Fiabilité et durabilité : le mélange des genres

Publié le par Pierre

Fiabilité et durabilité : le mélange des genres

Beaucoup d’entre nous préfèrent les voitures anciennes sous prétexte qu’elles offrent une fiabilité supérieure à celle des  modèles récents. La preuve étant que nombre d’années après leur mise en circulation, elles tournent toujours comme une horloge, alors que n’importe quelle moderne n’ira pas jusque là, a priori. Et c’est bien là qu’est toute l’erreur la plupart des modèles récents sont bien plus fiables que les anciennes, mais ils sont moins durables. Explication sur deux termes que l’on confond allègrement et que l’on assène à tort et à travers.

La fiabilité c’est quoi ?

La fiabilité, c’est le fait pour une voiture de suivre sa durée de vie sans incident majeur. Et sa durée de vie, ce n’est pas le moment où elle arrive à la casse, mais le temps qu’elle va passer en moyenne sur nos routes. En cela, la durée de vie moyenne d’une voiture (aujourd’hui) est d’environ dix ans et environ 170 000 km. Ce qui compte donc, c’est qu’elle ne pose pas de soucis majeurs à son propriétaire dans ce laps de temps. En cela, la majeure partie des voitures modernes remplit allègrement son contrat.

Le Volvo XC60, référence de fiabilité dans sa catégorie, selon l'Argus en 2016
Le Volvo XC60, référence de fiabilité dans sa catégorie, selon l’Argus en 2016

Pour pousser l’explication un peu plus loin, en compétition, un moteur fiable est un moteur qui ne tombe pas en panne durant les courses auxquelles il participe. Pendant les grandes heures de la F1 sans limites de budget, il fallait juste qu’il tienne pendant deux heures de course. Toutefois question durabilité, aucun n’atteindra jamais 200 000 km, même avec l’entretien le plus poussé au monde !

Un moteur jetable au bout d'une course peut-être fiable. Il suffit juste qu'il ne tombe pas en panne pendant la course
Un moteur jetable au bout d’une course peut-être fiable. Il suffit juste qu’il ne tombe pas en panne pendant la course

Et la durabilité dans tout ça ?

La durabilité, comme son nom l’indique, c’est la capacité d’une voiture à durer dans le temps. Ainsi les Mercedes W123 sont par exemple l’archétype de la voiture durable, tout a été tellement surdimensionné que rien ne cède ! Mais Mercedes n’a pas l’apanage d’être dans le Guinness des records, pour cela il faut aller voir chez Volvo, une P1800 a dépassé les trois millions de kilomètres !

La championne toute catégorie de la durabilité, au-delà même des attentes de son constructeur.
La championne toute catégorie de la durabilité, au-delà même des attentes de son constructeur.

Pour mieux faire comprendre la différence, prenons le cas de la Peugeot 605, dans ses tous premiers modèles, elle n’était clairement pas fiable. Cependant c’est une voiture durable, aujourd’hui, on en trouve encore sur la route, fortement kilométrées et elles sont « à peine rodées ». A contrario, les derniers moteurs Wankel sont fiables, si on les entretient correctement, en revanche, ils ne sont pas durables.

On peut ne pas être fiable et pourtant être durable !
On peut ne pas être fiable et pourtant être durable !

Bref, la durabilité, c’est la capacité d’une voiture de résister au temps et aux kilomètres, bien au-delà de ce qui était prévu dans le manuel, y compris des entretiens aléatoires ou de la vraie maltraitance.

Donc je vous en supplie, la prochaine fois que vous me dites que les anciennes sont plus fiables, regardez bien si l’on parle de fiabilité, ou de durabilité, histoire d’éviter des débats inutiles, nés d’une incompréhension !

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. Bruno Jullien

    Excellente démonstration ! Rien à ajouter ni à retrancher

    Répondre · · 3 juillet 2016 à 16 h 30 min

  2. Geoffrey

    Bravo! On est vite lassé de cette litanie que raconte certains…

    Ajoutons aussi le « au moins rien d’électronique! ». Alors que si on retire l’électronique de la voiture qu’ils utilisent tout les jours, certains seraient bien déçus.

    Et puis, les anciennes qu’on voit aux rassemblements, sont pour la plupart bien chouchoutées par leurs propriétaires, ce qui est loin d’être le traitement des voitures récentes.

    Concernant les rotatifs, pour le Cahier des Charges d’une sportive, il n’a que des atouts!
    Personne ne prend une sportive pour avaler les kilomètres. Et quant bien même, bien entretenu, pas de problèmes. Au pire, si usure normal, un Rebuilt et c’est parti (je parle des vieux 13B).

    Répondre · · 3 juillet 2016 à 21 h 49 min

    1. Pierre

      L’électronique fera elle aussi l’objet d’un article, mais je dois avouer qu’avec un sujet aussi « sensible », il est dur de trouver un angle d’attaque permettant d’alimenter un débat sans que celui-ci ne risque de dériver.

      Après, je ne blâme pas les gens qui confondent durabilité et fiabilité, il m’a moi-même fallu faire pas mal de recherches pour réussir à séparer ces deux notions de manière claire pour pouvoir faire cet article. Et beaucoup de sources ne font malheureusement pas la différence (qui est pourtant de taille).

      Quant au rotatif, vous prêchez un converti ! En tant que propriétaire, je ne peux que valider votre commentaire sur le sujet, et pour info, le Renesis n’est que l’ultime évolution du 13B, donc le rebuild, ça marche aussi !

      Répondre · · 3 juillet 2016 à 22 h 07 min

      1. Geoffrey

        Pour en revenir aux notions de l’article justement, j’ai quelques remarques, constructives je l’espère. (du moins, c’est mon but).

        La Fiabilité, est liée a la durée de vie du produit. Cette durée de vie est déterminée par le constructeur, ou est-elle normalisée?
        Vous parlez de « durée de vie moyenne ». Doit-on donc viser la moyenne?

        J’ai souvenir, en cours, de 2000h de fonctionnement a 100km/h, soit 200 000kms.
        On serais donc bien de dessous de cela.

        D’après votre « référence » qui est la moyenne, si elle est mauvaise, en étant un tout petit peu moins mauvais, on reste mauvais.

        Si un constructeur décide de la fixer à 50 000kms. Elle peut donc être fiable, mais qu’en dirais les utilisateurs?

        Comme vous avez cité le Wankel, je vais allez un peu plus loin:

        « A contrario, les derniers moteurs Wankel sont fiables, si on les entretient correctement, en revanche, ils ne sont pas durables. »

        Comment peut on affirmer cela? les « derniers Wankel » sont récents. On ne peut pas encore le savoir.

        Diriez vous que les voitures récentes sont durables donc? Comment le prédire?
        Je pense que vous connaissez la réponse à cela, pourquoi donc ne pas l’avoir intégré à l’article?

        Je pense surtout, qu’outre ces notions, il y a un grand changement dans notre société qui n’a pas affecté que le monde automobile. Qui fait que les voitures récentes n’ont plus besoin d’êtres durables.
        Mais cela dépasse sans doute les bornes de cet article.

        Répondre · · 3 juillet 2016 à 23 h 57 min

        1. Pierre

          Le but était de pointer que 300 ou 400 mille kilomètres comme on peut le voir assez régulièrement sur nombres de youngtimers n’est pas qu’une simple question de fiabilité puisqu’on est au delà durée de vie moyenne d’une voiture sur le marché (10 ans selon l’UTAC). Je reconnais avoir pris un raccourci un peu maladroit en faisant une opération simple en le multipliant par le kilométrage moyen des français.

          Mais en effet la base de dimensionnement est d’environ 200000 km.

          Pour le moteur Wankel, c’est simple, la majorité des moteurs nécessitent un rebuild (du à la géométrie des joints d’étanchéité et des segments d’arête) avant 150000 km, malgré un entretien rigoureux. Et nous ne sommes que 13 ans après la sortie des premiers modèles. Difficile donc d’espérer voir des moteurs atteindre les kilométrages parfois dantesques évoqués.

          Question durabilité entre un modèle ancien et un modèle récent, ce qui me permet de dire qu’une voiture moderne n’aura probablement pas la durabilité des anciennes, c’est une simple question d’ingénierie. Les pièces sont dimensionnées au plus juste, et non plus suivant le principe de « qui peut le plus peut le moins », a partir de là la fatigue des matériaux sera par essence plus grande.

          Comme vous le soulignez, la société a évolué. Le client « lambda » change de voiture bien plus souvent qu’il y a vingt ans (et je ne même pas de ce que c’était à la sortie de la guerre). Inutile donc, du point de vue économique, d’augmenter les coûts de production et de développement induits par des véhicules plus durables.

          Maintenant il s’agit ici d’un simple article cherchant à séparer les deux notions, et non d’un dossier complet sur l’évolution de la conception automobile.

          Répondre · · 4 juillet 2016 à 0 h 15 min

          1. Richard

            13 ans après la sortie des premiers modèles de quoi ? des moteurs Wankel ? cela fait bien plus longtemps que cela que le Wankel est sorti… Dans les années 1950 ce type de moteur est développé sur un principe remontant à la 2e moitié du XVIe siecle.. Il a été utilisé sur des motos, autos, hélicoptère, etc…

            Le Wankel connait également des développements pour fonctionner au gasoil et à l’hydrogène

            Répondre · · 4 juillet 2016 à 10 h 40 min

            1. Pierre

              La discussion portait sur le Renesis, sorti avec la RX-8. Concernant le moteur rotatif en général, nous avons déjà retracé son historique du côté automobile dans un dossier.

              Répondre · · 4 juillet 2016 à 13 h 54 min

  3. jean pierre Lecoq

    La raison pour laquelle on donne bien souvent une durée de vie à un véhicule est le fait qu’à partir d’un certain kilométrage, le coût d’une réparation peut s’avérer trop élevé compte tenu de la valeur intrinsèque / de l’état de conservation du véhicule.

    Une voiture n’a pas une durée de vie prédéfinie par construction, elle dépend d’énorméments de facteurs (conception, entretien, conduite, type de trajets parcouru

    Répondre · · 3 juillet 2016 à 22 h 00 min

    1. Pierre

      Non seulement le cout des réparations, mais également le fait qu’une bonne partie de la population change régulièrement de voiture.

      Concernant la durée de vie, en effet, on est très loin de l’obsolescence programmée comme on a pu en parler pour le matériel électronique. C’est majoritairement la conception (de nos jours, économies d’échelle obligent, les éléments sont conçus « au plus juste » afin de limiter les pertes de production) afin de correspondre aux besoins de cette « durée de vie moyenne ». Maintenant, le paramètre le moins facile à quantifier, c’est le propriétaire.

      Répondre · · 3 juillet 2016 à 23 h 01 min

  4. Jack

    Alors pour moi qui suis mécanicien, je ne suis pas tout à fait d’accord.. Lorsque l’on parle de fiabilité d’un véhicule dans son ensemble, c’est sa capacité à avaler des kilomètres sans soucis pour peu qu’il soit bien entretenu. Jusqu’au début des années 90, il n’était pas rare d’avoir fait un joint de culasse à 150mkms, la distribution se faisait tous les 80 à 100mks, les embrayages aussi, mais le reste était durable, on le gardait longtemps. A partir de cette époque, on a vu apparaitre des véhicules moins durables en terme de carrosserie et finition mais d’une fiabilité redoutable pour certains. Ainsi, les 2,1 litres Renault diésel issus des R20 et incassables dans les R25 et R21, les véhicules équipés de XUD puis DW8 chez Peugeot-Citroën, les 1,9 litre D de chez Volkswagen et j’en passe. Ils font encore les beaux jours de beaucoup de gens n’ayant que peu de moyens et peuvent afficher de kilométrages importants sans s’être ruiné en réparations L’absence ou le peu d’électronique justement retire une source de panne et leurs simplicité et forte diffusion les rendent accessible niveau entretien.
    Pour ce que j’en vois des véhicules actuels, aucun n’affichera jamais une telle fiabilité, quant à la durabilité, on verra bien,mais les pièces d’occasions en état autorisées en deuxième monte sont rares en bon état pour certain modèle et les prix sont prohibitifs pour d’autres. La faute à la complication de la technologie et l’avènement des consommables en plastique ou résine (injecteurs-pompes, échangeurs, durits….).
    Alors si je suis d’accord sur la fiabilité aléatoire de certains modèles jusqu’aux années 80, il en va tout autrement à mon avis de certaines autos de 20-25 ans surnommées « bouts de bois » dans la profession. Tel est en tout cas mon avis…

    Répondre · · 3 juillet 2016 à 23 h 29 min

    1. Pierre

      Vous illustrez parfaitement « l’exception » des youngtimers qui ont pour beaucoup réussi à allier fiabilité et durabilité. Cependant les youngtimers ne sont pas les seules automobiles anciennes.

      Et il s’agissait ici d’illustrer la différence entre les deux notions, même si elles ne sont pas forcément incompatibles, à défaut d’être économiquement rentables pour le constructeur.

      Répondre · · 4 juillet 2016 à 0 h 19 min

  5. Richard

    Pour le record de la Volvo P1800, il s’agit de 3 Millions de Miles et non pas de kilomètres ce qui fait 4 827 000 kilomètres…..

    Répondre · · 4 juillet 2016 à 10 h 29 min

  6. David Everaert

    Travaillant dans le domaine automobile occasion, je peut certifier que les récente amène pas mal d’ennuis comparé au anciennes, dans le temps au pire un joint de culasse, (si pas fait à temps réfection culasse).

    Mais actuellement le prix des pièces et de l’électronique capricieuse, sa aide pas pour les voir rouler dans 20 ans ;-), certain feux arrière simple coûtant parfois 500 a 1000€, et pas spécialement des sportive Huyndai I30 CW le feux arrière +- 400€, et pas de LED, perdez les clé a une petite Toyota IQ 700€ car centrale électronique, etc etc.

    les gens changent plus vite aussi car le monde est devenus capricieux.

    Je parle pas de certaines françaises que l’on change car plus envie d’aller au garage tous les ans 😉

    Répondre · · 4 juillet 2016 à 19 h 23 min

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