La Porsche 904 Carrera GTS, élégante et performante

Publié le par Benjamin

La Porsche 904 Carrera GTS, élégante et performante

Paradoxalement la Porsche 904, ou Carrera GTS, c’est comme vous voudrez, est une des Porsche de compétition les plus produites… et à la carrière la plus courte, seulement deux années sous la bannière de l’usine. On vous propose de la découvrir en détail.

La genèse de la Porsche 904

Dans la classe des deux litres, Porsche est à bout de développement de ses petites voitures 2L en 1963. La Porsche 718 RSK a déjà 6 ans et Porsche décide de partir sur une toute nouvelle voiture.

Même les méthodes de conception vont être nouvelles. On reste sur l’idée d’une auto à moteur central mais au niveau du châssis, on décide d’innover. Exit le tubulaire, la nouvelle auto, conçue en interne comme la 904 va être pensée autour d’un châssis poutre. En fait c’est une auto entièrement conçue par Butzi Porsche.

Après la 911 il en signe également les contours et arrive également à imposer un choix nouveau qui fera date chez Porsche : la carrosserie composite, avec du plastique renforcée par la fibre de verre. Porsche n’est pas capable de mettre en œuvre cette technologie de façon satisfaisante et on confie donc la fabrication à l’avionneur Henkel qui sera capable d’en produire deux par jour.

Niveau trains roulants, ce sont des triangles superposés qui assureront les liaisons au sol et des freins à disques qui seront chargés de l’arrêter.

Le moteur doit être le nouveau 6 cylindres de la Porsche 901/911 en configuration deux litres. Seulement à l’automne 1963, quand on doit sortir les premiers exemplaires de la voiture, le moteur n’est pas prêt.

Pour pouvoir l’engager sur la saison 1964, on reprend alors le 4 cylindres type 574, qui a déjà fait ses preuves, et il est porté à 180 chevaux. Course oblige, c’est à une boîte 5 qu’on l’accole.

La voiture est donc révélée en octobre 1963. La Porsche 904, de sa dénomination en interne est proposée à la vente en tant que Porsche Carrera GTS.

Du côté de Stuttgart elle doit remplacer les autos existantes et donc ce n’est pas un prototype qu’on prévoit. Du coup on planifie donc une production de 100 exemplaires qui offrira une homologation en catégorie sport. En attendant de vendre les autos, Porsche doit assumer le coût du programme. Les F1 de la marque ne sont guère performantes et on arrête ces autos pour permettre à la Porsche 904 de se lancer.

Côté performances, on est en présence d’une auto de 650 kg, qui permet d’atteindre les 260 km/h en pointe et qui passe de 0 à 100 km/h en 5.4 secondes.

Apparition de la Carrera GTS en tant que prototype

Si le modèle est révélé à l’automne 1963, les premières courses vont se faire avant même la réalisation des 100 modèles d’homologation. Du coup c’est en catégorie prototype que les premières Porsche 904 sont engagées.

Le 21 Mars 1963, aux 12h de Sebring, ce sont cinq voitures qui sont au départ. La meilleure, engagée par Briggs Cunningham et partagée avec Underwood, finit à la 9e place de la course et remporte la victoire… en catégorie prototype de moins de 3L.

Les voitures sont homologuées en Avril et se comportent plutôt bien aux essais des 24h du Mans. L’une d’elle est d’ailleurs une nouvelle Porsche 904/8. Comme la 718, Porsche utilise son châssis pour loger le 8 cylindres à plat de deux litres issu de la formule 1. Le moteur reste un 2 litres mais est plus puissant puisqu’il apporte 225 ch.

Mais en Avril, c’est à la Targa Florio qu’elles débarquent en force avec pas moins de 8 autos engagées, dont trois par l’usine, deux 4 cylindres et une 8 cylindres. Le succès va être là, la 86 de Pucci et Davis remporte l’épreuve devant la 84 de Balzarini / Linge. La 904/8 de Barth / Maglioli termine à une belle 6e place et remporte la catégorie prototype 2L.

On découvre également la voiture très à l’aise dans les courses de côte, avec des pilotes comme Barth, Walter ou Müller qui accumulent les résultats.

Aux 1000 km du Nürburgring le 31 Mai, Koch et Pon, engagés sur la voiture de ce dernier montent sur le podium… du général, une première, et gagnent le GT 2.0L.

Premières 24h du Mans pour la 904

Les 24h du Mans 1964 arrivent ensuite et 8 voitures sont présentes sur la piste. L’usine engage deux 904/8 pour Barth et Linge sur la 29 et Davis et Mitter sur la 30, plus une Carrera GTS pour Koch et Schiller sur la 31.

Du côté des privés uniquement des Porsche 904 à 4 cylindres, « Franc » et Kerguen piloteront la 32, Pon et Van Zalingue la 33, Buchet et Guy Ligier la 34, Müller et Sage la 35, De Cortanze et Mosnier la 36 qui ne prendra pas le départ suite à un accident aux essais.

En course, tout va bien se passer. Les 904/8 sont performantes, avec notamment des pointes à 280 km/h dans les Hunaudières ! Davis et Mitter vont même pointer à la deuxième place au général. Las, aucune des deux voitures ne sera à l’arrivée.

Par contre, les Carrera GTS donnent satisfactions et voient toutes le drapeau à damier. Buchet et Ligier sont 7e premier en GT 2.0L mais 4e en GT, derrière les Cobra Daytona et les 250 GTO. Pon et Van Zalinge sont 8e, Koch / Schiller 10e, Müller / Sage 11e et « Franc » / Kerguen 12e. Les résultats sont donc plutôt encourageants !

La suite de la saison voit les Porsche 904 accumuler les places d’honneur et les victoires de catégorie comme aux 12h de Reims.

Au Tour de France, fin septembre, les qualités des Porsche 904 vont faire merveille dans ce mélange de spéciales et de circuit. Le tir groupé est joli, derrière deux Ferrari 250 GTO, les autos se classent troisième, Buchet / Linge, quatrième, Klass / Wütherich, cinquième, Poirot / Marbaque et sixième, Meert / de Jonghe. En bonus, elles assurent un quadruplé en classe GT 2.0L.

Aux 1000 km de Paris, Barth et Davis prennent la troisième place du général et la victoire en prototypes

Au final, Porsche remporte le championnat du Monde de la catégorie des GT 2.0L et la deuxième place des prototypes 2.0L. En plus, Barth gagne le Championnat d’Europe de la Montage en catégorie voitures de sport (904/8) et Heini Walter le Championnat en GT.

1965 : arrivée du 6 cylindres sous le capot des Porsche 904

Bonne nouvelle pour la marque, en 1965 le 6 cylindres tant attendu est prêt. On décide de produire une vingtaine de ces 904/6. Tant pis pour l’homologation. Pour la reconnaître, c’est simple, sa prise d’air de custode est plus large, comme la 904/8.

En attendant que la voiture ne soit prête, les Carrera GTS courent. Et pas forcément là où on les attend. Le premier engagement majeur a lieu au rallye Monté Carlo 1965 où Börhinger / Wütherich terminent second derrière la Mini de Mäkinen.

Retour sur les circuits pour les 12h de Sebring, le 27 Mars, l’usine débarque.. Sur ses machines, Underwood / Klass prennent la 5e place et la victoire de classe, Buzzetta / Pon la 6e et la seconde place de classe, Mitter / Linge remportent eux la classe prototype avec leur 9e place sur la 904/8.

C’est aux tests du Mans que la Porsche 904/6 est introduite. Confiée à Mitter et Linge, elle termine à la 10e place, à un peu moins de deux secondes de la 904/8 avec le même équipage.

À la Targa Florio, Porsche s’occupe de tout et engage les voitures sous la bannière de l’usine. Une nouvelle auto fait son apparition, la Porsche 904/8 Bergspyder qui comme son nom l’indique est conçue uniquement pour les courses de côtes et qui n’est autre qu’une des deux Porsche 904/8 « décapsulée ».

C’est cette auto, confiée à Davis et Mitter qui prend la seconde place, derrière une Ferrari 275 P2. Elle remporte néanmoins sa classe, juste devant la Porsche 904/6 de Maglioli et Linge, troisième au général et l’autre 904/8 de Bonnier / Hill quatrième au général. Juste derrière, la Carrera GTS de Pucci / Klass est 5e au général et victorieuse dans sa catégorie.

Aux 1000 km du Nürburgring fin mai, les 904 sont présentes en nombre avec des moteurs de tous types, on ne met pas les œufs dans le même panier. Bonnier et Rindt prennent la troisième place au général sur la 904/8. La première 4 cylindres est celle de Fischhaber / Schütz classée 11e avec une nouvelle victoire de catégorie.

Au Mans, Porsche débarque avec une nouvelle armada de voitures. En voiture de pointe, on compte sur la Porsche 904/8 de Davis et Mitter, ensuite les 904/6 de Linge et Nöcker, Klass et Glemser et entre l’usine et les privés, quatre 904 GTS confiées à Stommelen / Poirot, « Franc » / Kerguen, Pon / Buchet, et Koch / Fischhaber.

Encore une fois la 8 cylindres va connaître des soucis de fiabilité. C’est du coup d’une 904/6 que va venir la satisfaction avec une quatrième place au général avec Linge et Nöcker, juste devant la carrera GTS de Koch / Fischhaber. Les deux voitures en profitent pour signer des victoires de classe. Toutes les autres abandonnent.

Comme en 1964, les Porsche Carrera GTS remportent le championnat du Monde en GT 2.0L, les Prototypes 6 et 8 cylindres offrent la seconde place à Porsche.
En Championnat d’Europe de la Montagne, Herbert Müller est sacré en GT.

Clap de fin pour les Porsche officielles en 1966

Porsche s’est mis dans la course à l’armement. La Porsche 904 est en fin de vie et on travaille sur la Porsche 906. Néanmoins, Porsche va quand même continuer à utiliser ses « vieilles » autos.

L’usine va utiliser deux Porsche 904 Carrera GTS aux 24h de Daytona, dominées par les Ford GT40 MkII. Mitter / Buzzetta et Klass / Schütz en arrivant aux 7e et 8e places sont premiers et deuxièmes en catégorie Sport 2.0L.

A Sebring, Follmer / Gregg, engagés par l’usine terminent 7e et premiers de classe.

La voiture a connu ici son dernier engagement par l’usine. Les privés continueront de l’engager, avec à la clé de belles places, notamment en SCCA et même quelques victoires en courses locales.

On notera aussi que finalement Piëch aura eu la peau de Butzi Porsche. Ce sont ses autos, la 906 en tête, la mythique 917 quelques années plus tard, qui seront les fers de lance de la marque.

La Porsche 904 de nos jours

Sa rareté n’est pas si grande puisque ce sont plus de 120 voitures qui ont été construites. Si certaines n’ont pas résisté à leurs carrières sportives, on en trouve relativement souvent, que ce soit sur des courses de voitures anciennes ou des salons. Notons que souvent les moteurs 4 cylindres ont été troqués à posteriori par des 6.

Au niveau de la côte, aucune n’est présentée avec une estimation inférieure à 1 million d’euros, la moyenne s’élevant même à 1.5 millions d’euros, sans palmarès évidemment !

Photos : Porsche, News d’Anciennes

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

    1. Benjamin

      Un peu ouais ! J’ai pas regardé les plateaux de ce week-end mais c’est pas impossible que t’en vois une.

      Répondre · · 10 mai 2016 à 21 h 23 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.