Essai du coach D.B HBR5, la GT française des années 50

Publié le par Vincent

Essai du coach D.B HBR5, la GT française des années 50

Une sportive française qui courait aussi bien sur circuit qu’en rallye, il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité. Après un tour en Salmson S4-61 à voir ici, je vous emmène à bord d’une tout autre auto aussi élégante que performante, c’est le D.B HBR5.

L’auto sera mise en avant au Tour Auto 2017. C’est donc l’occasion ou jamais d’en parler.

Petite histoire de cette GT française

Derrière les initiales D.B se cachent un duo de passionnés : Charles Deutsch et René Bonnet. Les créations des deux hommes parcourent les circuits à partir de 1936. La marque D.B devient officielle en 1947.

La ligne d’un premier coach est dessinée par le carrossier Antem en 1953. La carrosserie, d’abord en acier est réalisée dans les ateliers de Champigny et est montée sur un châssis à poutre centrale. Cette première version dispose de phares escamotables et d’un pare-brise en deux parties. La présentation au public se fait lors du Salon de l’Automobile de Paris en 1954. Par la suite, les carrosseries sont réalisées en polyester. La fabrication des 100 premières coques est confiée à Chausson mais celle-ci n’est pas encore maîtrisée. La production prend du retard et des finitions doivent être effectuées chez D.B. Après cette première série, Chausson se retire et les caisses seront fabriquées dans les Vosges.

Le catalogue du coach D.B proposait trois versions : une « standard », « grand luxe » et la « super rallye » dont les vitesses de pointe atteignaient respectivement les 150 160 et 175 km/h. Le type D.B HBR5 a une signification bien précise. Le H désigne la catégorie d’automobiles définie par la Fédération Internationale du Sport Automobile et dont la cylindrée est comprise entre 500 à 750cc. Le B renvoie aux voitures bi places, le R pour la route et le chiffre la puissance fiscale de 5CV.

Au total ce sont 428 coaches qui seront fabriqués dont une centaine exportés aux Etats-Unis, où la marque s’était fait connaître par ses victoires aux 12h de Sebring. Les coaches D.B s’illustrèrent dans de nombreuses épreuves sur circuits et en rallye comme aux Mille Miglia en 1957 ou sur le Tour de France 1956 et 1960 où ils raflèrent la première place. De même, les D.B (de tous types) ont essentiellement participé aux 24h du Mans où ils remportèrent de nombreuses fois l’indice de performance.

Jean-Luc et les D.B

Jean-Luc a été bercé par la marque D.B. Son père a longtemps travaillé à l’atelier de Champigny. Les weekends, ils allaient voir courir René Bonnet sur les circuits français. Quant au coach HBR5, c’est le troisième qui croise la route de Jean-Luc.

Quelques années après avoir revendu les siennes, il est épris de nostalgie et trouve ce modèle de 1961 dans le Loiret. Jean-Luc a fait une grande partie de la restauration de son coach (exceptées la carrosserie, la peinture et la sellerie). Cela fait maintenant 40 ans qu’il la possède.

Il a roulé régulièrement sur circuit avec son fils en épreuve de démonstration, notamment à Montlhéry et au Mans. Pour cela il a fait préparer un carburateur double corps et une ligne d’échappement plus « libre » afin d’améliorer encore les performances de sa HBR5.

Jean-Luc est également à l’origine de la création de l’Amicale D.B en 1991 avec le soutien d’amis possesseurs de D.B.

Notre D.B HBR5 du jour

Une ligne sportive

Le HBR5 bénéficie d’une ligne aérodynamique diminuant la résistance aux frottements et lui donnant ainsi des formes douces et harmonieuses. Ses voies avants sont plus larges que les voies arrières et son empattement court participent autant à l’esthétique qu’à l’efficacité de la voiture sur la piste. La partie arrière est plutôt musclée et reprend les feux de la Peugeot 403. Le coach n’arbore que peu d’ornements et les pare-chocs sont moulés dans la caisse. En 1956, des feux carénés viennent remplacer les phares escamotables. Le coach, sublimé par sa robe rouge vif, est aussi sportif qu’élégant.

L’intérieur est quant à lui dépouillé et très lumineux, notamment grâce à son toit « Vistadome », disponible à l’époque en option. Derrière le volant on retrouve un compteur à deux immenses cadrans.  Chose étonnante, la commande de clignotant se trouve devant le levier de boîte de vitesse.

Une caisse en polyester mais pas une coque vide

La carrosserie du coach D.B HBR5 est en polyester stratifié. Elle repose sur un châssis à poutre centrale. Le tableau de bord contribue à la rigidité de la caisse. Le moteur, repris de la Panhard Dyna est un bicylindre à plat refroidit par air de 851 cc logé dans un berceau tubulaire. Retravaillé par D.B et alimenté par un carburateur double corps Zénith de 38, le moteur délivre 58 ch à 5700 tr/min contre 42 ch en configuration d’origine. La transmission aux roues avant se fait par une boîte 4 rapports dont le premier n’est pas synchronisé. La suspension est assurée par ressorts à lames à l’avant et des bras articulés à barres de torsion à l’arrière. Le tout est stoppé par des freins à tambours « Al-Fin » dont le refroidissement est assuré par les ailettes.

Au volant d’une D.B HBR5

Premiers tours de roues

Monter à bord d’une telle voiture est fantastique, en prendre le volant est encore plus grisant ! L’assise est confortable et la position est au plus près de la route, peut-être un peu basse car on ne voit pas le bout du capot. Mais ce qui déstabilise le plus, c’est le levier de vitesse : le dessin de la boîte est perpendiculaire à l’axe de la voiture. En effet, le HBR5 reprend la boîte de la Panhard Dyna dont la commande se trouve initialement derrière le volant.

René Bonnet expliquera que le passage des vitesses ne nécessite qu’un simple mouvement de poignet, bien plus rapide en course qu’une boîte classique nécessitant un mouvement du bras. Compte tenu de mon expérience, je reste un peu hésitant, de peur de froisser la mécanique mais le passage des rapports s’apprend rapidement et devient naturel. Les trois premiers rapports sont courts et l’aiguille du compteur monte vite dans les tours. Le moteur demande de franches accélérations pour trouver sa bonne plage de fonctionnement, celle-ci se trouve au delà des 4000 tr/min. La puissance du bicylindre est modérée mais ce dernier se révèle nerveux et les reprises sont bonnes.

Sur route, le coach se révèle agile, la direction est un peu dure mais précise. Le freinage est efficace et la suspension bien que ferme en virage, reste très confortable. La conduite est agréable et se révèle finalement assez moderne. La voiture est légère, le poids est réparti sur l’avant à 60/40. Malgré cela, le HBR5 n’en souffre pas, la tenue de route est très bonne et la voiture est loin de survirer en courbe.

Conclusion

Le HBR5 est assurément une auto rapide, sûre et confortable. Elle hérite de toute l’expérience de la marque en compétition par son style, ses performances et l’aura qu’elle dégage. Rouler en D.B, c’est choisir une sportive atypique, un peu méconnue et avec beaucoup de charme.

Conduire une D.B HBR5

On vous l’a déjà dit, les coaches D.B HBR5 sont peu courants. 428 au total, c’est peu. Pour autant l’auto n’est pas surévaluée, sachant qu’elle vous permet des engagements dans beaucoup d’événement historiques.

Il est difficile de définir une cote précise sur une telle auto. Les prix démarrent autour des 50.000 € mais peuvent certainement monter vite. En effet, les véhicules prêts pour un engagement au Mans Classic par exemple comportent des éléments qui vont faire grimper la facture. Trouver une auto sera déjà difficile, alors certes il faudra regarder son état, mais le prix ne sera pas forcément facilement négociable.

ImageNote 3- HBR5
EntretienNote 2- HBR5
Facilité de conduiteNote 4- HBR5
Facilité de prise en mainNote 2- HBR5
Plaisir de conduiteNote 4- HBR5
Les PlusLes Moins
Une auto performante Rareté
Une sportive française originale Entretien de la caisse
  
  
Note TotaleNote 15 20 1- HBR5

Merci à Jean-Luc Grizard pour m’avoir fait découvrir sa superbe HBR5 et la marque D.B, et merci à René Claude Bonnet pour la relecture.

Vincent

https://vincentdecours.com

Ingénieur de formation, il se lance dans les anciennes en 2011 en écrivant "Auto d'Antan", une revue amateur sur les véhicules anciens. Trois ans plus tard il se lance sur la blogosphère puis rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2016 . Il partage la route avec sa Motobécane N40TS, son Vélosolex 3800 et sa Renault 5 GTL.

Commentaires

  1. Jean-Marc H Despointes

    Lisez Sport Auto du mois de mai. Il y a un article sur ma DB HBR5, face à Une Alpine A 108. Tres bel article.

    Répondre · · 3 mars 2017 à 21 h 37 min

  2. Leroux

    Les carrosseries polyester étaient faites je crois chez Chappe et Gessalin …
    avant l’aventure avec Alpine, et la future collaboration avec Simca (base 1200S) créant ainsi leur propre marque CG ….

    Répondre · · 28 mai 2020 à 13 h 33 min

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