Modèles à la Une : Matra MS 640

Publié le par Benjamin

Modèles à la Une : Matra MS 640

Troisième volet de notre série sur les Matra engagées en endurance, après la MS 620 et la MS 630 on revient sur la « maudite » Matra MS 640.

La Matra MS 630 est apparue à la fin de l’année 1967 et a évoluée au Mans en 1968 où elle a failli créer la surprise. Elle est également la voiture qui inaugure le (futur) mythique V12.
Et la Matra 630 ne va pas être rangée au musée de sitôt. Pour servir d’écrin au V12, Matra veut une nouvelle voiture, toujours fermée, pour participer au Mans en 1969.

La conception de la carrosserie est confiée à Robert Choulet, ingénieur aérodynamicien et déjà connu chez Matra puisque étant un ancien de chez Deutsch et Bonnet. Son objectif est de construire une voiture très aérodynamique pour deux raisons : combler le déficit de puissance par rapport aux Porsche 917 et Alfa Roméo 33 sur le très rapide circuit du Mans, tout en luttant contre la Porsche 908 et sa faible consommation.

La conception et la mise au point prennent du retard. La Matra n’est pas prête pour les essais préliminaires des 24h du Mans et c’est la 630 qui reprend du service, avec le V12. La Matra MS 640 doit malgré tout courir au Mans en Juin. Après un petit déverminage sur un aérodrome lors de la présentation à la presse, Matra décide de louer le grand circuit du Mans pour faire ses propres essais le 16 Avril. Le duo de pilotes vedette de Matra est dépêché sur place pour les essais : Henri Pescarolo et Johnny Servoz-Gavin.

Choulet directeur technique et Georges Martin, directeur sportif donnent des consignes claires à Pescarolo. Il doit hausser le ton petit à petit afin que tout le monde voit ce qu’elle a dans le ventre, les réglages sont neutres au départ. Pescarolo remarque une direction légère dans les hunaudières mais décide tout de même de pousser la voiture. A 250 km/h il passe la bosse de Mulsanne (non rabotée encore). Le « saut » va accentuer un gros problème : la voiture se plaque à l’arrière tandis que l’avant se déleste, d’où le soucis de direction. La voiture va alors tout simplement s’envoler. Elle va scalper les arbres et se disloquer à l’atterrissage. Pescarolo est grièvement blessé et s’en sort avec de graves brûlures et deux vertèbres fracturées. Il va subir un arrêt de 6 mois !

La voiture quand à elle est tout bonnement abandonnée et c’est la 630 et son dérivé 630-650 qui vont courir au Mans en 1969.

Mais l’histoire de ne s’arrête pas là. La voiture est mise au rebut, et aucun autre exemplaire n’est construit. Choulet est lui poussé chez Porsche en Octobre 1969. Seulement 20 ans plus tard en 1989, lorsque l’on touche aux moules ayant servis à faire la carrosserie, on découvre une seconde, juste pressée, non polie et non peinte. La société Norma va réaliser un châssis mais la restauration va s’arrêter. En 2004 enfin, EPAF, spécialiste des Matra s’attaque à la reconstruction de ce second modèle. C’est Pescarolo lui-même qui lui fera atteindre 290 km/h au final sur un aérodrome, non sans avoir pris d’infinies précautions pour éviter tout accident.

Photos : Thesupermat

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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