La CD SP66, quand Charles Deutsch revient au Mans… avec Peugeot !

Publié le par Benjamin

La CD SP66, quand Charles Deutsch revient au Mans… avec Peugeot !

Cette superbe auto n’est pas inconnue à ceux qui ont pu aller cette année au Grandes Heures Automobiles et au Mans Classic, mais aussi au récent Epoqu’Auto. La CD SP66 est un superbe modèle d’auto de course, la dernière tentative, solo, de Charles Deutsch au Mans.

Charles Deutsch, le technicien

La CD SP66 reprend, comme nom, les initiales de son créateur, Charles Deutsch. C’est en étant voisin de la concession Citroën de René Bonnet qu’il entre dans l’automobile. Les deux hommes créent une voiture de course à mécanique de Traction Avant, avant la guerre, et c’en est lancé de l’aventure DB.

Les DB seront des autos redoutables pour l’indice de performance. Propulsées par de petits moteurs Panhard, ces autos très aérodynamiques remporteront de nombreux succès sur ces classements annexes. Charles Deutsch, diplômé de l’X, des Ponts et Chaussés, des Mines et de Supélec est à la baguette pour la création.

Seulement, Charles Deutsch ne fait pas que concevoir les DB. Il est également ingénieur et ses projets l’amènent loin des DB. Bonnet et Deutsch se séparent en 1961. Bonnet se lancera dans le projet Missile à moteur Renault dont on vous parlait ici. Deutsch crée la SERA-CD, Société d’Etudes et de Réalisation Automobiles – Charles Deutsch, et continue la compétition au Mans. Avec Panhard, puis Dkw, sur des autos très profilées, profitant de l’effet de sol.

En parallèle, CD produit quelques coupés de route, à moteur Panhard. Mais quand la marque est arrêtée, la voiture aussi.Mais en 1966, CD revient au Mans, avec un nouveau moteur.

La CD SP66, deux années d’endurance avec Peugeot

Lignes épurées et moteur de série pour la CD SP66

Première chose qui frappe en regardant la voiture, c’est sa finesse. En 1966, les autos commencent à s’affiner, mais ce n’est que le début. La ligne est fine, basse. Deux ailerons verticaux améliorent sa stabilité à haute vitesse sur certains circuits comme Le Mans. C’est Robert Choulet, de la SERA-CD qui conçoit la structure et Daniel Pasquini qui hérite du dessin de la carrosserie.

La carrosserie repose sur une structure en acier. Cette même structure reçoit des trains roulants propres à CD, mais une mécanique plus répandue. Après avoir essayé les DKW, c’est finalement vers Peugeot que Charles Deutsch se tourne. Pour être précis, c’est un quatre cylindres de Peugeot 204. Apparu en 1965, il est assez moderne, et a la particularité d’être très léger, fabriqué en alliage d’alu.

Monté en position transversale, à l’avant, il est monté en transversal mais à l’arrière sur la CD SP66. Il n’est pas strictement de série puisqu’il passe entre les mains de Moteur Moderne. La société fait des merveilles, faisant passer la puissance de 53 ch à 108 ! Cette puissance est transmise aux roues arrières via une boîte à 5 vitesses d’origine Peugeot.

Avec un poids de 740 kg et des dimensions ramassées, l’auto monte jusqu’à 250 km/h !

Débuts Manceaux en 1966

C’est aux tests des 24h du Mans 1966 qu’est présentée la CD SP66 en avril 1966. Une seule voiture est confiée à Alain Bertaut. Il se classe 22e, une belle performance.

Pour les 24h du Mans, c’est une véritable écurie que Charles Deutsch amène au Mans. Trois voitures sont sur place, la 51 est confiée à Claude Laurent et Jean-Claude Ogier, la 52 à Pierre Lelong et Alain Bertaut, la 53 enfin à Georges Heligouin et Johnny Rives.

Aux qualifications, les autos font un tir groupé, entre la 46e et la 49e place. En course, cela ne va pas du tout se passer comme prévu.
La 51 commence la valse des abandons en glissant sur de l’huile. La collision avec l’ASA RB613 est suffisamment grave pour qu’Ogier soit évacué vers l’hôpital. A la 6e heure, c’est la 52 qui s’arrête, avec des problèmes à l’embrayage.
La 53 tiendra plus longtemps, mais partira en tête à queue, se fera heurter par une Matra et une Ferrari. Clap de fin.

Le reste de la saison sera ponctué par une 3e place à Magny-Cours en juillet et une 6e place avec victoire de classe à Montlhéry pour les Coupes du Salon en Octobre. A chaque fois les autos sont entre les mains d’Alain Bertaut.

La saison se termine, toujours à Montlhéry, aux 1000 km, Bertaut et Guilhaudin se classent 11e.

Les CD SP66 rempilent en 1967

Pour l’année 1967, la voiture n’est pas modifiée quand elle se présente aux tests. Bertaut s’y classe cette fois à la 26e position.

Aux 24h du Mans 1967, les autos ne sont que deux. Aux qualifications, la 53 de Guilhaudin et Bertaut est 46e, la 52 de Ballot-Léna et Dayan est 49e. La course tournera court une nouvelle fois. La 52 ne fera que 20 tours avant de surchauffer, la 53 en fera 35 avant de couler une bielle.

La toute dernière course d’une CD SP66 se fait aux 12h de Reims. Guilhaudin et Bertaut vont se classer à une belle 13e place.

Deutsch continuera dans la course

L’arrêt du programme d’endurance en nom propre de Charles Deutsch ne signe pas sa fin de carrière. On lui demandera de travailler avec Porsche et son travail aéro sera visible sur les 908 et 917.
Plus tard, Guy Ligier confiera à la SERA-CD la conception de sa JS11. Le même dessin sera réutilisé sur l’Alfa Romeo 179 !

Charles Deutsch mourra en 1980, la SERA-CD lui a survécu et existe toujours.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. PASQUINI daniel

    je suis Daniel Pasquini , et c’est à moi que Lucien Romani avait confié le design de cette CD 66 ( du point de vue aérodynamique ) Charles Deutsch avait en effet sous traité cette partie là à Romani comme il l’avis fait pour le modele 62 et le modele 64
    Choulet était chargé de la structure et n’a JAMAIS participé au dessin aérodynamique .
    pour preuve je vous conseille de voir CITYJOULE que j’ai dessiné il y a quelques années

    Répondre · · 12 avril 2018 à 16 h 08 min

    1. Benjamin

      Merci de la precision, on va modifier. Si vous avez d’autres anecdotes, nous sommes preneurs !

      Répondre · · 12 avril 2018 à 16 h 09 min

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