Pas Vraiment VW, Pas Totalement Porsche, la Porsche 914

Publié le par Benjamin

Pas Vraiment VW, Pas Totalement Porsche, la Porsche 914

Depuis des années, les Porschistes purs et durs raillent les Cayenne, Panamera et autres Macan. « Ce ne sont pas des Porsche ». Si on les avait remis en 1969, qu’est ce qu’ils auraient dit de la Porsche 914 ? Une auto développée avec Volkswagen, qui ne manquait ni de qualités… ni de défauts !

Pourquoi la Porsche 914 ?

Le contexte de la création de la Porsche 914

Nous sommes au milieu des années 1960. Porsche a plus ou moins réussi sa transition. Exit la Porsche 356 et place à la reine 911. Cette nouvelle auto se porte plutôt bien, notamment en compétition où les victoires s’accumulent, en rallye comme sur circuit (victoire au Monté Carlo 1968 avec Vic Elford par exemple).

Par contre, au niveau financier, ce n’est pas la même histoire. La marque a beaucoup investi dans la 911. Les clients ont eux, du mal avec les prix de ce nouveau modèle, plus cher que la 356. C’est pour ça que la Porsche 912 est née, en gardant presque tout d’une 911 et en se motorisant avec un 4 cylindres de 356.
Mais les deux modèles se perfectionnent, grimpent en gamme, bref, l’entrée de gamme de chez Porsche n’est plus si « abordable » et il faut un nouveau modèle… que la marque ne peut se permettre de développer seule.

Chez Volkswagen, la « sportive » c’est la Karmann-Ghia. La Type 14 et la Type 34 cohabitent, mais clairement, la voiture n’est pas très sportive. Les performances sont limitées et il faut un nouveau modèle à VW. Et pourquoi pas aller sonner chez Porsche. C’est Heinz Nordhoff, l’homme qui a lancé Volkswagen après guerre, qui va aller proposer le projet à Porsche.

On va créer une nouvelle marque pour cette auto, Volkswagen-Porsche. On distribue bien les rôles pour celle qui va devenir la Porsche 914. Pour ce qui est de l’étude et du design, on va faire appel à Porsche. La mise en oeuvre de la fabrication, c’est donc Volkswagen qui s’en occupe.

Le projet de la Porsche 914

Pour le design, comme souvent chez Porsche, il est traité en interne. On retrouve donc au crayon le tandem composé de Butzy Porsche et Heinrich Klie. Ils partent sur une ligne résolument moderne mais qui conserve des allusions à la Porsche 911. Les ailes avant sont ainsi conservées mais au lieu des phares, elles sont dotées d’une veilleuse et des clignotants. La grille arrière de la 911 prend place sur le sommet du coffre, très plat.

Niveau structurel, on veut faire moderne là aussi. Le moteur ne sera pas en porte à faux, mais central. Le moteur ? Les moteur en fait. La Porsche 914 va en fait naître avec deux motorisation. Un modèle estampillé VW se doter d’un 4 cylindres, un modèle Porsche reprendra le 6 cylindres de la 911. Les deux moteurs sont accouplés à des boîtes à 5 vitesses.

Le 4 cylindres d’origine est un 1.7L tout nouveau, pas un « vulgaire » moteur de cox. Ce moteur fait par exemple appel au magnésium, cher à Porsche. Le 1.679 cm³ de 80 chevaux développe un couple de 13.6 mKg.
Le 6 cylindres est bien un Porsche. C’est le 1.991 cm³ de la 911. Avec 110 ch, son couple est lui de 16 mKg.

Pour le reste de la technique, la Porsche 914 est une monocoque dotée de caissons aidant à rigidifier le tout. A l’avant, les suspensions sont à triangles complétées par des barres de torsions longitudinales. En plus le tout est réglable assez facilement avec une simple clé. A l’arrière, on adopte un pont Mac Pherson. Les freins sont à disque partout.

Les deux versions pèsent autour des 900 kg. La version VW promet un 0 à 100 en 13 secondes et une vitesse de pointe de 177 km/h. Par contre, la version Porsche demande 9.8 secondes et monte à 201 km/h !

La fabrication des Porsche 914

La voiture est présentée officiellement au salon de Francfort le 11 Septembre 1969. En fait quelques exemplaires ont été assemblés mais la fabrication débutera réellement au début de l’année 1970.

Volkswagen a bien mis en place la production, mais pas dans ses usines. C’est en fait Karmann qui va produire la voiture. La Volkswagen et son 4 cylindres sortent directement de l’usine. Par contre pour ce qui est de la Porsche, elle quitte la production avant de recevoir son moteur.

Les Porsche 914-6 rejoignent ensuite Zuffenhausen pour recevoir le moteur et les trains roulants spécifiques (notamment les barres anti roulis).

La Porsche 914/8 n’aura pas vécu

On note par ailleurs que Porsche a fait réaliser deux Porsche 914/8 avec le 8 cylindres Boxer de la Porsche 908. La première auto sera offerte à Ferdinand Porsche pour son anniversaire et sera même homologuée pour la route. Avec 3L de cylindrée la voiture faisait près de 300 ch !
En plus de son moteur elle se distingue par son toit ouvrant, le toit Targa de la Porsche 914 étant ici soudé. Elle a parcouru 10.000 km et elle est parfois visible au Musée Porsche.

La seconde, moins bien finie était un véhicule de développement qui ne débouchera sur aucune fabrication.

L’évolution des Porsche 914

La période 1970-1972

Les voitures vont être produites pendant ces deux premières années sans réel changement. En plus d’être visible en concessions, les autos sont également en piste.

On note de très nombreux engagements. Si au niveau international, les voitures ne brillent pas, au niveau des courses nationales, des victoires sont à noter. Par contre, ce sont presque exclusivement des engagements de voitures à moteur Porsche.
Certaines de ces autos sont des Porsche 914/6 GT. Des voitures bénéficiant d’une prépa moteur poussée et d’élargisseurs d’ailes.

Le plus grand coup de la Porsche 914/6 en course sera certainement réalisé lors des 24h du Mans 1970. Sonauto, le distributeur Porsche en France engage une voiture pour Ballot-Léna et Chasseuil. Qualifiée seulement 45e, elle se classe 6e à la fin, sur 7 autos classées ! En plus, la voiture permet à Porsche de remporter sa classe, en plus du classement général (917) et du classement des prototypes (908/2 LH) !

Premiers (gros) changements en 1973

Depuis l’apparition de la Porsche 914, il est indéniable que la version à 6 cylindres est un échec. Vendue trop chère, elle ne rencontre aucun succès. Pour tirer les coups vers le bas, on décide de la remplacer par une version 4 cylindres. Seules 3500 Porsche 914/6 auront été produites ! Un beau collector.

Une Porsche 916 avait été étudiée, plus aérodynamique, avec un moteur de 200 ch, mais les 11 prototypes n’ont débouchés sur aucune fabrication.

Le 1.7 L continue sa carrière mais il est désormais épaulé par une version 2L, dérivée de cette première.

Dans les courses de sport, on les retrouve toujours au départ de nombreuses courses, mais les résultats se font plus rares.

En 1974, pour répondre aux changements de réglementation en Californie on va introduire un nouveau moteur. En fait, il faut réduire les émissions. Facile, mais cela implique souvent une baisse de puissance. Pour y remédier, on fait passer le moteur à 1.8 L et on y installe deux carburateurs. La puissance est de 80cv en Europe, 76 aux USA avec l’Injection.

Restylage en 1975 pour la fin de carrière

La 914 arrive en fin de vie, six ans de carrière. Un léger restylage voit ses pare-chocs s’épaissir pour 1975. On ne touche pas au petit moteur mais l’installation d’un catalyseur sur la version 2L fait passer la puissance à 88 ch.

En 1976, il ne restera plus que la version 2L. En plus la voiture ne sera plus vendue que sur son marché numéro 1 : les USA.

Au final, il aura été produit 115.000 Porsche 914. C’est un succès relatif, on pensait en vendre plus mais sa carrière a été honorable.

La Porsche 914 de nos jours

Les Porsche 914 souffrent d’un « problème » commun aux PMA. Les Porschistes purs et durs ont du mal à admettre d’autres autos que la 911. Pourtant, comme la 924 qui va succéder à la 914, Porsche n’a pu continuer de développer, fabriquer, vendre et faire courir des 911 que parce que ces « petits » modèles rentraient de l’argent.

Une Porsche 914 sera néanmoins plus chère qu’une 924 ou une 944. Les version 1.7 L et 1.8 L sont les plus courantes, et on les trouvent entre 20 et 22.000 € en bon état. Une deux litres montera plus aux alentours des 27.000 €.
Pour les 914/6, ce sera plus compliqué. Vendues à seulement 3500 exemplaires, on en trouve peu. Leur prix tourne autour des 70.000 €, des raretés qui se payent le prix… d’une 911 !

Celle que nous avons sous les yeux est celle de Thierry. Achetée chez Aguttes il y a un an, elle a été entièrement restaurée pendant l’année par la Carrosserie Bailly à Troyes.

Photos : Mark, Benjamin, Porsche

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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