Un Tour en Salmson S4-61 Cabriolet de 1950, une auto qui donne des ailes !

Publié le par Vincent

Un Tour en Salmson S4-61 Cabriolet de 1950, une auto qui donne des ailes !

Synonyme d’aviation, de sport auto, de luxe et d’élégance, la marque Salmson a disparu. Elle a quand même laissé quelques superbes autos dans le paysage automobile, et c’est en Salmson S4-61 que je vous propose de faire un tour.

Cet été, j’ai eu l’occasion de redécouvrir une automobile de caractère. S’il vous reste une petite place sur votre liste de Noël, cette voiture risque de vous donner des idées…

Comment trouver un cabriolet Salmson S4-61 en 1979 ?

En 1978, je cherchais un cabriolet Salmson. J’avais été conquis par ce modèle suite à un très bel article de J.P. Dauliac et M. Bonnerot, lu dans un numéro de « l’Album du fanatique de l’Automobile » d’avril 1972. Le journaliste était lui-même propriétaire d’une Salmson S4-61 Cabriolet. Il la décrivait de manière élogieuse et l’article était agrémenté d’une photo impressionnante de la voiture en course de côte. Il me fallait un cabriolet Salmson !

A la vente aux enchères annuelle de Fontenay le Comte (Vendée), un cabriolet s’était vendu mais au-dessus de mon budget. Avec seulement deux ans d’exercice dans ma profession, je n’avais que quelques économies de côté. J’ai alors discuté autour de moi à la recherche d’une piste. A Retromobile, en 1979, un monsieur fini par me dire qu’il connaissait un cabriolet en Normandie, garé dans une grange près d’un garage.

Quelques jours plus tard, me voilà parti au petit matin, au volant de ma Panhard 24 CT de l’époque. Après quelques kilomètres, je perdis mon échappement sur l’autoroute. Heureusement j’avais mon bleu et des bandes plâtrées dans le coffre. En 15 minutes, j’étais reparti.

Arrivé en Normandie, le contact m’indiqua qu’il n’est finalement pas possible de voir la voiture car le propriétaire n’en avait pas envie. Ne voulant pas repartir bredouille, j’ai fait le tour des garages dans le bourg pour finalement apercevoir l’ombre d’un cabriolet au fond d’une grange. J’ai discuté avec le mécanicien et celui-ci m’expliqua que la voiture était bien à vendre mais que ce n’était pas la sienne. Elle appartenait à un parisien qui n’a plus les moyens de la refaire et qui souhaitait s’en séparer. Mais celui-ci ne viendrait pas dans la région avant plusieurs mois. En cherchant un moyen de le contacter rapidement, le garagiste me donna alors l’adresse d’un antiquaire. Ce-dernier m’envoya à la fromagerie Le Petit où j’ai fini par obtenir le numéro du propriétaire de la voiture.

Le soir même, j’ai appelé le propriétaire qui me demanda de lui faire une offre. Ne voulant pas rater cette occasion, je lui ai proposé mes économies et la voiture était à moi. Depuis, j’ai refait la peinture, la sellerie et la capote mais le moteur n’a jamais été ouvert.

Un tour en Salmson S4-61

Pour ma part, je n’ai pas encore eu la chance de prendre son volant. Néanmoins, après plusieurs après-midis assis côté passager, je peux vous assurer cette voiture est grisante.

Pour commencer, on est bien à bord d’une voiture d’exception. La ligne et la finition globale de la voiture témoignent de tout le savoir-faire des ateliers de Billancourt. Nul ne doute que la Salmson S4-61 trouverait sa place aux concours d’élégance. Néanmoins, elle ne dégage pas cette aura qui semble rendre certaines voitures inaccessibles, la patine de cet exemplaire en fait une voitures authentique et attachante.

Par ailleurs, la Salmson S4-61 possède d’autres atouts, notamment sur le plan mécanique. Son moteur lui fait bénéficier de bonnes reprises et ne manque de puissance. La Salmson S4-61 semble aussi robuste qu’efficace et cela malgré ses 66 ans.

Enfin, les sièges sont d’un confort que pourraient lui envier nombre de voitures modernes. De même, l’amortissement se fait avec souplesse, sans en faire pâtir la tenue de route, qui est d’une efficacité redoutable. Installé de la sorte, on ne voit pas défiler les kilomètres !

L’histoire de la Salmson S4-61

De l’air à la route

La Société des Moteurs Salmson (SMS) était à l’origine un constructeur reconnu de moteurs d’avions. En 1919, la firme installée à Boulogne Billancourt se lance dans la fabrication d’automobiles, comme beaucoup d’industriels après la guerre (tels que Citroën, Hotchkiss ou Voisin). Salmson choisit de fabriquer des cyclecars sous licence GN (Godfrey Nash). Ces petites voitures étaient soumises à une faible fiscalité afin de rendre l’Automobile plus accessible pendant l’entre-deux-guerres.

En 1921, Salmson construit son premier cyclecar : l’AL. Peu à peu, la marque se forge un palmarès impressionnant en compétition. Les évolutions et les modèles se succèdent et les cyclecars s’étoffent jusqu’à devenir de vraies voitures.

La lignée des S4

Le premier modèle de Salmson S4 apparaît en 1929, des modèles allant de 7 à 10 CV lui succéderont jusqu’en 1952. La Salmson S4-61 est présentée au Salon de l’Automobile de Paris de 1938 et commercialisée l’année suivante. En 1942, la production est stoppée après 700 unités produites. Elle reprendra en 1946 pour 1478 modèles supplémentaires. Cette production confidentielle s’arrêtera en mars 1952, après 2 178 unités, tous modèles confondus.

Une ligne classique et raffinée

La Salmson S4-61 se distingue des précédents modèles par trois nouvelles carrosseries : une berline sans montant central, un coupé et un cabriolet avec 4 places sous capote. Le cabriolet est bien plus rare que les autres carrosseries, il en resterait une cinquantaine de recensés, dont la moitié encore roulant, sur les 227 produits.

La Salmson S4-61 conserve un style classique, presque à l’excès, comme en témoigne le volant toujours à droite, devenu presque anachronique mais signe d’une conduite élitiste. L’intérieur du cabriolet est habillé de cuir et de baguettes en bois.

La caisse en acier repose sur une armature en bois montée sur un châssis tubulaire. Le réservoir se situe à l’arrière. En février 1949, la Salmson S4 est montée avec de nouveaux pare-chocs et de nouvelles ailes profilées intégrant les optiques. La face avant laisse place à une calandre plongeante, alvéolée et cerclée de chromes. Sur le profil, une baguette vient souligner son long capot pour finir par rebondir sur les larges ailes arrière. La roue de secours est encore dissociée de la malle arrière.

Une automobile performante

Malgré le palmarès sportif de la marque, les Salmson S4 n’ont pas vocation à courir en compétition. Néanmoins, les moteurs Salmson jouissent de l’influence de l’aviation et d’une conception remarquable. En effet, les moteurs sont sophistiqués et obtiennent de bien meilleures performances que ses rivales à motorisation équivalente.

Ainsi, la S4 est aussi efficace qu’une Citroën 15-Six pour une cylindrée se rapprochant plus de la Citroën 11 CV. De plus, la Salmson S4 profite d’un rayon de braquage beaucoup plus faible que celui de la Traction. Du fait de leur production non mécanisée, les Salmson était plus coûteuse que la plupart de leurs concurrentes mais elles étaient aussi bien plus luxueuses et n’avaient pas peur de rivaliser avec les Hotchkiss, Delahaye ou autres Talbot.

A la fin des années 1930, la Salmson S4 bénéficie d’une certaine avance technologique face à ses concurrentes. Cependant, elle sera privée de nouveautés techniques jusqu’à la fin de sa carrière, la rendant presque désuète face à ses concurrentes. Une dernière évolution du modèle se fera tout de même en mars 1951, avec la Salmson S4-61 L, équipée de freins hydrauliques. 

Salmson, la sécurité dans la vitesse

Malgré les années, la Salmson S4 conserve une excellente tenue de route, aussi équilibrée qu’efficace. Notamment grâce à son châssis surbaissé, ses roues indépendantes et à sa direction aussi douce que précise, comparée à l’époque à celle d’une Bugatti type 57.

La Salmson S4-61 est animée par une bloc 10 CV de 1730 cm3 et à double arbre à came en tête. Son moteur est alimenté par un carburateur Zénith 36 TH et offre une puissance de 51 ch, lui permettant, de propulser le cabriolet à 125 km/h. Pour stopper ses 1170 kg lancés à pleine vitesse, la Salmson peut compter sur ses freins à commande par câbles Bendix. La suspension est assurée par un ressort transversal à l’avant et des ressorts cantilevers à l’arrière avec amortisseurs hydrauliques, assurant confort et sécurité à toutes allures.

La puissance du moteur est transmise aux roues arrière par une boîte de vitesses électromagnétique Cotal à 4 rapports. La commande se fait à l’aide d’un levier à trois positions (marche avant, neutre et marche arrière) placé sous le tableau de bord de la voiture. Le passage des vitesses se fait par un commutateur disposé à côté du volant. Pour lancer le véhicule, il suffit de débrayer et de placer le levier sur la position de marche désirée. On fait basculer le commutateur sur la première vitesse et on relâche la pédale en accélérant. Pour les vitesses suivantes, il n’est pas nécessaire de débrayer. Il suffit de relâcher l’accélérateur pour passer le rapport suivant ou de le maintenir l’accélération pour rétrograder.

Pour juger des ses qualités routières, je vous invite à la voir évoluer sur les routes de Seine et Marne en cliquant sur la vidéo ci-dessous :

https://youtu.be/mdkNToShTng

Merci à G.C. pour cet essai et pour m’avoir transmis, il y a maintenant 6 ans, la passion et le goût des voitures anciennes.

Vincent

https://vincentdecours.com

Ingénieur de formation, il se lance dans les anciennes en 2011 en écrivant "Auto d'Antan", une revue amateur sur les véhicules anciens. Trois ans plus tard il se lance sur la blogosphère puis rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2016 . Il partage la route avec sa Motobécane N40TS, son Vélosolex 3800 et sa Renault 5 GTL.

Commentaires

  1. Gérard

    Magnifique voiture !
    Une époque où le savoir faire Français , en matière de carrosseries était excellent !
    Maintenant le plastique est roi ! Et les formes. …informes !
    Regrets éternels

    Répondre · · 23 décembre 2016 à 21 h 26 min

  2. alain happe

    bonjour et merci de tous ces détails. juste une question, j’en ai vu sans roue de secours sur le coffre arrière, c’est quel modèle et à partir de quelle date? si vous savez, merci encore

    Répondre · · 21 mars 2020 à 19 h 00 min

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