Modèles à la une : Alpine A442

Publié le par Benjamin

Modèles à la une : Alpine A442

Ce Week-End pour le Festival Of Speed, la marque Alpine sera présente avec nombre de voitures de course, dont une A442B. L’occasion de se pencher sur l’historique du modèle.

Après son retour progressif en endurance via les barquettes A440 et A441, Alpine continue de chercher la performance en introduisant une nouvelle voiture : l’A442.

L’A441 avait commencé à servir de voiture de test en version A441T au début de l’année 1975. Le but était en fait de préparer le moteur Turbo pour une nouvelle voiture sur laquelle le moteur développerait tout son potentiel. L’A442 est dérivée assez étroitement de l’A441, les principales différences se trouvant dans l’empattement, la forme du saute vent et la capacité du réservoir poussée à 120L.

Début en course en avril 1975

L’Alpine A441T a couru sa première course de Championnat du Monde des Voitures de Sport lors de la première manche européenne au Mugello. Jabouille et Larrousse se sont tout simplement imposés !

Alpine A442 1976 Monza

Quand l’A442 arrive en course pour la première fois deux semaines plus tard, elle est confiée là aussi à Jabouille et Larrousse, qui font quand même participer l’A441T aux essais. La course s’arrêtera au bout de 67 tours sur un problème de pompe à essence.
Aux 1000 km de Monza le 20 Avril, la voiture se comporte mieux puisqu’elle finit 3e de la course derrière une Alfa Romeo 33 et une Porsche 908.

La voiture n’est pas alignée à Spa, mais fait son retour pour les 1000 km du Nürburgring le 1er Juin. Les deux pilotes se classent 4e de la course.
Une seconde voiture est engagée à Zeltweg. Les équipages sont Depailler et Scheckter sur la n°8 et Larrousse / Jarier sur la n°7. Les deux voitures abandonnent, l’une sur un problème d’arbre à came, l’autre sur un problème de pompe à essence.

Les 24h du Mans ne sont pas au programme de l’équipe officielle, l’équipe renforce le team chargé d’engager l’Alpine A441C de Beaumont et Lombardi.

Alpine A442 1976 Watkins Glen

Lors de la dernière course du championnat du monde, aux 6h de Watkins Glen le 12 Juillet, deux voitures sont engagées, la première est confiée à Larrousse et Jarier, la seconde à Scheckter. La première se classe 3e de la course, la seconde va connaître plus de difficulté et abandonner sur un problème de soupapes.

L’année va se terminer par de nombreux tests en vue de 1976.

De nouvelles ambitions pour le championnat du monde 1976

La voiture va être assez peu modifiée, la boîte à air est déplacée au dessus du capot moteur, la voie arrière va être rétrécie, les pneus étant réduits par le nouveau règlement.

Mais c’est surtout dans le management qu’Alpine va se métamorphoser. Renault est le plus grand constructeur d’Europe, et les ambitions vont avec cette nouvelle stature. Un remaniement est nécessaire pour viser plus haut. Larrousse est choisi pour prendre la tête de l’équipe de course qui n’est plus Alpine et devient Renault Sport, une nouvelle société. Au passage, ses nouvelles responsabilités vont l’éloigner du volant.
De Cortanze, à l’origine de la conception de cette nouvelle génération de barquettes, se concentre sur le futur programme de Formule 1 qui commence avec l’Alpine A500. Du coup c’est François Castaing qui récupère la direction technique de l’équipe.

Alpine A442 Depailler 300 Km Nürburgring

Le début de la saison à de très nombreux tests et la voiture ne débute en course que le 4 Avril pour les 300km du Nürburgring. Les deux voitures se montrent très performantes mais les deux Alpine A442 de Depailler et Jabouille s’accrochent au 3e virage, la voiture de Depailler est même détruite, il sera mis à pied par Larrousse pour les trois courses suivantes.

Ce sont donc deux équipages inédits qui sont alignés au 4h de Monza le 2 Avril. Pescarolo et Jarier se classent second derrière une Porsche 936, la voiture de Laffite et Jabouille abandonne sur une fuite d’huile.
Aux 500 km d’Imola le 23 Mai, les deux voitures abandonnent sur casse moteur. Laffite et Jarier sont classés, Scheckter et Pescarolo n’ont fait que trois tours.

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Ce n’est donc pas dans une confiance absolue qu’Alpine aborde les 24h du Mans les 12 et 13 Juin. Deux voitures sont amenées, l’une avec une carrosserie arrière longue, l’autre avec une carrosserie plus courte. Une seule voiture est prévue en course, la seconde étant un mulet. Elle sera confiée à Jabouille et Tambay, épaulés par Dolhem, Pesca et Jaussaud étant partis chez Inaltera.
Jabouille se sent bien dans la voiture et le pilote-technicien va réussir à signer la pole en écrasant la concurrence. Son temps est de 3.33.1, la Porsche 936 en deuxième position est à 7 secondes !
En course, il garde sa première place mais ne parvient pas à creuser l’écart. Au final la Porsche emmenée par Ickx va passer l’Alpine A442 au 4e tour, et la bataille entre les deux va encore durer 10 tours. L’Alpine va ensuite être touchée par divers problèmes, sur l’allumage principalement. Au gré des arrêts et grâce à des chronos très rapides de Jabouille, dont le meilleur tour en 3.43s, la voiture remontera à la 3e place. Elle sera toujours troisième quand un problème moteur entraîne un nouvel arrêt : c’est un piston qui a rendu l’âme et c’est l’abandon à la 11e heure.
Porsche devient la première marque à faire gagner un moteur Turbo, Alpine est battu. Le choix d’Alpine de laisser le moteur en configuration sprint a porté ses fruits au niveau de la performance, mais la fiabilité doit être améliorée.

Alpine A442 1977 Mosport

La manche suivante du championnat du monde est en Italie, c’est la Coppa Florio le 27 Juin. Jarier et Pescarolo se classent 9e malgré un bris de boîte de vitesse, Depailler et Laffite abandonnent sur problème moteur.
Le 22 Août, à Mosport, Depailler se classe 4e.
Aux 500km de Dijon le 5 Septembre, les Alpine sont en forme, Laffite et Depailler sont 2e à moins de 30 secondes, Jabouille et Jarier sont 3e.
Au Salzburgring, aucune Alpine n’est engagée et la saison se termine par une 2e place au championnat, derrière des Porsche 936 pourtant moins performantes !

1977 : Renault veut la victoire !

En 1977, Renault Sport prend possession de son usine à Dieppe, près de l’usine Alpine. Ce sera très utile car les débuts en F1 sont prévus pour l’été, et il faut donc deux équipes. Si le projet F1 est porteur d’espoir pour le futur, à court terme c’est Le Mans qui reste l’objectif. Renault est plus présent, on parle désormais de Renault-Alpine, pas l’inverse.
De gros tests sont menés, notamment sur des portions d’autoroute et sur des bases aériennes en plus du Paul Ricard et de sa longue ligne droite, l’objectif c’est la vitesse. La voiture s’améliore, le Turbo ne produit plus autant de lag, sa plage est plus large, dans le même temps on allonge légèrement l’empattement. La queue longue est adoptée, les freins passent dans les roues et ne sont plus in-board,, l’objectif étant d’améliorer l’accès aux étriers pour changer les plaquettes. La boîte est aussi renforcée, la lubrification est revue, bref la voiture est optimisée en conservant ce qui faisait déjà sa force.

Du côté managérial, De Cortanze est totalement écarté, Castaing chapeaute toujours le tout, Delfosse s’occupe de la partie châssis à Dieppe, Dudot, le père du Turbo gère les moteurs à Viry-Chatillon. Une réplique des stands du Mans est construite pour permettre aux mécanos de s’exercer.
Le championnat du monde n’est pas à l’ordre du jour, tout est orienté vers les 24h du Mans. L’équipe va faire plusieurs simulations d’endurance qui ne donnent pas totale satisfaction. Finalement un problème de combustion est décelé après les essais d’avril. On en a profité pour monter de nouveaux disques de frein perforés.

Au Mans, trois voitures sont initialement prévues, la 7 pour Jaussaud et Tamaby, la 8 pour Depailler et Laffite, la 9 pour Jabouille épaulé par Derek Bell, Pescarolo ayant filé chez Porsche. Une quatrième voiture va même être engagée, grâce au sponsor Bendix. L’équipe d’Hugues de Chaunac, la désormais célèbre Oreca va en assurer l’exploitation avec des renforts de chez Alpine. Elle confiée à Fréquelin, initialement prévu en réserviste sur les trois premières voitures, ainsi qu’Arnoux et Pironi. La voiture a déjà beaucoup servi, c’est elle qui courrait en 76, elle doit donc être révisée intégralement.

Si les Porsche sont désormais plus puissantes, les voitures jaune et noire (avec une touche de couleur pour les différencier au niveau de la boîte à air et des supports d’aileron) sont les plus rapides. Avec 355 km/h dans les Hunaudières, leur pointe de vitesse est indéniable, la pole finit par leur revenir, seule une des Porsche s’intercale, en 3e position. Le poleman est une nouvelle fois Jabouille, avec 3,31.7.

En course, la Bendix, frappée du numéro 16 et la 7 sont « bridées » sur consignes de Larrousse, les deux autres peuvent attaquer. Pourtant la 16 va subir un incendie dès le premier tour. Les Porsche subissent de gros problèmes, à la troisième heure il n’en reste qu’une, à la 15e place. Trois Alpines sont donc en tête, normalement avec une course déjà gagnée !
La 7, pourtant bridée, est 3e quand elle doit stopper pour changer un collecteur d’admission qui l’envoie à la 6e place, elle reviendra à la 3e place avant d’abandonner à la surprise générale à la 14e sur rupture d’un piston.
La 9 va la rejoindre à 8h du matin, alors qu’elle avait une belle avance en tête. Un changement de bougie après une première rentrée au stand ne change rien, c’est une nouvelle fois un piston qui est en cause.
La 8 est donc la dernière rescapée. Après un début où la voiture s’est laissée glisser au classement, des petits soucis de boîte puis d’allumage vont ralentir la voiture, mais la Porsche de tête ne se détache pas pour autant. Mieux, Depailler reprend du temps sur Barth. Mais une nouvelle fois, le piston va lâcher, la voiture abandonne à la 22e heure.

L’Alpine A442 ne va pas être pour autant ré-engagée en course. Ce sont des tests qui vont occuper le reste de l’année 1977, dans le seul endroit que trouve Alpine pour reproduire les 50 secondes de pleine charge que les moteurs encaissent dans les Hunaudières : à Colombus dans l’Ohio, un anneau de 12km.
Même si les tests sont écourtés, ils apprennent beaucoup de choses. Un banc moteur est mis en place pour reproduire ces conditions particulières. Les tests se poursuivent au Paul Ricard, avec de nouvelles pries d’air, de nouvelles écopes de frein situées dans les supports d’aileron arrière tandis que la distribution, les pistons et le turbo sont modifiés. Les essais sont concluants.
Un dernier test, en marge d’un test de F1, est mené pour tester des voies plus larges.

La consécration de 1978

L’année 1978 commence elle aussi par des tests, au Paul Ricard, mais aussi sur la base aérienne d’Istres, c’est cette fois la boîte, avec son pignon de 5e si fragile qui est auscultée. En secret, l’équipe teste aussi une bulle, qualifiée en saute-vent.
L’avantage est réel : la traînée est diminuée, l’inconvénient est que le pilote doit travailler dans un espace beaucoup plus chaud, malgré la meurtrière qui sert surtout à la visibilité et malgré la large ouverture sur le dessus du plexiglas.

Le championnat n’est pas l’objectif, ce sont les 24h du Mans, et désormais le programme F1 qui importent.
Pour le Mans, trois Alpine A442 sont présentées au pesage. En plus de celles-ci une toute nouvelle évolution, l’A443 est aussi amenée, comme une surprise, au Mans. Les choix sont faits pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Pignons de 5e, pression de turbo, aucune voiture n’a la même combinaison.

Les Porsche sont arrivées en ordre de bataille et seule l’A443 n’est réellement dans le coup aux essais, en se classant 2e, en fait Alpine voit cette partie comme une répétition, les moteurs de course étant montés dans les voitures.

La n°2, une A442B, car elle reçoit la bulle qui équipe l’A443, mais aussi des brosses sous les pontons, pour faire comme en F1 : une jupe pour l’effet de sol. Elle est emmenée par un duo inédit Pironi – Jaussaud. Les deux pilotes « vedette » Jabouille et Depailler sont engagés sur l’A443. Elle se qualifie à la 5e place.
La n°3 est une A442 « normale » emmenée par Jean Pierre Jarier et Derek Bell. La voiture n’a pas de bulle et les performances sont légèrement en retrait, elle se qualifie à la 7e place.
La n°4 est une autre A442, aux couleurs de Calberson. Elle est emmenée par Ragnotti, Fréquelin et Dolhem et qualifiée en 8e position.

L’A443 part vite mais des petits ennuis vont la retarder. A la fin de la première heure, la n°2 est en tête devant la n°3, l’A443 est 4e, la dernière Alpine est 5e. A la fin de la 6e heure, l’A443 est remontée à la 3e place. Finalement la nouvelle venue va se réinstaller en tête à la 7e heure, la n°2 passera même 4e après un changement de plaquettes. Elle va repasser 3e à la 11e heure, mais c’est au détriment de la n°3 dont le couple conique a lâché subitement contraignant la voiture à l’abandon.
La Porsche de Ickx est elle aussi retardée et Pironi-Jaussaud repassent 2e. Peu après, c’est l’A443, pourtant préservée qui est contrainte à l’abandon, le moteur a lâché, soit trop sollicité par le rythme imposé, soit il a mal réagi à sa préservation, passant notamment par la baisse de pression de turbo. La n°4 passe à la quatrième place.
La n°2 récupère donc la tête, elle a de l’avance sur la Porsche et il ne reste qu’à gérer. Jaussaud laisse Pironi enchaîner les relais vers la victoire. Le jeune Pironi devra être réanimé après l’arrivée avant de monter sur le podium. Alpine gagne avec ce duo, la deuxième voiture, où Jabouille a été ajouté après l’abandon de l’A443 finit à la quatrième place.

Ce va être le clap de fin de l’aventure Alpine au Mans. La Formule 1 devient l’activité principale de la marque, toute l’activité Renault Sport déménage à Viry-Chatillon. Alpine ne reviendra pas aux 24h du Mans de façon officielle avant l’A450… en 2013 !

Merci à Thierry pour les photos et les corrections.
Photos : Renault Communication, Les 24 Heures.fr, Gillfoto, Le Mans Models, Amazo Effect

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Ed. JFA

    Pas mal car ce n’est pas si simple à résumer. Quelques petites incohérences ou erreurs (pourquoi Scheckter seul à W. Glen, la Bendix n’est pas la 442#1 longue de LM76 mais le mulet court, c.à.d la 442#0 qui a fait tous les essais de fin jusqu’au P. Ricard 77… Quant à la 441T, à part son premier roulage au Ricard durant l’hiver 74-75, elle a eu aussi l’empattement allongé el le cockpit identique à 442 est tout simplement celui… de la 2 Litres Jarama 74 vainqueur avec Jabouille !).
    Mais la synthèse tient la route, héritage ALPINE sûrement…
    LM.

    Répondre · · 10 juillet 2015 à 23 h 06 min

    1. Benjamin

      Je ne veux pas rentrer dans les numeros de chassis. Trop d’histoires différentes et ce qui importe c’est le palmarès.

      Répondre · · 11 juillet 2015 à 0 h 34 min

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