Les Aston Martin DP, les DB4 ultimes !

Publié le par Benjamin

Les Aston Martin DP, les DB4 ultimes !

Difficile de faire plus confidentiel que les Aston Martin DP, vues par Pierre à Silverstone, Gaultier, Gaëtan et Cedric au Nürburgring. Ces autos sont des bêtes de course, construites par Aston Martin au début des années 60 avec pour objectif de battre les Ferrari 250, rien de moins.

La première : l’Aston Martin DP 212

Le contexte de sa naissance

Au début des années 60, Aston Martin est un client sérieux aux 24h du Mans. L’usine a ainsi gagné la course en 1959 avec la DBR1/300. L’équipe et dirigée par John Wyer, l’un des JW du futur J.W. Automotive Engineering et de ses couleurs Gulf. Le retrait des Jaguar Type D, en fin de carrière ont laissé toute la place à Aston Martin… et à Ferrari.

En 1960, les DBR1 n’ont pas été ridicules, mais les Ferrari ont gagné. En 1961, Aston Martin veut combattre avec Ferrari et ses 250 Testarossa. Elle oppose alors des Aston Martin DB4 GT à carrosserie Zagato, de superbes autos, plus légère et taillées pour la victoire. Les autos ne vont cependant pas beaucoup inquiéter les Ferrari.

L’Aston Martin DP 212, une voiture taillée pour la course

En 1962, on présente donc l’Aston Martin DP 212. En fait, c’est une version encore plus poussée de la DB4 GT Zagato.
La voiture est construite sur un châssis tubulaire avec des tubes carrés. Par dessus, on installe une carrosserie en aluminium, plus fuselée encore. Le but est de tirer profit des hautes vitesses du circuit du Mans.
La suspension avant est celle de la DB 4 GT modifiée, avec des triangles superposés. A l’arrière on retrouve un pont De Dion, qui provient d’une étude pour Lagonda. On combine avec des barres de torsion provenant de la DBR2.

Mais c’est sous le capot avant qu’on retrouve la plus grosse modification. En effet, on part une fois de plus du 6 cylindres en ligne 3.7 Litres « Tadek Marek ». Le moteur est revisité, il passe notamment à 3996 cm³. Il est toujours surmonté par deux arbres à came et trois carbus Weber double corps. Sa puissance est de 330 ch ! On accouple le tout à une boîte 5 David Brown.

L’Aston Martin DP pèse 980 kg à sec. A comparer aux 820 kg de la Ferrari 330 Tri/LM qui est elle aussi un prototype 4 litres.

L’Aston Martin DP 212 apparaît en course

La voiture fait sa première apparition aux tests des 24h du Mans, début avril 1962. L’Aston Martin DP 212 y est pilotée par « Franc » et Kerguen. Si il prennent une belle 4e place, il faut cependant comparer à la Ferrari 330 qui se classe juste devant. Ensuite il ne faut pas oublier que les Ferrari 250 GTO et GT SWB sont encore devant.

On retrouve ensuite la voiture aux 24h du Mans 1962 qui se dérouleront les 23 et 24 Juin. La voiture va être emmenée par Graham Hill et Ritchie Ginther, un « top » équipage donc ! L’Aston Martin DP 212 va cependant signer une performance égale à celle des essais avec le 4e temps en 3:59.800.
La voiture va même se porter en tête à la fin du premier tour ! La voiture va progressivement reculer, le châssis étant cassé. A la sixième heure, alors que la voiture est 9e, elle abandonne, après 79 tours.

Les autres Aston Martin DB4 abandonneront elles aussi.

On travaille encore sur l’Aston Martin DP 212 en fin d’année

Après les 24h du Mans, la voiture va être perfectionnée. L’Aston Martin DP 212 va être envoyée à Nuneaton auprès de la Motor Industry Research Association pour réétudier l’aérodynamique. L’objectif est d’améliorer la stabilité à haute vitesse. Elle va devenir la première Aston Martin à s’équiper d’une Kamm Tail, l’arrière tronqué qui fera école sur les autos de la marque.

L’apparition des Aston Martin DP 214 et DP 215

Chez Aston, on travaille sur d’autres autos

Deux autres Aston Martin DP vont donc être étudiées pour l’année 1963. On commence avec l’Aston Martin DP 214. C’est la première émanation de la DP 212. Elle en reprend l’idée globale, mais l’aérodynamique a été retravaillé. L’arrière est en Kamm Tail, l’avant est tout nouveau et la hauteur de la voiture est réduite.

La plus grosse différence réside dans le moteur. On utilise un moteur « classique » de chez Aston Martin, le 3750 cm³ de la DB4 GT. Mais l’avantage, c’est qu’on peut engager la voiture en catégorie GT. Deux châssis vont être construits.

A ses côtés, une autre auto est étudiée. En fait, l’Aston Martin DP 215 est directement tirée de l’Aston Martin DP 214. Seulement, on développe alors un nouveau moteur chez Aston que l’on prévoit de loger sous le capot de la voiture. Le V8 de 5 litres qui devait faire franchir un palier à la voiture ne sera cependant jamais prêt.

Des débuts aux tests du Mans

L’Aston Martin DP 214 va être lancée officiellement aux tests des 24h du Mans. Le châssis 194 sera piloté par Kimberly et Bianchi et prendra la 6e place au général. L’autre auto, la 195, se classera 3e avec Bruce McLaren et Jo Schlesser au volant.
En plus de ces deux Aston Martin DP 214, la 212 et son nouvel arrière est engagée. Pilotée par les 4 pilotes à tour de rôle, elle se classera 5e.

Les essais sont concluants, notamment la vitesse de pointe qui monte à près de 300 km/h ! Néanmoins on a fini l’Aston Martin DP 215, et on l’équipe du moteur 4L de la 212. Du coup, la 212 part à la retraite.

Les 24h du Mans 1963 comme course de référence

Aux 24h du Mans 1963, les Aston Martin DP 214 et 215 qui seront les fers de lance.
Sur l’Aston Martin DP 214 194, on retrouvera Kimberly et Schlesser, avec le n°7. Sur la 195, on trouvera Bruce Mc Laren et Innes Ireland avec le n°8. Enfin sur l’Aston Martin DP 215 ce sont Phil Hill et Lucien Bianchi qui piloteront avec le n°18.

La DP 215 est la mieux qualifiée, à la 4e place. La 194 est 10e et la 195 est 8e.

Le but de l’Aston Martin DP 215 est de faire le lièvre, et de faire casser les Ferrari, laissant les DP 214 ramasser les miettes si le plan se passe bien. Leur rythme est alors fixé à 4:15 au tour. Le plan ne se passe pas forcément comme prévu, une Maserati Birdcage dépassant la DP 215 dès Mulsanne.

Hill est 5e quand au 6e tour, il roule sur des débris et doit rentrer au stand vérifier que la voiture n’a rien.Mais la voiture va cependant abandonner dès le 29e tour, la transmission n’a pas résisté au couple du moteur 4L.

Au 28e tour, McLaren va laisser le volant de a 195 à Ireland. Celui-ci va faire monter la voiture de la 10e à la 6e place au général. Mais un piston va casser. Aston Martin n’a pas eu le temps de monter les pistons forgés. Les pistons coulés ne tiennent pas. Le problème c’est que la voiture va répandre de l’huile sur la piste. Roy Salvadori va perdre la maîtrise de sa Jaguar Type E dessus. Plus grave, Christian Heins sur son Alpine M63 va faire de même. Sa voiture s’enflammera et il pérît sur le coup.

La 194 va aller plus loin. La voiture est 5e au général à la 8e heure. Elle est même 3e et en tête des GT au moment où son moteur va rendre l’âme. Encore les pistons.

Aston Martin aura cependant la satisfaction d’avoir été la première marque à faire dépasser les 300 km/h à ses voitures. L’Aston Martin DP 215 sera même chronométrée à 320 km/h !

Les voitures continuent après les 24 heures

Contrairement à l’Aston Martin DP 212, les 214 et 215 vont continuer leur carrière en dehors des 24h.

L’Aston Martin DP 215 est engagée aux 12h de Reims pour Jo Schlesser. La boîte n’a pas été changée et n’a été que réparée. Normalement la voiture aurait été imbattable, mais Schlesser a des soucis pour passer les vitesses. Du coup, après plusieurs surrégimes, son abandon est enregistré, au 4e tour seulement.

A Brands Hatch, pour le Guards Trophy, la DP 215 ne fait qu’un tour de démo. On ne la reverra plus en course.
Les deux Aston Martin DP 214 sont pourtant en course, et si la 194 aux mains de Ireland fait 6e, la 195 aux mains de Kimberly, abandonne.
Au Tourist Trophy, c’est au tour de McLaren d’abandonner sur la 195, Ireland fera 7e.
En Septembre à la Coppa Inter Europa à Monza, Roy Salvadori remporte la course en GT de plus de 2 litres, Lucien Bianchi est 3e.
Aux coupes de Paris, en Septembre à Montlhéry, Le Guezec gagne devant Franc.
La saison se terminera en France, à Montlhéry encore, avec les Coupes du Salon que Jo Schlesser remporte, Le Guezec est 5e.

Les Aston Martin DP 214 courront en 1964

Le John Dawnay’s racing prend la main

Les autos sont vendues au John Dawnay’s Racing qui va l’engager pour la saison 1964. Elle va commencer tôt, aux 2000 km de Daytona. Les deux autos vont bien se comporter. La 194 de Salvadori et Salmon va arriver à la 5e place puis abandonner sur un problème de moteur. La 195 de Hetreed et Kerrison va elle aussi monter à la 5e place avant de redescendre à la 17e place à l’arrivée.

Ensuite pour la course du Silverstone International, la 194 de Mike Salmon prend la 2e place, la 195 abandonne.
Aux 500 km de Spa, les deux voitures abandonnent.
C’est encore pire au Nürburgring. Hetreed détruit la 195 dans son premier tour. Il se tue à son volant. La voiture ne sera pas reconstruite. En plus l’autre auto a aussi eu un soucis et ne prendra pas le départ.

Aux 24h du Mans 1964, l’Aston Martin DP 214 194 est engagée avec le n°18. Salmon et Sutcliffe partent de la 18e place. Ils seront disqualifiés pour un ravitaillement non autorisé…

Le reste de la saison sera peu reluisant. Une 7e place au Martini Trophy de Silvestone sera le milleur résultat.

Par contre la voiture ne sera plus engagée en course.

Les Aston Martin DP de nos jours

Pour l’Aston Martin DP 212, la suite fut glorieuse. Vendue à Mike Salmon, elle sera restaurée et engagée en championnat de voitures anciennes. A la clé, un titre en 1974. D’autres victoires suivront, notamment dans les années 1980. Elle apparaîtra dans de nombreuses expositions et sera de nouveau restaurée, notamment après un crash au Goodwood Revival en 1999.

L’Aston Martin DP 214 restante continuera elle aussi en course durant les années 60 et 70. Son histoire rejoindra celle de la DP 215 quand celle-ci sera presque détruite en test en 1965. Ses pièces furent utilisées pour la 194. Ensuite la voiture continua à courir et à être exposée. Elle a cependant subi un gros crash lors du Goodwood Revival 2012.

Deux répliques seront produites, en se servant de la 194 comme modèle et réutilisant des pièces de DB4 GT. C’est l’une de celles-ci qu’on put voir les spectateurs du Nürburgring.

Enfin, l’Aston Martin DP 215 a été totalement restaurée entre 1980 et 1991. Cependant, impossible d’y remettre un moteur d’origine. Même problème pour la boîte. Du coup, c’est un 4.2 litres conçu pour les Cooper d’Indianapolis qui prend place sous le capot, accouplé à une boîte ZF. La voiture court elle aussi régulièrement dans de très grands événements.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. matzel

    Merci pour cet article, je n’avais jamais entendu parler de ces voitures. Elles sont magnifiques. Il est dommage que la « vraie » DP 215 n’aie jamais roulé.

    Répondre · · 26 août 2016 à 19 h 48 min

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