Gaultier et Benjamin), Mercedes-Benz, les 24heures.fr

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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