L’Alpine A220, premiers pas chez les « grands »

Publié le par Benjamin

L’Alpine A220, premiers pas chez les « grands »

Cette belle auto, qu’on ne voit que trop rarement, c’est le fruit d’un long travail de la marque dieppoise. Avec l’Alpine A220, la marque met, pour la première fois, un pied chez les grands !

Après les débuts en endurance d’Alpine avec la série des M63, M64 et M65, après l’apparition de la A210 en 1966, Alpine veut viser plus haut. Jusque là, les moteurs 4 cylindres ne permettent pas à la marque Dieppoise de s’engager au delà de la catégorie 2L, où ils sont particulièrement limités face aux V8 et V6.

Mais c’est surtout le règlement qui change. Fin 1967 les moteurs de plus de 3 litres sont bannis pour les prototypes, les Ferrari et Ford qui font l’affiche des courses d’endurances des années précédentes se retrouvent au placard… Du moins c’est ce qu’on espère.

L’Alpine A220 pour succéder à l’A210

Pour passer dans les 3 litres, Gordini travaille sur nouveau moteur. Ce sera un V8 de 2996 cm³ à distribution par quatre chaines et des carbus.

Alpine la joue d’abord prudent avec l’A211. C’est une évolution de l’A210 mais doté d’un V8 3L étudié par Gordini. La voiture est trop lourde et un seul exemplaire est construit. Son meilleur résultat sera malgré tout une 3e place à Monza en 1968.

Une nouvelle voiture est donc conçue autour de ce V8 Gordini c’est l’Alpine A220.

Le moteur a évolué par rapport à la A211 avec un alésage augmenté à 85 mm et une course réduite à 66 mm. La puissance est de 310 ch à 7500 tr/min. Le V8 est accouplé à une boîte ZF à 5 rapports.

Le châssis est multitubulaire et la direction est à droite, comme sur la plupart des protos du Mans, c’est en effet plus facile pour changer de pilote, surtout qu’à l’époque il n’y a pas de séparation entre les stands et la piste.

Les radiateurs d’eau passent à l’arrière, seule l’huile est refroidie devant ce qui permet d’affiner la voiture. Par rapport à l’A211 ce sont pas moins de 100 kg qui sont grappillés pour arriver à 680 kilos. La voiture mesure 4.64 m de long, 1.69m de large et 1.03 m de haut.

Premiers engagements en 1968 pour l’Alpine A220

La première sortie de la voiture est double et se situe sur le circuit de la Sarthe pour les tests. Bianchi et Delageneste prennent une encourageante 4e place tandis que l’autre auto est 16e avec Depailler, de Cortanze, Larrousse, Vinatier et Guichet en plus des deux premiers.

Sa première sortie en compétition a lieu aux 1000km de Monza où Bianchi et Grandsire terminent la course, mais très loin des meilleurs. Ils ne sont même pas classés.

Aux 1000 km du Nürburgring, l’équipage ne prend pas le départ, faute à un accident aux essais. Aux 500 km de Zeltweg, un problème de réservoir entraîne l’abandon au 27e tour.

Déception aux 24h du Mans

La voiture est engagée aux 24h du Mans 1968, épreuve remportée par la Ford GT 40 de Rodriguez-Bianchi en Septembre pour cause des événements de Mai. Les Ford sont encore là ? Oui, produite à suffisamment d’exemplaires les premières GT40 sont des Sport et non des prototypes !

Les Alpine A220 ne sont pas les seules Alpine en piste, la marque engageant aussi des A210. En fait, considérant la préparation de la voiture, c’est normal qu’Alpine ne veuille pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

La première Alpine A220 au classement est 8e, 3e de la catégorie Prototypes 3L avec De Cortanze-Vinatier en bouclant 297 tours. C’est néanmoins la première Alpine à l’arrivée.

Aucune autre voiture ne voir l’arrivée. Premièrement, la 28 de Grandsire-Larrousse couvre 59 tours avant de sortir sur problème de freins. La n°29 de Guichet-Jabouille en couvre 185 avant de renoncer sur un problème d’alternateur. Enfin, la n°27 de Bianchi-Depailler parcoure 257 tours avant d’abandonner sur sortie de piste, due à un problème de freins, elle aussi.

Au passage, on note que les A210 font mieux, remportant notamment le classement à l’indice.

Fin de saison plutôt satisfaisante

On présente, le mois suivant, deux Alpine A220 aux 1000km de Paris. Guichet et Grandsire prennent une belle 4e place, Depailler et Larrousse s’y classent 6e. Les autos ne peuvent cependant rien jouer dans leur catégorie, les Porsche 908 sont les meilleures.

La saison va se terminer avec une belle victoire pour De Cortanze au Grand Prix de la Corniche au Maroc.

L’Alpine A220 toujours fer de lance d’Alpine en 1969

La voiture évolue pour 1969, principalement au niveau de la garde au sol qui est réduite, la voiture devenant A220/69 ou A220/221. La puissance reste identique.

Aux tests des 24h du Mans, première sortie de la voiture cette année là, Bianchi et De Cortanze se classent 7e, Bianchi et Grandsire sont 9e et Depailler, seul sur la dernière auto, se classe 10e.

Aux 1000 km de Monza, Andruet et Grandsire sont trahis par leur moteur et ne prennent pas le départ. De Cortanze et Vinatier vont avoir un problème similaire en course qui va les contraindre à l’abandon. Depailler et Jabouille seront classés 6e malgré un abandon dans les derniers tours.

Enfin, pour la dernière course des Alpine A220 avant les 24h du Mans, on engage trois autos aux 1000 km de Spa. De Cortanze et Vinatier sont 17e, Andruet, épaulé par Gys Van Lennep (!) sont 21e. Enfin, Jabouille et Grandsire abandonnent sur des soucis de boîte.

Désillusion aux 24h du Mans 1969

Encore une fois, Alpine se présente aux 24h du Mans sans grandes certitudes. En plus, Matra est arrivé avec d’autres françaises, les Matra MS650 et un V12 de 3L également. La concurrence est donc rude, jusque dans les cœurs des supporter !

Les A210 se comportent bien, mais aucune A220 ne voit l’arrivée. 48e tour, la n°30 de Grandsire et Andruet abandonne sur un problème de joint de culasse. 133e tour, de Cortanze et Vinatier sur la n°28 abandonnent eux aussi suite à une rupture de conduite d’huile. Au 160e tour, c’est à l’Alpine A220 n°31 de Thérier et Nicolas de connaître un problème de joint de culasse. La dernière A220, la 31 de Jabouille et Depailler cassera une bielle au 209e tour…

L’Alpine A220 est une réelle déception, l’A210 remporte, elle, sa classe.

Présente sur les engagements de Zeltweg, la voiture ne se présentera pas.

Une tentative en rallye

Déjà chez Alpine, on change le fusil d’épaule en visant les rallyes plutôt que la piste. Pour autant on mise toujours sur l’Alpine A220 qui va être profondément modifiée pour l’occasion.

On décide en effet de raccourcir l’avant et l’arrière de la voiture pour la rendre plus agile ! Les résultats ne seront pas du tout à la hauteur de la voiture, Jabouille abandonnant très vite au Critérium des Cévennes. On la verra aussi à la Course de côte Chamrousse avec le 3e temps au général. L’auto a cependant survécu dans cette forme.

Ensuite Alpine va tout miser sur la berlinette A110, bien plus à l’aise sur les rallyes. L’A220 est mise au placard et il faudra attendre quelques années avant de revoir des Alpine en endurance, ce sera avec l’A440.

Les Alpine A220 de nos jours

C’est le genre d’autos qu’on voit peu. Une d’elles a été engagée plusieurs fois ces dernières années lors des différentes manches de l’Historic Tour.

Mais c’est évidemment au Mans Classic qu’on prend le plus de plaisir à les retrouver. Les Alpine A220 sont généralement deux, une avec une peinture de bas de caisse verte, l’autre en orange. Si elles ne visent pas la victoire, elles sont malgré tout remarquées.

Photos : News d’Anciennes, Alpine Club Picardie.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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